Côte d’Ivoire: la réunification de l’armée, une mission délicate pour Soro ?

La nouvelle équipe gouvernementale ivoirienne de 36 membres est connue depuis mercredi.

Cumulativement à son poste de Premier ministre, Guillaume Soro occupe le poste de ministre de la Défense.

L’une des missions fondamentales assignées au gouvernement en général et à son chef en particulier se trouve être la réunification de l’armée.

Lors de la crise post-électorale aigüe qui a secoué la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, en sa qualité de chef de file des ex Forces armées des forces nouvelles (FAFN, ancienne rébellion armée) a constitué le bras séculier d’Alassane Ouattara.

Véritable fer de lance, M. Soro a mobilisé ses troupes pour mener les différentes offensives sur les villes stratégiques ivoiriennes, notamment sur Abidjan avec l’objectif précis de déloger l’ex-président Laurent Gbagbo.

Un pays militairement divisé

Après l’atteinte de cet objectif, des observateurs sont d’avis que le président ivoirien Alassane Ouattara a hérité d’une Côte d’Ivoire économiquement affaiblie, mais aussi et surtout d’un pays militairement divisé.

Plusieurs groupes armés mènent une cohabitation qui, loin d’être pacifique, se trouve plutôt émaillée de conflits, de méfiances et parfois d’actes de défiance.

Le président ivoirien a voulu prendre très tôt le taureau par les cornes relativement à cette situation qui était prévisible.

« Pour mettre fin à tous les dérapages, je viens de prendre une ordonnance portant création des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) », avait déclaré M. Ouattara dans le courant du mois de mars, alors qu’il était encore retranché à l’hôtel du Golf.

« L’armée ivoirienne unifiée aura pour mission d’assurer principalement la sécurité des personnes et des biens sans distinction et devra suivre un nouveau code de conduite au service de tous les citoyens », avait précisé le chef de l’Etat.

Le Premier ministre et ministre de la défense Guillaume Soro a été visiblement heureux de rendre publique par la voix de son porte-parole le capitane Rémi Alla l’ordonnance n° 2011-002 du 17 mars 2011 fusionnant les forces de défense et de sécurité (FDS, forces régulières anciennement qualifiées de forces pro-Gbagbo) et les es ex-forces armées des forces nouvelles qui étaient les ex-combattants pro-Ouattara.

Quel Chef pour la nouvelle armée ?

Toutefois, sur le terrain, la tâche s’avère ardue, d’autant que de gros nuages persistent dans la cohabitation entre les deux forces qui continuent de se regarder en chiens de faïence, en dépit des gros efforts et tentatives de rapprochement menées ces derniers jours par les autorités civiles et militaires.

« Il est bon de créer une armée unifiée, mais qui va la diriger ? », s’interroge Andréa Téisson, l’une des responsables de la jeunesse communale à Yopougon (quartier situé à l’ouest d’Abidjan).

Plusieurs scenario se dessinent ainsi pour Guillaume Soro qui devra proposer à la tête de la nouvelle armée un chef qui serait à la hauteur.

Il s’agit d’un officier dont la rigueur, le professionnalisme et l’efficacité ne doivent faire l’ombre d’aucun doute.

De sources militaires, un chef d’état-major pourrait être nommé en toute responsabilité comme d’habitude pour diriger au quotidien l’armée et donner de nouvelles orientations, mais deux personnalités militaires pourraient aussi être nommées dont l’une issue des ex FDS et l’autre des ex FAFN.

« Il s’agit de nommer un chef d’état-major et un chef d’état-major adjoint, et ceux-ci vont se donner la main pour diriger la nouvelle armée », expliquent ces sources.

Alassane Ouattara place l’unification de l’armée au rang des conditions pour la réconciliation nationale.

La mission que le chef de l’Etat a ainsi confiée à Guillaume Soro en lui attribuant les fonctions de Premier ministre et de ministre de la Défense apparait indubitablement comme une mission délicate.

Pour nombre d’observateurs, M. Soro devra ainsi puiser dans toutes ses ressources et faire preuve de tact et de subtilité pour trouver une solution à ce casse-tête.

Le nom du nouveau chef d’état-major de la nouvelle armée ivoirienne devrait être connu dans les prochains jours avec l’espoir de voir la « grande muette » retrouver les valeurs qui l’incarnent, entre autres la cohésion, la loyauté et le professionnalisme.

afriscoop.net

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