Par N’DRI Kouadio
Le lundi 11 avril dernier, le monde entier a poussé avec le peuple de Côte-d’Ivoire, le grand « OUF » de soulagement attendu depuis plus de quatre mois, à l’annonce de la capture du dictateur Gbagbo.
Loin d’adopter une posture vindicative qui aurait pourtant été justifiée, le Président de la République et tous ses collaborateurs qui se sont exprimés jusqu’à présent ont laissé présager d’un avenir fait de réconciliation et de pardon. Les indicateurs ne manquent pas: combien de fois le Président n’a-t-il pas parlé de paix, de justice et de réconciliation à travers tous ses discours prononcés ces jours-ci ? Combien d’appels à la retenue et au pardon n’a-t-on pas entendu de ses proches collaborateurs dont le premier ministre Soro Guillaume, le ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko et bien d’autres encore ? Qui n’a pas remarqué les yeux presque larmoyants des bouillants Kobénan K. Adjoumani et Anne Ouloto sur les plateaux de la Télé Côte-d’Ivoire (TCI) le soir de l’arrestation de l’ex-président ? De toute évidence donc, le camp du nouveau Président multiplie les actes et discours appelant à un lendemain radieux fait de pardon et de réconciliation.
Pendant ce temps, que constate-t-on en face ?
Charles Blé Goudé, qu’on aurait pensé suffisamment courageux pour constituer le premier bouclier humain autour de son parrain jusqu’à la dernière minute, continue de déverser de sa cachette, des propos enflammés, toujours dans sa logique d’incitation à la haine (sur i-télé dans la nuit du lundi 11 avril).
Le lendemain de l’arrestation (mardi 12 avril), tous les auditeurs de la radio française RFI ont pu entendre Pascal Affi N’Guessan s’adonner à son jeu favori: la mauvaise foi et le mensonge incitatifs.
Dans le même temps, Alain Toussaint (le plus ivoiriens de tous les français) et l’avocat (du diable !) Jacques Vergès, au cours d’une conférence de presse n’y sont pas allés de main morte pour « jeter de l’huile sur le feu », proférant à souhait, les mêmes stupidités qui les ont toujours caractérisés.
Que dire également des propos sur les médias étrangers de Marie-Antoinette, fille de l’ex-première dame vivant aux Etats-Unis, qui pousse le bouchon jusqu’à se plaindre de violences supposées sur ses parents, à qualifier le nouveau Président et sa nouvelle équipe de « rebelles », à affirmer ne pas savoir pourquoi ses parents étaient arrêtés, à se plaindre de ce qu’ils soient privés de communications, et que sais-je encore !
Le décor est donc ainsi planté. Pendant que les autorités légitimes, ayant pourtant subit les pires brimades, évitent tout triomphalisme afin de donner le maximum de chance à la réconciliation d’une part, pendant que le peuple innocent qui a souffert le martyr pendant plus de quatre mois appelle au pardon d’autre part, ce sont curieusement les bourreaux d’hier qui se positionnent en victimes, tenant des propos outranciers, révoltants et insultants à l’endroit du peuple meurtri.
Est-ce sur de telles bases que la réconciliation aura lieu ? Ainsi donc, des brimades supposées sur un dictateur et son entourage pèseraient plus lourd que la mort des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés atrocement pendant quatre mois à coup de roquettes, de grenades, de chars et de toutes autres sortes d’armes lourdes !
Nous sommes à un virage sensible qu’il va falloir réussir à négocier pour que la réconciliation tant réclamée par tous, ait de meilleures chances de réussite. Il s’agit surtout pour les bourreaux des ivoiriens d’arrêter de s’attarder sur des détails futiles, d’arrêter de se poser en victimes, d’arrêter de tenir des propos guerriers de nature à remuer le couteau dans la plaie.
Espérons que cette sagesse habite le camp de l’ex-dictateur. Si tel n’est pas le cas, il est à craindre malheureusement que la pourtant indispensable réconciliation ne prenne du plomb dans l’aile. Parce que tout simplement, le peuple souverain de Côte-d’Ivoire ne supportera pas qu’après avoir été décimé, décapité injustement et cruellement par un clan, que les mêmes tortionnaires viennent encore tourner le couteau dans la plaie en narguant tout le monde par des propos et attitudes aussi absurdes que provocateurs.
Que DIEU nous donne la force de pardonner, nous qui avons survécu au carnage planifié.
N’DRI KOUADIO
Ivoirien vivant en Côte-d’Ivoire
Ndri_kouadio89
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