A Yamoussoukro – Un Français et une Ivoirienne se battent pour gérer le palais présidentiel

La Présidence de la République à Yamoussoukro a connu une véritable ambiance de désordre hier mardi 28 juin. Pour cause, deux cadres se disputent ouvertement l’intendance de ces locaux qui abritent la résidence privée du Président Houphouët-Boigny et le palais des hôtes servant de résidence au chef d’Etat en fonction. Hier en effet, les travailleurs, invités à une réunion par note de service signée de Mme Abouo Raymonde, se sont vu refuser l’accès au palais par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Les militaires, au dire d’un des leurs, ayant reçu l’ordre de M. Christian Bailly de ne laisser entrer dans l’enceinte du palais, les travailleurs disant répondre à l’avis de réunion. Même Mme Abouo s’est vu refuser l’accès à la cour présidentielle. Cette situation a donné lieu à une ambiance surchauffée dans les environs du palais, de 7 heures à 9 heures. Selon différents témoignages de travailleurs, Mme Abouo Raymonde est officiellement la gouvernante de ce palais depuis 2000. Seulement, avec l’accession au pouvoir du Président Laurent Gbagbo, elle a été appelée en 2003 à faire place à une intendante intérimaire, Mme Alphonsine Boby. Cette dernière ayant fui la ville du fait de la guerre postélectorale, le palais est donc resté sans gestionnaire. Les travaux devant y être effectués à la faveur de la cérémonie d’investiture du Président Alassane Ouattara, M. Marcel Amon Tano et M. Augustin Thiam auraient alors sollicité les services de M. Christian Bailly, un Français, jusque-là directeur du forage de la Présidence de la République sis à Kossou. Et depuis, ce dernier est demeuré au palais où comme intendant, il a entrepris des travaux et des réformes dont la mise au chômage d’un certain nombre de travailleurs. Répondant aux nouvelles autorités appelant tous les travailleurs à regagner leurs postes, Mme Abouo est arrivée à Yamoussoukro la semaine dernière où flanquée de gardes du corps à elle attribués circonstanciellement par les responsables locaux des FRCI, elle a visité tous les coins et recoins du palais. C’est donc à la suite de cette visite qu’elle a invité à une réunion sur la place dite ‘’ la plantation’’, l’ensemble des travailleurs estimés à environ 400 personnes. C’est cette réunion qui n’a pu se tenir hier. Mais les travailleurs qui semblent en majorité préférer travailler avec Mme Abouo, se sont regroupés dans un coin de la rue dans les environs de l’école catholique et ont invité cette dernière à venir les entretenir. « Ce que je peux vous dire, c’est de vous calmer et de rentrer. Quoi qu’il en soit, la réunion aura lieu. Et pour ne pas que ça fasse désordre, acceptez que ça ne se passe pas ici. Donnez-moi le temps de saisir les autorités compétentes, parce que ça ne doit plus se passer comme ça dans ce pays », s’est-elle contentée de lancer aux travailleurs. Approchée, elle s’est refusée à tout commentaire. « Je n’aime pas la presse. C’est vrai que vous devez faire votre travail, mais je crois qu’il n’est pas temps d’aller sur la place publique. Le moment venu, je vous appellerai » , a-t-elle répondu à notre volonté de savoir exactement ce qui l’opposait à M. Bailly. Pour sa part, ce dernier a laissé les instructions fermes de ne pas nous laisser dans l’enceinte du palais où nous espérions le rencontrer pour savoir davantage sur la situation. Les travailleurs quant à eux, se pressent de parler à la presse, parce que soutiennent-ils, cette situation doit prendre fin.« Nous souffrons. Nous sommes sans salaire depuis des mois. Certains de nos collègues sont renvoyés sans motif. Ceux qui ne peuvent pas être renvoyés sont réaffectés dans d’autres services. Des travaux sont faits par des membres de familles de patrons, considérés comme des entreprises privées. La situation est triste et nous ne souhaitons que sa fin », nous ont confié en chœur, les travailleurs que nous avons approchés.

L’Inter
Blaise BONSIE à Yamoussoukro

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