Transport – Entretien avec Mme Cissé Aissatou Sèye « …la baisse du chiffre d’affaire tourne autour de 60 à 65% »

« Ce que les propriétaires de véhicules de transport ont subi »

Mes propositions pour sortir le secteur des transports routiers de l’informel

Administrateur du Gie Pvtr Ci (Groupement d’intérêt économique des propriétaires de véhicules de transports routiers de Côte-d’Ivoire), Mme Cissé Aissatou Sèye est aussi Directeur général de la société de transport routier Pendis-Ci. Dans cet entretien elle jette un regard critique sur l’avenir de ce métier et propose…

La crise postélectorale a été très dure pour le milieu du transport routier en général et pour les propriétaires de véhicule de transport en particulier. Nos véhicules ont été cassés, volés. Nous avons été contraints de supprimer certains trajets. Ce qui a occasionné une baisse directe de notre chiffre d’affaire. Tous ces facteurs nous ont emmené à réduire le personnel. Voire même licencier certains employés. Pour les propriétaires de véhicules de transports que nous sommes, depuis le 2nd tour de la présidentielle (le 28 novembre 2010) jusqu’à fin du mois d’avril 2011, le chiffre d’affaires a énormément baissé parce que nous avons des zones qui ont été complètement assiégées. Conséquence, le trafic ne se faisait plus dans ces lieux. Aussi, avons-nous été contraints de régulariser nos charges fiscales. Quand on sait qu’avant la crise nous avons payé une partie de la patente pour 2010, aujourd’hui, avec la reprise des activités nous devrons régulariser, la première partie du Bic, les patentes immobilières cela va engendrer des coûts supplémentaires parce que notre chiffre d’affaire a pris un coup. En plus, il faut faire face aux autres charges sociales. Notamment celles liées au personnel, aux véhicules que nous avons acquis en les entretenant or, nous n’avons pas d’argent. De façon générale, la baisse du chiffre d’affaires tourne autour de 60 à 65%.

Qu’en est-il de Pendis-CI, la société que vous dirigez ?

A Pendis-CI, le chiffre d’affaires a baissé de plus de 65%. Vous savez que nous sommes spécialisés dans le transport du personnel de société. Quand il y a eu cette crise, il y a eu beaucoup de sociétés qui ont mis leur personnel au chômage technique et d’autres ont même fermé. Cela a beaucoup joué sur nos contrats donc, du coup, nous avons subi des répercutions sur notre chiffre d’affaire. Le constat a été plus amer, surtout durant la période allant du mois de février à avril 2011 où nous n’avons pas travaillé.

Quelles sont vos attentes ?

Tous les transporteurs en général et les propriétaires de véhicules en particulier remercient le Président Alassane Ouattara et son Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Kigbafory Soro pour nous avoir épargné de la vignette pour 2011. C’est vraiment un soulagement pour nous mais, on souhaiterait qu’ils fassent diligence pour supprimer ou repousser certaines charges. A savoir, les échanges des impôts pour l’année 2011. Vu que nous n’avions pas travaillé depuis le mois de novembre à avril nous souhaiterions que le gouvernement supprime le deuxième versement de la patente, cela pourrait nous permettre de relancer le milieu du transport. Concernant la visite technique, on ne peut pas demander la suspension parce qu’il faut qu’un véhicule qui roule soit en parfait état. Mais, nous proposons qu’il y ait des facilités pour la visite. De ce fait, les agents de la Sicta devront mettre plus l’accent sur les pneumatiques, le freinage et l’électricité du véhicule. On souhaiterait que pour l’instant, ce soit les trois points qui soient la priorité. Nous avons des visites qui sont arrivées à expiration depuis or, nous n’avons pas travaillé depuis plus de cinq mois en général. D’où la projection de ces visites dans six mois au maximum. Je ne dis pas que cela va nous aider à reprendre les activités mais, cela nous sera bénéfique et cela va nous soulager. Sans oublier qu’en amont on verra d’autres critères qui vont nous emmener à mieux accompagner le développement du transport routier.

Les perspectives à court, moyen et long termes ?

D’abord à court terme, il faut sortir ce secteur de l’informel assez rapidement. Et pour y parvenir nous avons besoin du soutien de nos autorités en général et de la tutelle (le ministère des Transports) en particulier. A moyen terme, il faut la mise en place d’un système de formation pour les transporteurs et pour les chauffeurs. Pour faire de nos chauffeurs des chauffeurs professionnels afin qu’ils vivent pleinement de leur métier. Ensuite réinsérer les jeunes gens qui se retrouvent autour des gares routières, en les formant eux-aussi et en leur proposant un travail digne avec salaire fixe à la fin du mois, cotisation à la Cnps (Caisse nationale de prévoyance sociale)…il faut aussi renouveler le parc automobile vieillissant. A long mettre il faut mettre un système de mutuelle ou banque des transporteurs routiers en place. Cela permettra aux transporteurs d’être indépendants et de ne pas attendre tout de l’État. Il faut emmener le transporteur à prendre en charge son activité. Cela peut se faire par exemple, par la mise en place d’une sécurité sociale des transporteurs routiers, la création d’un centre de santé, des gares routières modernes et développer pour le bien être des transporteurs, chauffeurs et propriétaires de véhicules roulants. Et, quand il se rendra compte que son épargne lui permet d’avoir des facilités d’acquisition d’un véhicule etc. chacun mettra du sérieux dans son domaine d’activité et progressivement le transport routier sortira des sentiers battus.

Soyez plus explicite…

Le milieu du transport est un secteur pourvoyeur d’emplois. Avec la création des gares routières modernes et modèles cela va générer des emplois pour les jeunes gens. Tout sera bien structuré et chacun saura ce qu’il aura à faire. Il y aura des profils de poste pour chaque employé qui serviront à ces postes. Avec le renouvellement du parc automobile ce sera pareil. Ça va être la reprise des chauffeurs et bien entendu des chauffeurs professionnels. C’est pourquoi, aujourd’hui il faut mettre en place l’alphabétisation dans le milieu des transports routiers. Même si le chauffeur est analphabète, il faut lui donner un taux d’alphabétisation pour qu’il comprenne les objectifs de son travail. Nous voulons, en tant que propriétaires de véhicules créer des emplois pour les femmes et pour les jeunes.

Par SERIBA KONÉ

Commentaires Facebook