CONSEIL NATIONAL DE LA PRESSE – De la suspension du quotidien Notre Voie pour trois (3) parutions

Photo Connectionivoirienne.net

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Après, le Démocrate, le Temps, Le Nouveau Courrier, Aujourd’hui: Notre Voie suspendu par Le Conseil national de la presse (Cnp) pour trois parutions

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Union – Discipline – Travail

Le secrétaire Général
N°0724 CNP/SG
Abidjan, le 23 sept 2011

A Monsieur le Directeur Général de la Refondation

ABIDJAN

Objet : Notification de décision du Conseil National de la Presse (CNP)

Monsieur le Directeur Général, J’ai l’honneur de vous notifier par la présente, la Décision N° 16 du 22 septembre 2011, portant suspension du quotidien « Notre Voie», édité par la Refondation.

Vous souhaitant bonne réception,
Veuillez agréer, Monsieur le- Directeur Général, l’expression de ma considération distinguée.

Me René BOURGOIN
PJ : Décision N°16 du 22 septembre 2011

CONSEIL NATIONAL DE LA PRESSE
Siège: COCODY – LES DEUX PLATEAUX – 1 ère tranche N° 224 bis
BP V 106 Abidjan – Tél: (225) 22405353
Email: conseilnationaldelapresse@yahoo.fr

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Union – Discipline – Travail
…………………………………. ,

Décision N° 1 6 du 22 SEPT 2011
Portant sanctions applicables au quotidien
Notre Voie édité par La Refondation

Le Collège des Membres du Conseil National de la Presse,

Vu la Constitution ;

Vu la Loi N° 2004-643 du 14 décembre 2004 Portant Régime Juridique de la Presse;

Vu l’Ordonnance n02011-007 du 14 avril 2011 portant annulation
d’actes réglementaires et individuels;

Vu le Décret N° 2006-196 du 28 juin 2006 Portant Organisation et
Fonctionnement du Conseil National de la Presse;

Vu le Code de Déontologie du journaliste ivoirien;

Après en avoir délibéré en sa séance du jeudi 22 septembre 2011,

CONSEil NATIONAL DE LA PRESSE
Siège: COCO DY – LES DEUX PLATEAUX – 1ère tranche W 224 bis
BP V 106 Abidjan – Tél: (225) 22 40 53 53
Email: conseilnationaldelapresse@yahoo.fr

Article 1 : Constate

l) Qu’à la page 8 de son édition du 20 septembre 2011, le quotidien
Notre Voie a publié un article intitulé « Massacres de Duékoué / Le témoignage terrifiant d’un rescapé» illustré de deux(2) photographies de corps sans vie dont rune avec des troupes de l’ONUCI avec en légende: « Les troupes de l’ONUCI jouent, ici, les crocs-morts après avoir assisté sans réagir au massacre des populations civiles de Duékoué» ;
2) Que les faits tels que relatés dans ledit témoignage traduisent une particulière atrocité;
3) Que dans son édition N°3940 du lundi 19 septembre 2011 dans sa rubrique «Ah les exactions »à la page 3, le quotidien Notre Voie a publié un article intitulé  »Kouiblyj Les Burkinabé arrachent des terres à Ouyably-Gnondrou » ;
4) Que dans ledit article le CNP a pu relever les passages suivants: «La
sous-préfecture de Ouyably-Gnondrou va droit vers une guerre des terres et forêts. Selon nos sources, depuis que Alassane Dramane Ouattara est parachuté au pouvoir (sic), les Burkinabé se croient intouchables et s’érigent en propriétaires terriens en lieu et place de leurs tuteurs autochtones. Les Burkinabé s’approprient les terres des populations autochtones sans un minimum de considération pour elles.
Tous les litiges fonciers sont tranchés en leur faveur par les dozos et FRCI qui font la loi dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire … » « Ces Burkinabé nous narguent et nous apprennent que c’est leur frère qui est au pouvoir ici» indique un fils de Ouyably-Gnondrou qui nous a joint au téléphone» ;

Article 2 : Considère

l) Que s’agissant de l’article relatif aux problèmes de terre à Kouibly, il a un caractère xénophobe indéniable et constitue une incitation claire à la haine et à la révolte contre les ressortissants Burkinabé;
2) Que la population Burkinabé se trouve ainsi livrée à la vindicte sur le seul prétendu témoignage téléphonique «d’un fils de Ouyably- Gnondrou » ;
3) Que ledit article recèle en outre un caractère subversif en tentant de remettre au goût du jour le débat suranné de la prétendue nationalité Burkinabé du Chef de I’Etat Ivoirien;
4) Que s’agissant de l’article portant sur le «témoignage terrifiant» du soi-disant rescapé du massacre de Duékoué, ledit témoignage décrit des scènes atroces et insupportables;
5) Que ledit témoignage est présenté comme authentique et aurait été recueilli par une journaliste française qui refuserait de cautionner ce que son pays fait subir à la Côte d’Ivoire;
6) Que cependant cette «journaliste », dont l’identité n’est même pas mentionnée, n’est pourtant pas l’auteur de l’article;
7) Que le témoignage en cause ne peut être considéré comme crédible étant donné que son auteur n’est pas identifié;
8) Qu’au surplus l’article n’étant pas signé, il revêt toutes les caractéristiques d’un tract;
9) Que la publication de ce tract revêt une particulière gravité en raison de son contenu xénophobe, incitatif à la haine tribale et à la révolte, alors même que la véracité des faits rapportés n’est nullement démontrée;

10) Que rapporter de telles horreurs sans prendre la précaution élémentaire de recouper l’information, au seul motif que l’article s’y rapportant a été tiré du Net, constitue un manquement inqualifiable quand on mesure les conséquences que peut avoir la publication de tels écrits anonymes;

Article 3 : Décide en conséquence de ce qui précède

1) La suspension du quotidien Notre Voie pour trois (3) parutions, conformément aux articles 47 et 70 de la loi N° 2004-643 du 14 décembre 2004 portant Régime Juridique de la Presse;

2) La Refondation éditrice de Notre Voie dispose d’un délai de 30 jours à compter de la notification de la présente décision pour saisir la juridiction compétente.

Article 4 :
Il est fait défense à tout imprimeur, d’imprimer sous quelque forme que ce soit (édition spéciale ou autre) le quotidien Notre Voie pendant la durée de la mesure de la suspension.

Article 5:
La présente décision -qui prend effet dès sa notification à La Refondation sera publiée au Journal Officiel de la République de Côte d’Ivoire et sur tous les supports officiels.

Fait à Abidjan, le 22 sept 2011

Eugène DIE KACOU

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Liberté de la presse – menaces du CNP: Déclaration n°4 des Journaux Victimes du 11 avril 2011 (Jv11)

Dans un communiqué du 21 septembre 2011, M. Eugène Dié Kacou, président du Cnp, s’est cru fondé à proférer des menaces graves sur la liberté de la presse : «Le Cnp met en garde les auteurs de tous écrits de presse qui travestissent les faits et leur rappelle que pareilles dérives les exposent, eux et leurs organes de presse, à la rigueur de la Loi», écrit le président du Cnp qui entend ainsi promettre punition, dit-il, «aux journalistes s’évertuent, dans leurs écrits, à faire admettre à l’opinion que les autorités politiques en place seraient issues d’un coup d’Etat opéré contre leurs prédécesseurs». Du coup, selon le Cnp et son président, «les concepteurs de ces idées présentent le Chef de l’Etat ivoirien comme un «président installé par coup d’Etat» et son «régime installé par la France», tandis que l’ancien chef de l’Etat est vu comme «renversé par l’Armée française» voire «prisonnier du chef de l’Etat français». Toujours selon, le président du Cnp, «ce procédé utilisé à foison dans certains journaux traduit, loin du souci d’informer les lecteurs, une tendance inacceptable à la manipulation des faits et de la réalité».

Enfin, pour M. Eugène Kacou, les faits uniques, c’est que «le Président de la République de Côte d’Ivoire exerce son mandat actuel des suites d’élections démocratiques reconnues par la communauté nationale et internationale et, pour lequel, il a été officiellement investi dans ses charges». Alors, fort de cette conviction, le président du Cnp donne la sentence : «Ces faits étant établis et de notoriété, le Cnp prévient qu’à compter de la publication du présent communiqué, il sera intraitable sur les écrits à caractère subversif et insultant non seulement pour les autorités en place mais également pour le peuple ivoirien qui a, dans la transparence, élu son président».

II- Nos constats

De ces menaces, Jv11 constate que M. Eugène Dié Kacou :

u 1- Feint d’ignorer qu’au vu et au su de tous les Ivoiriens et de tous les habitants de Côte d’Ivoire, l’armée française a largué plusieurs tonnes de bombes sur la résidence du président Laurent Gbagbo, avant de l’arrêter et de le remettre aux forces pro-Ouattara, le 11 avril 2011 ;
2- Oublie que le ministre français des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, a solennellement justifié cette intervention militaire de l’armée française devant le Parlement de son pays, la France ;
3- Refuse d’admettre qu’une plainte déposée au tribunal aux armées de Paris par le président ivoirien renversé, M. Laurent Gbagbo, contre l’armée française, a été jugée recevable, ce qui confirme le rôle pour le moins controversé de l’armée française dans la crise en Côte d’Ivoire ;
4- Cherche à étouffer la réalité des faits contenue dans le travail de plus en plus professionnel et les informations de plus en plus crédibles livrées par les journalistes de la presse libre ;
5- Reste, à l’opposé, étrangement muet, sûrement manipulé par le nouveau régime terriblement fragilisé par la manière dont il est parvenu au Palais, après le massacre de milliers d’Ivoiriens, face à l’autre version des faits livrée par les journalistes à la solde du pouvoir qui s’évertuent, dans leurs écrits, à faire admettre à l’opinion que «le président Laurent Gbagbo a été battu aux élections», «qu’il a refusé d’admettre sa défaite» et «qu’il a été renversé par les forces armées des Forces Nouvelles»., alors que, comme il l’écrit lui-même, «ce procédé utilisé à foison dans certains journaux traduit aussi, loin du souci d’informer les lecteurs, une tendance inacceptable à la manipulation des faits et de la réalité».

III- Notre position

Face à ces menaces, dirigées, infondées et inacceptables, JV11, organisation des journaux subissant, depuis le renversement du président Gbagbo par l’armée française le 11 avril 2011, des pressions et des traitements en violation flagrante de la liberté de la presse garantie par la loi n° 643-2004 du 14 décembre 2004 en Côte d’Ivoire :

1°)- Dénonce les menaces et les sanctions ciblées prononcées par le Cnp, essentiellement contre les journalistes et les journaux libres ;
2°)- S’indigne contre cette nouvelle tendance du Cnp à vouloir briser la diversité des opinions dans la presse, au lieu de la garantir, de la promouvoir et de la protéger conformément aux dispositions de la loi ;
3°)- Rejette énergiquement ces intimidations visant à imposer l’autocensure aux journalistes de la presse libre ;
4°)- Met le Cnp en garde contre toute mesure arbitraire à l’encontre des journaux et des journalistes libres et se réserve le droit d’user de toutes les voies légales pour s’y opposer ;
5°)- Rappelle au Cnp son rôle de promoteur de l’expression plurielle conféré par la loi portant régime juridique de la presse en Côte d’Ivoire.

Fait à Abidjan, le 23 septembre 2011
Pour Les Journaux Victimes du 11 avril 2011 (Jv11)
Le Président, César Etou

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