Depuis quelques jours Charles Blé Goudé lance des appels pressants et insistants au dialogue. Malgré le silence du camp Ouattara, il persiste et signe. Ainsi, l’on constate que dans ses propos, Blé Goudé attaque moins Ouattara et le Rhdp en préférant concentrer sa charge contre Choi. Certes ni lui, ni le camp Gbagbo n’a encore reconnu formellement la victoire de Ouattara. Et, donne même encore le sentiment de rêver que le natif de Mama restera au pouvoir pendant plusieurs autres mois. Mais et si c’était une manière d’éviter de perdre la face? Et si le camp Gbagbo envoyait le dur des durs, le plus radical en éclaireur pour parler du dialogue, sonder le terrain et amorcer un rapprochement qui pourrait aboutir à l’installation effective du Président Ouattara ? Ce jeudi matin encore, après deux passages sur la RTI, après des contacts téléphoniques entre des pro-Ouattara et des pro-Gbagbo, entre des députés des deux camps, le leader de la galaxie patriotique de Gbagbo a encore remis le couvert dans une interview accordée au quotidien Fraternité Matin. Pour la première fois depuis quatre mois , Blé Goudé a eu des mots tendres à l’endroit du Premier ministre Guillaume Soro. » Je voudrais lancer cet appel à mes amis qui sont autour de Ouattara, Soro et à ce dernier lui- même. En 2007, j’ai appelé Soro à faire le pas qui sauve. Il l’a fait, il a été nommé Premier ministre de la République entrant ainsi dans une posture d’homme d’État. Aujourd’hui encore, il peut donner l’ordre à ses mercenaires, à ses rebelles d’arrêter de tuer et une réunion peut être organisée pour que nous parlions entre nous, sans intermédiaire. » plaide Charles Blé Goudé .
Dialogue Gbagbo-Ouattara
Qui ajoute: » Je peux vous le dire, le Président Gbagbo est prêt à rencontrer Alassane Ouattara aujourd’hui, à parler avec lui.(…) A deux, en tant que leaders, il y a des choses que l’on peut régler.(…) On se bat pour la vie, pour donner espoir à ceux que l’on veut diriger, pour le bien être de ceux que l’on veut diriger. Mais quand l’orgueil prend le pas sur l’essentiel, sur la vie des gens qu’on veut diriger et qu’en notre nom, des gens se tuent, je pense que l’on doit avoir un peu de conscience et comprendre que directement ou indirectement, nous sommes responsables de ce qui se passe et alors à y mettre fin ».
Le camp Ouattara réticent
Le camp Ouattara est réticent. Certes , il n’est plus braqué sur l’idée que Gbagbo est un roublard et qu’il ne faut jamais rien discuter avec lui. Toutefois, des conseillers de Ouattara exigent que Laurent Gbagbo s’engage personnellement et directement dans la voie du dialogue. Cela veut dire qu’il doit cesser de se cacher derrière Blé Goudé qui n’est ni son porte parole officiel, ni celui du gouvernement et qui peut être désavoué à tout moment. Par ailleurs, alors que c’est le FPI qui avait rejeté l’idée du partage du pouvoir et du gouvernement d’union nationale dès Addis-Abeba, le staff de Ouattara ne veut pas du tout entendre parler d’un Premier ministre LMP dont il soupçonne Gbagbo. Des extrémistes du camp Ouattara rappellent volontiers que Gbagbo et LMP ont trop tué, sont allés trop loin. Pour cette raison ils sont peu favorables au dialogue proposé par Blé Goudé , en attendant que Gbagbo monte lui-même au créneau sur la question .
Mais et si Ouattara saisissait la main tendue?
Les modérés du RHDP, combien de divisions ? Les modérés du camp Ouattara qui suggèrent le dialogue rappellent volontiers décembre 2000 quand par solidarité avec Ouattara tout le RDR avait refusé d’aller aux législatives, laissant de ce fait le terrain au PDCI et en particulier au FPI pour faire régner sa loi au parlement. Selon eux, le RDR était tombé dans le piège tendu par les refondateurs qui venaient d’arriver au pouvoir, mais qui déjà se signalaient par des méthodes qui endeuilleront la Cote d’Ivoire.
Dernier état des lieux
Pour être complet sur le sujet il est bon de savoir que les durs du camp Ouattara évoquent également les raisons suivantes: même si Gbagbo est toujours au Palais, il perd chaque jour du terrain et des soutiens: l’Afrique du Sud, l’Angola et bientôt la Russie et la Chine. De plus il a « perdu » Abobo et Anyama. Sans oublier les effets des sanctions économiques et surtout la difficulté de pouvoir payer les salaires dans des conditions sereines et normales. Selon les hommes du Président de la République S.E Alassane Ouattara, dans l’attitude du camp Gbagbo il ya aussi la peur de représailles après l’assassinat des parents directs de Ouattara. Ce jour là, le camp Gbagbo a pris peur des dérives de sa milice et du danger des représailles futures sur les enfants, la famille et les parents des leaders de la LMP. En voulant faire mal au Président Ouattara, le camp Gbagbo a compris que la mort peut demain frapper les refondateurs et que ce ne sont pas seuls les innocents et les anonymes qui devraient payer les pots cassés. Cette action a eu d’ailleurs pour effet de souder davantage les militants du RHDP autour du Président de la République nouvellement élu. Eux, qui étaient découragés, et pensaient que les leaders du Rhdp étaient à l’abri au Golf, ont vu tragiquement que le Président n’a pas cherché à protéger plus que quiconque, les siens et ses proches. Là encore, Gbagbo et sa milice se sont plantés. C’est tout cela qui rend le dialogue certes difficile, mais pas impossible. Le moment opportun, le Président Ouattara, le Président Bédié et le Premier ministre Soro sauront satisfaire les attentes et les appels de Blé Goudé si Laurent Gbagbo lui-même les endosse. Courageusement et sincèrement!
Hervé Coulibaly
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