Burkina – Ministère de la Défense: vite, un « garçon de course » pour Blaise

L’Observateur Paalga

Quatre mois maintenant qu’elle dure, cette crise sans nom qui a fini de ronger les fondements de la République. Certes, l’on pointera du doigt les mutins de la Grande Muette qui ont osé sortir l’artillerie lourde pour revendiquer plus de garba et un meilleur paquettage au prix du sang d’honnêtes et innocents citoyens versé, mais est-il un seul corps de la société burkinabè qui n’ait pas entonné le cri de guerre ?

Aux grands maux les grands remèdes ; dans la douleur, le président du Faso accèdera à tout ou partie des revendications, même s’il dut passer par le sacrifice de quelques chefs militaires et, aussi et surtout, le limogeage du gouvernement éphémère de Tertius Zongo, pour circonscrire l’incendie qui menaçait d’embraser toute la savane burkinabè.

Ainsi, parachutera l’équipe gouvernementale du journaliste-diplomate Luc Adolphe Tiao dont la mission première sera de renouer le fil du dialogue avec les protagonistes de la crise, au mépris des braises qui font de la résistance encore dans ce champ de ruines qu’est notre pays dit des hommes intègres.

L’événement dans cette nouvelle redistribution des cartes restera, sans conteste, la récupération du maroquin de la Défense nationale par Blaise Compaoré, himself, lui, déjà président de la République et chef suprême des Armées.

Le grand Sachem aurait-il voulu s’occuper de sa propre défense dans cette tourmente et avoir l’œil sur tout ce qui bouge dans les casernes qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

Mais à l’épreuve, cette thérapie semble se révéler inopérante, au regard de la nique que lui ont faite les “sans-grade” à travers toutes ces mutineries qui s’en sont suivies dans les différentes garnisons, dont la dernière en date est celle du camp Ouezzin-Coulibaly à Bobo-Dioulasso, vite réprimée heureusement comme cela se doit en bonne République.

Peut-être, cette opération commando que les populations saluent à tout rompre eut été douloureuse ou impossible à ordonner si le patron de la Défense avait été un civil ou un officier de pacotille, mais l’on commence à s’apercevoir que la nouvelle tenue de Blaise a été cousue à sa mesure.

Avec ses multiples casquettes dont le poids commence à se faire sentir, comment en effet pourra-t-il descendre dans la boue avec ses ouailles qui ne savent que revendiquer bruyamment, ignorant tout du sens du compromis ?

La nation en saura gré au chef d’état-major général des Armées, le Général Nabéré Honoré Traoré, qui n’a eu aucun répit depuis sa récente promotion, usant ses godasses aux quatre coins du Faso pour tenter de rétablir et l’ordre et la discipline dans les différentes casernes.

Mais l’on sera bien résolu de s’arracher les cheveux, si d’aventure le ministre de la Défense venait à être sollicité par nos honorables élus sur tel ou tel dossier brulant.

Nul ne doute, en effet, qu’à moins d’ignorer royalement les dispositions de la Constitution, le président de la République ne peut répondre devant l’Assemblée nationale.

On l’aura déjà remarqué le vendredi 27 mai dernier quand le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Jérôme Bougouma, dut suppléer son illustre collègue de la Défense pour y répondre de la présence supposée ou réelle d’un détachement de l’armée française sur nos terres.

Oui, bonnes gens, nul n’ignore la proximité entre Sécurité et Défense, comme l’on ne peut suspecter Jérôme Bougouma d’inintelligence et d’incompétence, mais sur une question aussi délicate que celle de combattants étrangers, à plus forte raison français au Burkina, et cinquante années après notre indépendance, la présence du ministre titulaire du portefeuille de la Défense s’imposait à l’Hémicycle, pour parler d’autorité.

Hélas, demain n’est pas la veille, à moins que Blaise Compaoré, président de la République et chef suprême des Armées, consente à s’attacher les services d’un ministre délégué à la Défense pour jouer au “garçon de courses” en ces temps difficiles.

L’exemple nous vient de la Côte d’Ivoire voisine, où Kigbafori Guillaume Soro, premier ministre et tout chef de guerre qu’il fut pendant une décennie, s’est offert un ministre délégué pour le soulager, un tant soit peu, de son maroquin de la Défense .

Bernard Zangré

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