Côte d’ivoire – Pour comprendre la démarche politique scabreuse de Laurent Gbagbo !!!

Devoir de mémoire – Lu sur connectionivoirienne.net en septembre 2008

Par Jean Dékpai
Côte d’ivoire – Ce qu’il faut savoir pour comprendre la démarche politique scabreuse de Laurent Gbagbo!!!

Eu égard à l´évolution négative et dramatique mais surtout pas surprenante de
la situation sociopolitique Ivoirienne sur le terrain, nous nous sentons investi
d´une mission de restituer à l´histoire politique ivoirienne récente son
originalité consensuelle pour permettre à ceux de nos contemporains qui en
expriment le besoin de comprendre que rien actuellement en Côte d´Ivoire ne se
fait au hasard ou ex-nihilo. Tellement les calculs politiques d´autrefois refont
surface pour noyer les efforts communautairement consentis.

Comme la majorité des pays de la sous région ouest-africaine, la Côte
d´Ivoire notre pays a réellement entamé le chemin irréversible de son
indépendance politique souhaitée, constituant des aunes politiques de son
quotidien qu´à l´orée des années 90.

En 1989, le vent venu de l´ex-bloc communiste souffle sur notre pays à la
grande satisfaction de ces nombreuses populations sacrifiées sur l´autel de la
pensée unique, du régime totalitaire, dictatorial, coercitif et brutal que
pratiquait le PDCI-RDA de Félix Houphouët Boigny. Dans l´émergence, un nom se
révèle aux Ivoiriens pour finalement se confondre à l´avènement même de
l´expression politique plurielle. Celui de Laurent Gbagbo. Actuel Président de
la république de Côte d´Ivoire.

Très rapidement les devanciers, tenants politiques de ce nouvel ordre,
comprennent la nécessité d´unir leurs forces pour sauver la Côte d´Ivoire et du
gâchis et de l´irréparable. Mais en vain pourrait-on conclure. Alors que les
autres leaders politiques dans cette émergence exprimaient une réelle volonté
d´asseoir, et cela sur un long terme, les vertus de la culture politique de
gauche dans le peuple en vue de lui donner des arguments à justifier cette
nouvelle option, Laurent Gbagbo y allait déjà avec l´idée de se positionner pour
jouer le rôle de l´interlocuteur direct tant du pouvoir en place que de la
communauté internationale mais aussi et surtout pour se considérer comme le
porte-parole du peuple ivoirien épris de liberté et de justice.

Pour ces deux raisons essentielles, Laurent Gbagbo a manœuvré et a tramé à
contre courant au grand détriment de tous. Cette usurpation l´a conduit à se
présenter contre Houphouët à l´élection présidentielle de 1990. Alors que tous
les ingrédients d´un quelconque succès de la gauche n´étaient pas vraiment
réunis pour triompher du système politique tortionnaire opérationnel. Laurent
Gbagbo aura ainsi participé et à la pérennisation de la dictature du PDCI et à
l´effritement du tissu social ivoirien.

De quoi s´agit-il et comment sommes-nous arrivés à une telle
désillusion ?

En 1990, dans la mouvance de la grande gauche en vue de constituer une
opposition réelle de poids contre le régime du PDCI-RDA, les partis politiques
phares la constituant tels le FPI, le PIT, l´USD et le PPS ou PSI créent la
coordination de Korhogo pour multiplier et les tribunes à atteindre rapidement
le peuple Ivoirien et les conditions d´une vraie démocratisation de la pensée
politique en Côte d´Ivoire.

Laurent Gbagbo, Francis Wodié, Zadi Zahourou et Bamba Moriféré se retrouvent
à Korhogo, au nord de la Côte d´Ivoire, pour mettre en commun leurs forces en
vue d´apporter la réplique politique appropriée et inhérente au contexte
sociopolitique qui prévalait à cette époque. Cette ville, et selon ce qu´il se
raconte, n´a pas été choisie sur le volet mais bien par rapport à un rôle
politique très déterminant qu´auraient joué ses fils dans la période des luttes
de décolonisation de notre pays. Cet altruisme qui devrait bonifier les
perspectives politiques de la grande gauche ivoirienne mais aussi et surtout
renforcer les liens entre ces partenaires de lutte politique a tourné très court
dans l´épisode des alliances politiques chez nous en Côte d´Ivoire pour faire
déchanter les irréductibles de l´adage selon lequel l´union fait la force.

Une coordination politique qui voit le jour dans la précipitation sur
proposition de Laurent Gbagbo pour mener comme toujours les autres en bateau
tellement le contexte social prêtait à la confusion générale dans le pays. Unis
non pas autour d´un projet politique qualitatif et significatif commun tellement
les divergences de visions politiques sont légions, c´est dans la discorde que
la coordination de Korhogo vole très tôt mais de la façon la plus précoce et
regrettable en éclats.

Très tôt, alors que le PIT, l´USD et PSI ou PPS prônaient la nécessité d´une
concertation nationale, un genre de conférence nationale pour une lisibilité
absolue de la situation politique Ivoirienne dans son ensemble mais aussi et
surtout pour situer les responsabilités des uns et des autres dans l´application
du projet et des différents programmes politiques du PDCI-RDA depuis l´accession
de notre pays à l´indépendance en 1960 jusqu´à 1990, Laurent Gbagbo était plutôt
préoccupé à trouver les moyens à lui appropriés pour assouvir son désir de
compter vaille que vaille parmi ceux qui ont présidé aux destinées de la nation
Ivoirienne peu importe les grandes catastrophes que cela présageait déjà.

Ces éternels différends entre ces quatre messieurs qui tirent leurs origines
dans le parcours politique ou syndical particulier de chacun d´entre eux se sont
matérialisés et accentués dans le cadre de cette coordination pour fouler aux
pieds la volonté des Ivoiriens de se libérer définitivement du gouffre. Ces
problèmes de jeunesse, d´égos personnels et d´éloignement de la base qui ne
tiennent pas devant l´avenir de la nation ivoirienne ont finalement participé à
consolider les considérations qu´ils portaient les pour les autres.

Laurent Gbagbo encensé par la relative implantation immédiate de sa structure
politique grâce au travail de longe haleine des autres s´est autoproclamé chef
de l´opposition pour bénéficier des avantages qui y sont liés.

En 1990, pendant que ses camarades de la coordination de Korhogo
s´évertuaient à orienter le débat politique sur une vision de long terme pour
assurer aux générations futures une vie politique qui coupe court avec ce
terrible passé, Laurent Gbagbo s´y oppose de façon incompréhensible puis décide
de se présenter contre Houphouët à l´élection présidentielle. Ce volteface fit
de lui le seul Ivoirien qui a discuté le pouvoir politique avec Houphouët par la
voie des urnes alors qu´il savait pertinemment que son score à cette échéance
était déjà fixé à 18% quelqu´en soit la massive participation des Ivoiriens à ce
tout premier scrutin pluraliste en Côte d´Ivoire. Et depuis lors monsieur Gbagbo
jouit d´une immense estime dans la société Ivoirienne. La preuve en 1990,
Houphouët sentant venir le danger a décidé d´instaurer la loi des 20 millions de
caution pour tous ceux qui souhaitent se présenter à l´élection présidentielle.
Mais c´était mal apprécié la volonté des Ivoiriens à tourner définitivement dos
à son régime pour augurer de nouveaux horizons.

À la suite de la promulgation de cette loi, dans une action spontanée de
collecte de fonds dénommée « Quête nationale » en un seul jour les Ivoiriens ont
mis la main à la poche pour cotiser la somme de 20 millions de franc CFA qui
permettait au « candidat de l´opposition» en la personne de Laurent Gbagbo de
participer à la course qui mène vers le fauteuil présidentiel dans le palais du
Plateau. Requinqués mais surtout réconforté par cette situation, Laurent Gbagbo
et les siens ont travaillé à l´assise sociale du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Rebiffés par leur échec prévisible à l´élection présidentielle de 1990, monsieur
Gbagbo et les siens comprirent l´urgente nécessité de prendre le bâton du
pèlerin en vue de conquérir les cœurs de la majorité de leurs compatriotes en
vue de s´assurer une solide implantation sociale pour les grandes batailles du
futur.

Et de 1991 jusqu´à la création du front républicain en 1996, une autre
coalition à souhait pour la matérialisation du désir pressant de Gbagbo, chacun
des responsables engagés dans cette coordination de Korhogo ayant réalisé
l´échec de fait de cette structure, dont la mort politique n´a jamais été
notifiée, a travaillé à l´implantation sociopolitique de sa propre structure
politique. Et pourtant Laurent Gbagbo était déjà connu sous la coupole et le
label du FPI. Ce qui lui valut l´excédent politique majeur.

Puis vint en 1995 l´ère de la dislocation du parti démocratique de Côte
d´Ivoire (PDCI), parti au pouvoir depuis 1960 suite à la disparition d´Houphouët
Boigny en décembre 1993. Djeny Kobenan s´estimant marginalisé dans les prises
des décisions qui engagent le parti cinquantenaire s´engage sur la voie de la
séparation politique avec l´aide de son ami d´enfance en la personne et camarade
de lutte syndicale en la personne de Laurent Gbagbo. Sur fonds de frustration,
Djeny Kobenan crée dans la foulée le rassemblement des Républicains Ivoiriens
(RDR) dont Alassane Dramane Ouattara est aujourd´hui le président.

En 1995-1996, monsieur Gbagbo toujours à la recherche de potentiels
électeurs (c´est lui-même qui l´a dit dans un Jeune Afrique parut pendant cette
période) crée son alliance contre-nature avec le parti politique de Djeny
Kobenan.

Pour justifier cet état de fait, dans une conférence publique qu´il a animée
en juin 1996 à Cologne en Allemagne, monsieur Gbagbo a plaidé en la faveur de sa
volonté de diriger la Côte d´Ivoire et je cite : « Désormais, le FPI n´a plus
besoin de grands militants ou de militants des premières heures mais plutôt de
grands électeurs pour le porter au pouvoir ». Et d´ajouter : « Aujourd´hui,
j´estime que les militants du RDR de mon ami et camarade Djeny Kobenan sont de
majeurs électeurs pour faire triompher ma volonté d´être président de la
république de Côte d´Ivoire » et Il enfonce le clou et je cite : « Vous devez
comprendre que tout parti politique qui se crée nourrit avant tout la seule
ambition de gérer le pouvoir d´état peu importe les voies par lesquelles il y
arrive ».

Ce jour là, monsieur Gbagbo a même demandé aux ivoiriens de la diaspora
d´acheter des vélos et des bicyclettes pour aller les distribuer aux secrétaires
fédéraux de son parti pour mieux faire sa campagne avec la facilité de
déplacement. Et cette alliance du FPI avec le parti de Djeny Kobenan n´a pas
fait long feu après la mort de ce dernier.

Monsieur Alassane Dramane Ouattara nourrissant les ambitions politiques que
monsieur Gbagbo, n´a pas voulu engager le RDR dans cette voie d´appendice du FPI
de Laurent Gbagbo comme cela semblait être le deal entre Gbagbo et Djeny
Kobenan. Ayant constaté l´instabilité et l´inconstance de la démarche politique
de Laurent Gbagbo, le président du RDR a très tôt compris la nécessité pour lui
de ne pas s´abandonner dans les illusions entretenues. C´est dans cette
situation de méfiance entremêlée de concurrence pour le contrôle de la FESCI que
vole le front républicain éclats sans toutefois atteindre son objectif que
monsieur Gbagbo voulait lui assigner.

Et pendant que les Ivoiriens se plaignaient de la gestion calamiteuse et
catastrophique du régime Bédié qui a conduit au coup d´état militaire de
décembre 1999, monsieur Gbagbo était en étroites négociations et
accointances avec le PDCI pour participer et à la gestion et au partage du
pouvoir politique en Côte d´Ivoire. Cela après que le boycott actif de
l´élection présidentielle de 1995 n´ait pas produit les résultats escomptés. Et
la pomme discorde consommée se matérialise pendant la période des législatives.
Alors que le président du RDR était frappé par une mesure juridique de mandat
d´arrêt international pour faux et usage de faux, abus et falsification ce qui a
justifié le rejet de sa candidature à la présidentielle tout comme aux
législatives, monsieur Gbagbo et son parti planifiaient déjà leur participation
aux législatives qui d´ailleurs été boycottées par le RDR dans leur ensemble. Ce
qui a privé ce parti de représentant à l´hémicycle pour la période 1995-2000.
Avec l´avènement au pouvoir des militaires conduits par le Général Guei Robert,
paix à son âme quelque soit ce que fut l´homme, monsieur Gbagbo a suffisamment
triché pour s´assurer d´une quelconque confiance des Ivoiriens qui ne le
portaient plus dans leurs cœurs. Et comme l´homme se sait arriviste puis
ambitieux mais de la mauvaise manière, il cautionne les thèses qui aboutissent à
la proclamation de la constitution de 2000. Et pourtant, les réseaux
internes comme externes à la Côte d´Ivoire de monsieur Ouattara multipliaient
les basses manœuvres à mettre un terme à cette nouvelle allure que prenait notre
pays. Et ce qui devrait arriver arriva après la gymnastique politique qui a été
servie aux Ivoiriens dans cette courte période.

Le 26 octobre 2000, pendant que monsieur Gbagbo prêtait serment pour
présider aux destinées politique de la Côte d´Ivoire, la rue était fortement en
ébullition. Plutôt que de remettre tout ce processus en cause pour s´épargner ce
qui ronge notre pays aujourd´hui, monsieur Gbagbo a fermé ses yeux sur
l´éboulement de la nation qu´il dit tant aimer. Et les corps sans vie
d´ivoiriens trainent les rues de la ville d´Abidjan et de celles de l´intérieur.
Et le charnier de Yopougon n´a pas pu freiner Laurent Gbagbo de tirer la Côte
d´Ivoire vers le bas. Depuis janvier 2001, c´est-à-dire trois mois seulement
après la prise du pouvoir d´état par le FPI et Laurent Gbagbo en côte d´ivoire,
de tentatives en tentatives et rumeurs de coup d´état, l´estocade fut portée
finalement cette nuit du 18 au 19 septembre 2002 avec de nombreuses pertes en
vie humaine. Et depuis lors la rébellion s´est installée au pays de
l´hospitalité et la fraternité légendaires.

Pour rester fidèle à son serment, Laurent Gbagbo crée dans le dos de la
mouvance patriotique, le CNRD actuellement dirigé par Bernard Dadié avec en
perspective de mieux s´entourer des Ivoiriens patriotes et nationalistes dans
l´âme, dont l´engagement et l´agissement s´affirment dans le seul cadre de la
défense des institutions républicaines qui pour eux, sont victimes d´une
injustice. Cette structure, à n´en point douter matérialise la volonté expresse
de Laurent Gbagbo toujours à la recherche de potentiels électeurs mais cette
fois-ci pour conserver le fauteuil de président Ivoirien.

Certes, cette structure peut se considérer comme un pendant politique au FPI
pour apporter la réplique à ses détracteurs qu´il n´est nullement seul dans la
lutte contre l´impérialisme et la mainmise de la France sur la Côte d´Ivoire,
mais si nous considérons que cette guerre s´inscrit dans le cadre de la conquête
et la conservation du pouvoir politique, nous pouvons affirmer que le CNRD est
une aspiration voire l´extension de la politique « le crabisme selon Laurent
Gbagbo » du crabe que pratique monsieur Gbagbo depuis son apparition sur la
scène politique Ivoirienne. Comme si le CNRD ne pourrait pas atteindre cet
objectif de demeurer contre vents et marrées dans le fauteuil du président
ivoirien, Laurent Gbagbo a décidé de s´attacher les services de la rébellion
pour les échéances électorales à venir. Comme la farine à elle seule ne suffit
pas pour la fabrication du pain, boulanger de son état, Laurent Gbagbo manœuvre
fortement pour trouver les autres ingrédients à lui nécessaire pour finaliser
son pain. Dont la saveur coupe tout appétit aux Ivoiriens dans leur grande
majorité en cette période très délicate.

Un tel homme, dont l´ambition politique personnelle occupe une si très grande
place dans son projet de société au détriment de la conviction politique vraie,
ne saurait répondre aux innombrables défis socioéconomiques qui attendent notre
pays au 21ème siècle, qu´il nous faut absolument relever pour faire
figure de pays locomotive économique dans la sous région ouest-africaine. Il
faut le répéter puis insister là dessus pour faire comprendre aux ivoiriens que
Laurent Gbagbo est devenu président de la république de Côte d´Ivoire non pas
pour œuvrer en la faveur du bien-être et du progrès social en Côte d´Ivoire.
Bien au contraire. Son avènement est synonyme de l´instauration de la pensée à
sens unique que nous avons pourtant dénoncé et combattu dans l´opposition.

Et ce qui se passe actuellement au sein du FPI en marge de l´évolution de la
situation politique générale en Côte d´Ivoire nous convainc que nos
autoproclamés prédateurs puis chantres de la démocratie et autres militants
avisés de la diversité de l´opinion politique ne sont qu´une coquille vide de
toute valeur élévatrice de la condition humaine. Malheureusement, la Côte
d´Ivoire connaît une telle dépravation avancée sous le régime d´un camarade
militant appelé Laurent Gbagbo. Tout simplement dégoûtant et révoltant. Comme
quoi la vie est un combat mais l´empressement aussi est un désarroi.

Jean Dékpai
Diplômé en Gestion des
entreprises
Journalise reporter.

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