En Côte d’Ivoire, la mise en examen d’un journaliste de la RTI proche de l’ancien pouvoir

Montage RFI
Par RFI
Le Comité de protection des journalistes (CPJ), organisation de défense du droit de la presse basée à New York, et Reporters sans frontières (RSF) demandent la libération immédiate de Hermann Aboa, animateur à la RTI, la Radio Télévision ivoirienne. Il est détenu dans une prison du camp de gendarmerie d’Agban, à Abidjan. Il a été inculpé notamment d’atteinte à la défense nationale et incitation à la haine raciale. Hermann Aboa animait sur la RTI une émission-débat intitulée Raison d’Etat qui recevait des invités soutenant Laurent Gbagbo.
Hermann Aboa est en détention préventive depuis près d’une semaine. Selon Reporters sans frontières (RSF) il encourt la prison à perpétuité s’il est reconnu coupable des accusations qui pèsent contre lui.

 

Mohamed Keita, coordinateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ
(00:56)
Durant la crise postélectorale, Hermann Aboa a été l’un des animateurs, de l’émission-débat Raison d’Etat, une tribune dans laquelle étaient exposées, de façon parfois virulente, les thèses favorables au maintien de Laurent Gbagbo au pouvoir.
Plus de trois mois après l’installation du président Alassane Ouattara, les journalistes de la presse d’opposition ou indépendants travaillent toujours la peur au ventre. « Les poursuites contre certains des journalistes de la chaine publique s’apparentent à des règlements de comptes et sont loin de la politique de réconciliation nationale affichée par le gouvernement actuel », fait remarquer le secrétaire général de Reporters sans frontières. Jean-François Julliard reconnait quand même que « la RTI a joué un rôle souvent choquant sous la présidence de Laurent Gbagbo » et que son organisation n’a « jamais manqué une occasion, à l’époque, de le dénoncer. »
Selon le Comité de protection des journalistes, une quinzaine de personnes parmi lesquelles six autres journalistes et des personnalités des médias sont également détenus depuis plusieurs semaines par le gouvernement d’Allassane Ouattara, pour des « activités antiétatiques » liées à leur militantisme en faveur de Laurent Gbagbo.
ll s’agit notamment de Franck Anderson Kouassi, président de l’ex-Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA), de Gnahoua Zibrabi, ancien directeur de publication de L’œil du peuple et ancien conseiller technique de Laurent Gbabgo, d’Armand Bohui Komé, ancien membre du Conseil national de la presse (CNP) et attaché de presse au cabinet de l’ex-Première dame, et de Serge Boguhé et Germain Guezé, de la RTI.
Selon RSF, la presse dite « bleue », proche de l’ancien pouvoir de Laurent Gbagbo, exerce dans des rédactions ambulantes. Le siège du quotidien Notre Voie est toujours occupé par des éléments de l’unité « Atchengué » des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Les journalistes du quotidien Le Temps ne se rendent plus au travail par peur pour leur sécurité.
La détention d’Hermann Aboa intervient au moment où les autorités annoncent le retour à l’antenne de la RTI pour le 6 août prochain.

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