Après la Libye, des militaires dans le ciel ivoirien ?

(AfriSCOOP Analyse) — Le différend en cours en Libye n’a de ressemblance avec le conflit militaro-politique ivoirien que le lot de morts qu’il engendre. Des victimes innocentes qui payent un lourd tribut à l’insatiable gourmandise politique de leaders africains. Au regard des mobiles brandis par la coalition des Occidentaux pour intervenir en Libye, un « remake » de cette action en Côte d’Ivoire ne serait pas étonnant.

Décompter des morts ; encore et encore. C’est à cet exercice que se livrent depuis de longues semaines Libyens et Ivoiriens. Quand les rebelles grappillent chaque jour qui se lève du terrain en Côte d’Ivoire, la situation semble être, en Libye, à une ascendance constante pour les hommes fidèles au Guide libyen.

Une chose est sûre : le bilan macabre sera lourd à terme en Côte d’Ivoire comme en Libye. La tension est à son comble au pays de Félix Houphouët-Boigny ces dernières semaines. Les populations ne savent plus à quel saint se vouer, les jeunes patriotes (proches de L. Gbagbo) se font enrôler dans l’armée et les rebelles fidèles à Ado tentent de fermer la porte d’entrée sur le sol ivoirien aux mercenaires libériens, censés être recrutés par le camp présidentiel. Dans ce pays en conflit militaro-politique et dans lequel les forces militaires étrangères en présence ont pris fait et cause pour Ado, il ne serait pas étonnant que les Occidentaux appliquent à L. Gbagbo la recette militaire qu’ils servent en ce moment au Guide Khadafi.

Le camp Gbagbo a-t-il senti la menace poindre lorsqu’il a encore offert le « dialogue » à son adversaire politique, voici près de deux semaines ? Les faits sur le terrain font penser que les forces étrangères n’attendent que l’incident grave qu’orchestrerait le Fpi pour faire parler leur puissance de feu. D’autant plus que l’intervention militaire brandie par la Cedeao (sous la férule du président nigérian Jonathan) semble avoir été rangée dans les tiroirs d’une part. D’autre part, les milliers de soldats de la paix de l’Onuci ont montré leurs grandes limites dans la protection des civils, dès que les camps Ado et Gbagbo ouvrent le feu !

Le Fpi n’a pas l’aura de Khadafi, ni ses moyens militaires

Depuis le début du bras de fer post-électoral en Côte d’ivoire, des Africains de diverses nationalités ont certes affiché leur soutien à M. Gbagbo. Essentiellement à cause de sa position anti-impéraliste. Cependant, dans l’actuelle étape de la crise ivoirienne, ce n’est pas la sympathie venant de l’étranger qui sauvera le camp Gbagbo. Osons lâcher le mot. Nous sommes presque à un stade du non-retour.

La puissance de feu de la force Licorne (forces françaises) pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans une éventuelle mise en branle d’une coalition militaire internationale comme le pouvoir d’Abidjan. La France ne dispose pas certes des moyens militaires immenses des Etats-Unis, mais elle demeure une puissance militaire mondiale. Ce qui fait d’elle un Goliath devant le David ivoirien. Un Goliath qui a cet avantage de bien connaître le théâtre des opérations militaires en Afrique, grâce à ses diverses bases qu’elle détient sur le continent noir. Même si, sur ordre de l’exécutif français, les soldats de ces bases ont l’arme au pied en Afrique. Habile discours politique !

A n’en point douter, la difficulté dans une guerre ouverte de l’Occident conte le Fpi résiderait dans la direction des manœuvres. La France a déjà assez de difficultés pour faire rallier un plus grand nombre d’Européens à son expédition punitive en Libye, et B. Obama ne voudrait plus demander vertement à un président africain de quitter le pouvoir, comme il l’a fait dans le dossier libyen. C’est dire qu’on est prêt, en Occident, à appuyer sur la gâchette contre le régime d’Abidjan, mais personne ne voudrait plus porter le chapeau de l’impéraliste. A moins que le versatile N. Sarkozy ne nous réserve une nouvelle surprise…

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