IB: Une mort qui arrange Ouattara, Paris et Ouaga

Source: AfriSCOOP
Par Hilarion Dembele

Analyse — IB (Ibrahim Coulibaly) a-t-il été emporté par son entêtement et son intransigeance ou plutôt la détermination de son ennemi “juré”, Guillaume Soro, de le réduire au néant ? Une chose est quasi certaine. L’enfant terrible du Nord de la Côte d’Ivoire emporte dans sa mort une kyrielle de secrets à même d’ébranler plusieurs capitales africaine et occidentale.

Durant sa dernière conférence de presse à Abidjan, IB s’était étonné de la puissance de feu des éléments que les Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) lui avaient envoyé pour le forcer à déposer les armes. Côté entourage de M. Ouattara, on avait tout simplement répondu au « patron du commando invisible » qu’il n’avait pas à poser de conditions avant de déposer les armes. Pourquoi IB n’a-t-il pas pu rencontrer le président Ado, comme il le souhaitait, avant son décès ? Dans l’entourage du patron du Rdr, qui est-ce qui a tout fait pour empêcher sa rencontre avec le nouveau président ivoirien ?

A ces interrogations, les réponses des proches collaborateurs de M. Ouattara ne tiennent pas du tout la route. Tout comme les seuls mots qu’Alassane Ouattara lui-même a eus pour saluer la mémoire d’IB. Devant les caméras, on a lu une certaine gêne dans l’intervention de l’ex Premier ministre ivoirien. En témoigne, la brièveté de son hommage. Qu’on le veuille ou non, IB n’était donc pas un combattant, un rebelle anti-Gbagbo comme les autres.

Une mine de secrets s’en est allée

IB n’était pas un “partisan” de M. Ouattara comme les autres. Raison vraisemblable pour laquelle les hommes forts du « Golf Hotel » ont traité avec minutie son dossier, au lendemain de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Incontestablement, le « commando invisible » d’Abidjan aura plus inquiété les soldats restés fidèles à Laurent Gbagbo que les éléments des Frci qui n’ont réellement pris le dessus qu’avec l’appui des forces françaises et onusiennes. Des réalités qui démontrent le côté hautement stratège de M. Coulibaly.

Procéder à son élimination, c’est primo faire plaisir à Guillaume Soro qui ne le supporte plus et qui représente un allié de poids pour Ado ; du moins sur le plan militaire. Secundo, la disparition d’IB est une aubaine pour la Licorne et l’Onuci d’effacer “définitivement” toute trace de compromission avec le « commando invisible ». On se souvient, au plus fort des insurrections contre le pouvoir Gbagbo, que le Fpi avait ouvertement accusé ces forces étrangères de faciliter le déplacement des hommes de ce « commando », alors même qu’elles étaient censées jouer un rôle d’interposition entre les belligérants ivoiriens ; et de maintien de la paix.

Tertio, l’élimination physique de l’ex-sergent chef est une habile manière pour tous ceux qui se sont révélés être les parrains de la rébellion ivoirienne de garder tout seuls les archives compromettantes autour de la planification du putsch manqué de septembre 2002. Cette hypothèse est davantage plausible, quand l’on se souvient que M. Soro n’est en réalité que la face politique de la rébellion ; IB ayant été son principal architecte militaire. Ado, Ouagadougou et Paris devraient être, dans ce sens, les entités qui doivent pousser un « ouf » de soulagement, dans le cadre de la mort du géant IB.

Quand l’on ajoute à cette somme d’imbrications politiques et militaires d’IB le lien étroit entre son parcours et celui du regretté Robert Gueï, l’on soupèse un peu plus le rôle cardinal que ce jeune Ivoirien a joué dans la vie de son pays depuis près de 12 ans. Visiblement Ibrahim Coulibaly a longtemps joué avec les armes et le monde des grands intérêts étatiques, sans douter une seule seconde que dans ce décor, l’allié peut devenir du jour au lendemain un cruel ennemi.

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