Côte d’Ivoire – S’engager dans une réconciliation sincère pour garantir une paix durable

Après une décennie de soubresauts politiques dont le point d’orgue a été une crise postélectorale d’une extrême violence avec des milliers de personnes tuées et disparues, notre pays sort progressivement de l’impasse politique.
Le pardon et la réconciliation qui doivent être des éléments de notre culture thérapeutique, seront des moyens de parvenir à une harmonie collective pour bâtir une paix durable.
Nous guides religieux, qui avons eu pour certains des prises de position controversées dont la lisibilité et le bien-fondé n’étaient pas toujours bien perçus de nos compatriotes, avons l’impérieux devoir de nous racheter en exhortant nos coreligionnaires à la renonciation de la vengeance et à la volonté de réconciliation.
Le message auquel nous devrions enjoindre nos coreligionnaires, est d’insister sur le fait que les choses les plus importantes pour préserver des relations humaines empreintes de cordialité, sont : avoir un bon cœur, penser du bien des autres, accepter les excuses, pardonner les erreurs, dissiper sa colère et pardonner à ceux qui nous ont causé du tort.
Pour ce qui est de la communauté musulmane, nous devons continuer à mettre en pratique l’enseignement du Prophète Muhammad (Paix et salut de Dieu sur lui) qui dit : «Ne fait pas du tort à autrui et ne réponds pas à mal venant de lui par un autre mal » (Hadith1 rapporté par Ibn Madja et Dara-koutni).
L’exhortation de la législation islamique au pardon ne se limite pas seulement au pardon en apparence sans aucune sincérité. Mais cette exhortation prend en compte le pardon en apparence et le pardon intérieur. L’apparence est nommée « pardon », tandis que l’intérieur est nommé « clémence », et il y a une correspondance homologique entre le pardon et la clémence, sauf que la clémence est plus expressive que le pardon, car la clémence correspond à pardonner complètement l’offense, et à considérer qu’elle n’a pas été commise. Tandis que le pardon correspond à abandonner le blâme apparent sans abandonner le blâme intérieur.
C’est la raison pour laquelle Allah l’ordonna à son prophète (Paix et salut sur lui) dans le Saint-Coran : «Pardonne-[leur] donc d’un beau pardon » (Al-Hijr, verset 85) ; et c’est dans la ligne et la logique de cette prescription divine que doivent s’engager les musulmans : un pardon qui n’est pas accompagné de reproche, de blâme et encore moins de ressentiment.
Notre pays a besoin de bâtir une paix durable qui garantira à chaque citoyen la possibilité de chercher aisément de quoi à assurer sa subsistance quotidienne. Aujourd’hui la communauté musulmane doit traduire dans les actes sa volonté de réparer les liens de la fraternité brisée en allant à la réconciliation sincère.
Le pardon accompagné de la clémence permet d’oublier l’injustice subie et d’être bienséant à l’endroit de ses bourreaux comme le recommande le Saint-Coran;
Allah dit : «Pardonne-leur donc et oublie (leurs fautes). Car Allah aime certes les bienfaisants», (Sourate 5 : La table servie, verset 13),
Il dit encore : «La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux », (Sourate 41 : Les versets détaillés, verset 34).
Ce pardon sincère doit devenir la devise des Ivoiriens pour préserver notre pays béni de Dieu, d’autres soubresauts.
« Et celui qui endure et pardonne, cela en vérité, fait partie des bonnes dispositions et de la résolution dans les affaires », nous rappelle Allah dans sa parole incréée (Sourate 42 : La consultation, verset 43).
En définitive, le vrai pardon est la clef de la réconciliation et nous exhortons nos compatriotes à s’engager dans cette dynamique.
Dr FADIGA Moussa
Raïs de l’Association des musulmans sunnites en Côte d’Ivoire (AMSCI)

(1) : Enseignement du Prophète Mouhamad (Paix et bénédictions de Dieu sur lui)

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