DEVOIR D’INVENTAIRE: L’amour des Blancs – 3e réplique aux 8 accusations contre Koulibaly

Devoir d’inventaire (Episode 3) : L’amour des «Blancs»

Troisième réplique aux huit accusations portées par Le Temps contre Mamadou Koulibaly.

Extrait : «Troisième erreur monumentale de Koulibaly. Alors qu’il était à l’abri avec sa famille au Ghana, où il n’avait pas à gérer la pression des bandes armées de Ouattara et de la coalition France-Onu, comment comprendre que ce soit la Licorne qui soit allée le chercher pour Abidjan ? Et cela, les habitants de son quartier (Rosier, programme 4) s’interrogent toujours. Ce quartier avait été littéralement assiégé, avec une centaine de soldats Frci à l’entrée, Frci qui y avaient d’ailleurs fait quatre ou cinq descentes musclées. Et c’est pendant cette période qu’il débarque avec les Blancs, à ses petits soins. Et le lendemain, il annonce à la télévision qu’il est venu aider le ‘Président Ouattara’ à rétablir l’ordre constitutionnel. Que s’est-il passé pour qu’avant même qu’il ne parle, il s’affiche déjà avec les Blancs ?» (Suzanne Assalé, Le Temps)

Je voudrais remercier la rédactrice de cet extrait de me donner aujourd’hui l’occasion d’aborder un point qui me tient à cœur et à propos duquel j’ai de fortes réserves envers les actes et les propos de Gbagbo. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble urgent de noter que Le Temps est monumentalement à côté de la plaque en ce qui concerne la véracité de ses informations. Où est ce que Suzanne Assalé est-elle allée dénicher l’information selon laquelle ce sont les forces Licorne qui sont allées chercher Mamadou Koulibaly au Ghana pour l’amener à Ouattara à Abidjan ? Qu’il s’est affiché aux Rosiers «avec les Blancs, à ses petits soins»? Je la mets ici au défi de prouver sa sincérité et l’exactitude de ses affirmations en ne trouvant ne serait-ce qu’un seul habitant du quartier précité qui puisse confirmer ses allégations. Flagrant délit de mensonge de journalistes. C’est là le danger que l’on rencontre lorsqu’on se fait le porte-voix zélé de personnes tapies dans l’ombre, qui n’ont d’autre objectif que de nuire au président par intérim du Front populaire ivoirien, fut-ce à travers des faits inventés et des propos diffamatoires qui décrédibilisent aussi bien celui/celle qui les écrit que le support qui les publie. Je m’épargnerais de souligner la sournoiserie qui consiste à dévoiler, sans avoir l’air d’y toucher, l’adresse de l’habitat de monsieur Koulibaly – je me demande d’ailleurs si Suzanne Assalé et les personnes qu’elle représente ici et à l’étranger, apprécieraient qu’on leur retourne la politesse – pour me contenter de relever qu’il est vraiment pitoyable de perdre aussi facilement la face, alors qu’il est de notoriété publique que la sécurité du président de l’Assemblée nationale à son arrivée a été assurée par l’Onuci, et plus spécifiquement par un contingent des soldats ghanéens et sénégalais, bien noirs, puisque la couleur semble être un critère discriminatoire pour la journaliste de Le Temps.

Mais «les Blancs», parlons-en puisque cela semble tenir à cœur à l’auteure. Comment peut-on les abhorrer et continuer de supporter Gbagbo ? Car s’il y a bien un homme politique en Côte d’Ivoire qui a fait le lit de Licorne, c’est bien Koudou Laurent Gbagbo. Un petit rafraichissement de mémoire semble s’imposer. Suivons ensemble.

Acte 1. L’ancien président français Jacques Chirac, dans le 2ème tome des Mémoires qu’il vient tout juste de publier, raconte que le président ivoirien, victime d’une tentative de coup d’Etat, le 19 septembre 2002 alors qu’il était en visite officielle à Rome, lui a envoyé un courrier lui demandant la mise en application des accords de défense qui stipulent qu’en cas d’agression extérieure, la France fournira une assistance militaire pour défendre l’Etat de Côte d’Ivoire. Il convient ici de préciser qu’en signant ces accords, la France n’entendait pas assurer la défense des populations ivoiriennes, mais plutôt celle de ses propres intérêts économiques en terre d’Eburnie. Ce n’est pas par hasard que les textes spoliateurs qui font de la France la propriétaire factuelle des richesses du sol et sous-sol ivoiriens sont dissimulés au sein dudit accord de défense, comme l’a mis à nu Mamadou Koulibaly lorsqu’il a hardiment publié l’intégralité des servitudes du Pacte Colonial soumettant la plupart des pays africains francophones à la puissance colonisatrice hexagonale depuis les indépendances. La France, prétextant qu’il ne s’agissait pas d’une agression extérieure mais d’un conflit inter ivoirien, refusera de défendre le président Laurent Gbagbo, ce qui n’a rien d’étonnant quand l’on sait, ainsi que cela sera établi sans aucun doute possible quelques années plus tard, que c’est la France elle-même qui a été à l’origine du putsch manqué. Cependant, le réflexe qu’a eu Gbagbo de demander l’aide de la France est suffisamment symptomatique pour être relevé. Qui a appelé les «Blancs» au secours : Gbagbo ou Koulibaly ?

Acte 2. Afin de trouver une solution pour résoudre la crise provoquée par le coup d’Etat avorté qui s’est mué en rébellion, les principaux acteurs de la crise ivoirienne sont convoqués dans un gymnase de la banlieue parisienne, à Linas Marcoussis. Une foultitude de micro groupuscules rebelles, sortis d’on ne sait où, y font leur apparition. Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée Nationale et membre de la délégation du FPI, entrera dans l’Histoire en claquant avec courage et fracas la porte de ce conclave initié par la paire Chirac/Villepin pour parachever de façon institutionnelle un putsch qui avait échoué par les armes. Le premier ministre d’alors, Pascal Affi N’Guessan, chef de la délégation du FPI, après avoir fait connaitre le contenu des négociations à Laurent Gbagbo et après avoir obtenu l’accord de ce dernier, signe, au nom de l’Etat ivoirien, l’accord indigne qui réduira les marges de manœuvre de Laurent Gbagbo et offrira le partage du pouvoir à des bandes d’illettrés sanguinaires armés par la France pour déblayer le chemin du palais présidentiel pour Ouattara. Déjà à ce moment là, Laurent Gbagbo s’aplatira devant les Blancs et entrainera avec lui la Nation toute entière dans un engrenage fatal dont les populations n’ont pas fini de subir les affres. Quelques jours plus tard, une réunion de chefs d’Etat à lieu, à Kleber (Paris), pour entériner l’accord de Marcoussis. Laurent Gbagbo assiste avec une poignée de chefs d’Etat africains à ces funérailles de l’indépendance africaine. Certains d’entre eux, voyant le processus s’embourber, recommanderont subrepticement à Gbagbo de signer le texte et de ne pas le mettre en application une fois rentré chez lui. Sage conseil que Gbagbo ne suivra pas, puisqu’il décida de faire boire jusqu’à la lie «le médicament amer» de Kleber/Marcoussis à son peuple, bien que convaincu de l’échec de cette «solution». Qui s’agenouille devant les «Blancs»: Gbagbo ou Koulibaly ?

Acte 3. En octobre 2004, lassés par l’enlisement d’une crise qui dure depuis déjà près de deux années, des hommes courageux décident de prendre leurs responsabilités et d’en finir une fois pour toutes avec la rébellion qui occupe dorénavant toute la moitié Nord du pays, pourrissant la vie de ceux qui y sont domiciliés. L’Opération Dignité prend forme, issue d’une concertation des chefs des différends corps d’armée (à l’exception notable du chef d’Etat Major des Armées, le général Doué, jugé peu fiable par ses frères d’armes) avec le président de l’Assemblée nationale. Ces derniers se rendront à la résidence du chef de l’Etat pour l’informer de leur intention de lancer l’opération de reconquête militaire du Nord du pays au tout début du mois de novembre. Gbagbo rechigne, demande un temps de réflexion de deux semaines et souhaite en référer d’abord à Dominique de Villepin ! Qui a le complexe du «Blanc» : Gbagbo ou Koulibaly ?

Ainsi que l’a relevé Germain Séhoué, un autre journaliste de le Temps, dans un article publié en juin 2011, l’Opération Dignité n’est pas du fait de Laurent Gbagbo. Il n’a ni conçu, ni approuvé et encore moins endossé l’historique opération militaire de libération qui a pourtant rendu fierté et courage à tous les Ivoiriens épris de leur Patrie. Les 4, 5 et 6 novembre 2004, les vaillants militaires ivoiriens, sous le commandement du général Mangou, lancent une attaque d’envergure contre les positions rebelles. Ces derniers sont laminés, écrasés, vaincus et prennent la fuite ventre à terre, à l’instar de Guillaume Soro, que Gbagbo, décidément toujours aussi mal inspiré, «ressuscitera» deux ans plus tard pour le plus grand malheur du peuple ivoirien. N’est-il pas allé jusqu’à, plus tard, présenter Soro comme le meilleur de ses premiers ministres? Suite à cette opération, beaucoup de rebelles se replieront au Burkina Faso voisin, dès lors officialisé base arrière de la rébellion ivoirienne. Prise de court par la soudaineté et la précision de l’attaque des Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) et la déroute de ses poulains rebelles, la France panique et entre directement dans le conflit pour stopper la réunification inéluctable des deux parties du territoire séparées depuis 2002. Le 7, 8 et 9 novembre 2004, l’armée française détruit toute l’aviation ivoirienne, pilonne les deux ponts d’Abidjan bondés de civils et lance ses chars à l’assaut de la résidence présidentielle à Cocody. Laurent Gbagbo, lui, est aux abonnés absents. Les gens – vieux, jeunes, femmes, hommes, banquiers, chômeurs, artistes, enseignants, femmes au foyer, médecins, infirmiers, planteurs etc. – qui sont spontanément descendus dans la rue pour bloquer la voie aux soldats français et sauver son fauteuil ne l’intéressent pas. Pendant que l’armée française tire sur les manifestants, massacrant des dizaines d’innocents aux mains nues dont le seul crime était de scander des chansons patriotes et des slogans anti-français en faisant un sit-in pacifique empêchant l’armée française d’aller le déloger, Gbagbo est claquemuré chez lui. Pendant que Mamadou Koulibaly va demander des comptes au général Poncet à l’intérieur de l’hôtel Ivoire, Gbagbo ne bouge pas une oreille. Qui craint les «Blancs» : Gbagbo ou Koulibaly ?

Acte 4. Pendant les années qui suivirent le massacre des 67 résistants ivoiriens déchiquetés par les balles gauloises, Mamadou Koulibaly et ceux qui étaient alors qualifiés «d’extrémistes du clan Gbagbo» à cause de leur détermination inébranlable à combattre à l’aide du Droit la puissance coloniale organisèrent des cérémonies commémoratives de novembre 2004, rendant hommage aux victimes à travers des colloques au Palais de la Culture, des projections de films au monument des Martyrs, des dépôts de gerbes, des conférences de presse, des éditions spéciales dans les journaux… Pendant ce temps, Gbagbo, lui, n’a jamais évoqué ou rendu hommage à ses compatriotes tombés au champ d’honneur pour le défendre. Pas un mot, pas une cérémonie, pas une visite aux familles. Rien. Comme si ces morts n’avaient pas existé. Morts pour rien. Alors qu’il s’empresse de décorer les rebelles, même à titre posthume, il ignore totalement les patriotes civils qui ont offert leurs vies pour lui et les militaires qui ont pourtant gagné la guerre. Plus grave encore : Gbagbo va même jusqu’à envoyer son ministre de la défense le représenter à Paris aux célébrations françaises de la mascarade du cinquantenaire des indépendances africaines le 14 juillet 2010, six ans à peine après le massacre de l’Hôtel Ivoire, tout en prenant soin de déclarer à la presse locale que la Côte d’Ivoire n’irait point à Paris! Encore le double langage. Au lieu de rompre ses relations diplomatiques avec la France, il bloque les actions préparées contre elle devant la justice internationale sous la houlette d’avocats et de patriotes ivoiriens. Au lieu de se tourner vers d’autres partenaires commerciaux, il s’empresse de brader les fleurons de l’économie ivoirienne aux multinationales tricolores. Il déroule avec célérité le tapis rouge aux Vincent Bolloré et autres Martin Bouygues chaque fois que ceux-ci font escale à Abidjan. Qui a confié sa campagne présidentielle au français Stéphane Fouks (Euro RSCG) et l’a menée en compagnie de Guy Labertit et Albert Bourgi ? Qui a, pendant le débat télévisé qui l’a opposé à Ouattara entre les deux tours, fait exclusivement référence à des hommes politiques français pour expliquer à Ouattara qu’il ne fallait pas être économiste pour être un bon chef d’Etat? Qui a reçu en grande pompe tous les has been politiques hexagonaux, allant même jusqu’à se trémousser en boîte de nuit avec Jack Lang ? Qui est aux petits soins pour les «Blancs»: Gbagbo ou Koulibaly ?

Acte 5. Alors que Mamadou Koulibaly se bat pour la création d’une monnaie souveraine, Gbagbo défend bec et ongles le franc CFA, outil d’asservissement par excellence des Etats de la zone franc. Il ira même jusqu’ à inscrire dans son programme électoral de 2010 que s’il était élu, il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les pays de la CEDEAO adoptent le franc colonial. Même au plus fort de la crise postélectorale, alors que la France avait procédé à l’étouffement financier de la Côte d’Ivoire en bloquant ses comptes à la BCEAO, et que certains de ses conseillers et le ministre des Finances avaient fini par se rallier à la vision de Koulibaly et admettre, hélas tardivement et de façon opportuniste, la nécessité d’une monnaie indépendante, Gbagbo leur interdit formellement la création d’un comité de réflexion sur la monnaie ainsi que d’associer son nom à toutes les initiatives qui iraient en ce sens. «Le CFA est une bonne monnaie et Koulibaly m’agace avec ses positions sur cette question.»

Ultime outrage : Alors que Mamadou Koulibaly réclame inlassablement le départ de la force d’occupation française Licorne, Laurent Gbagbo fait, lors de la cérémonie de suppression de la zone de confiance en 2007, un discours intolérable de mépris envers ses concitoyens, louant et remerciant les meurtriers et assaillants de novembre 2004 pour leur action salvatrice en Côte d’Ivoire !!! Pour ceux qui ne se souviennent pas de cet épisode, voici les paroles ignobles de Laurent Gbagbo qu’aucun combattant de l’Afrique digne ne pourra jamais lui pardonner : «Licorne est ici en Côte d’Ivoire pour construire des routes, des écoles et des ponts. C’est pour cela qu’en novembre 2004 je n’ai pas hurlé au loup et je n’ai pas hurlé avec les loups de mon camp» ? Qui pactise avec les «Blancs» : Gbagbo ou Koulibaly ?

Et c’est ainsi que, lorsque du 4 au 11 avril 2011, dans un remake encore plus violent et sanglant des événements de novembre 2004, la force française Licorne bombarda la ville d’Abidjan, le palais du Plateau et la résidence présidentielle, les Ivoiriens, se souvenant de l’ingratitude et du mépris sans nom dont Laurent Gbagbo a fait preuve à leur endroit, restèrent chez eux et regardèrent, avec une pitié mêlée de dégoût, celui pour qui ils avaient été prêts à mourir quelques années auparavant se faire humilier, malmener et arrêter en sous-vêtements par ceux qu’il a tant aimé, ses amis et bienfaiteurs, les soldats français. La plupart de ceux qui prétendent aujourd’hui défendre sa cause n’était pas avec lui dans sa cachette, attendant que la prophétie de Malachie se réalise. Mais où étaient donc passés tous ceux qui hurlaient qu’ils étaient prêts à mourir pour Gbagbo? Laurent Gbagbo a dû se sentir bien seul dans ses derniers moments de présidence dans le sous-sol de sa Résidence.

Comme les animaux fous de la fable «La Besace» de Jean de la Fontaine, Suzanne Assalé (Le Temps) – qui évite soigneusement de dire sur qui elle compte, en dehors des forces Licorne et Onusienne, pour nous débarrasser des rebelles qui désormais, grâce à l’incommensurable talent de boulanger de Laurent Gbagbo, règnent en maîtres absolus sur nos vies et nos villes – se montre Lynx envers Mamadou Koulibaly, cherchant par tous les moyens à le dénigrer, et Taupe envers Gbagbo et ses adorateurs, leur pardonnant tout.

«Le Fabricateur souverain
Nous créa Besaciers tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d’aujourd’hui :
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d’autrui.»

A bientôt pour un quatrième épisode… «Libérer Gbagbo! Trop lourd à prononcer pour Koulibaly»

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