Human Rights Watch: un dernier rapport mensonger !

Par La Rédaction Le Nouveau Courrier

Dans un rapport truffé de contre-vérités, l’organisation financée par Georges Soros, proche d’Alassane Ouattara, essaie de donner de la consistance à sa stratégie de défense. Concoctée pour éviter de recevoir en pleine figure le boomerang de «sa» CPI.

Les observateurs les mieux informés connaissaient déjà la proximité entre l’organisation de défense ( ?) des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) et le milliardaire américain George Soros, réputé avoir financé la campagne électorale d’Alassane Ouattara. Ils notaient déjà le parti pris manifeste de cette ONG par rapport à ses homologues, pourtant pas tendres avec Laurent Gbagbo. Mais le dernier rapport de HRW sur la situation en Côte d’Ivoire achève de la discréditer. Et dévoile, au grand jour, son rôle dans l’orchestration de l’impunité d’Alassane Ouattara et dans la mise en place idéologique d’une justice des vainqueurs «acceptable».

Les yeux les plus distraits pourraient se laisser illusionner. Dans un faux équilibrisme, le rapport affirme que «l’obsession de Laurent Gbagbo de se maintenir au pouvoir a sans doute été à l’origine du dernier conflit armé» et que «malgré les promesses répétées du gouvernement [Ouattara, ndlr] de tenir responsables tous ceux qui ont commis des crimes graves durant le conflit, la réalité est celle d’une justice des vainqueurs – aucun membre des Forces républicaines n’avait été inculpé au moment de la rédaction de ce rapport». Mais l’essentiel est ailleurs. HRW veut justifier à l’avance l’injustice qui se prépare et qui s’annonce criarde : si les deux camps ont commis des «atrocités», pourquoi donc la «justice parfaite» consisterait-elle à livrer le chef d’un des deux camps et les «gros poissons» de son bord d’une part, et à sacrifier du menu fretin d’autre part ?

Manipulation sous le couvert d’un «grand label» humanitaire

En avocate quasi-assumée de Ouattara, Human Rights Watch dévoile sa stratégie de défense médiatique. Gbagbo est responsable des crimes, parce qu’il a mis en place une sorte d’idéologie haineuse, alors que les forces pro-Ouattara n’ont fait que «réagir», sans avoir été instruites dans ce sens par leur chef suprême. Une telle affirmation est farfelue, tant il faut des enquêtes longues et contradictoires pour arriver à cette conclusion. Mais on peut toujours faire illusion quand on manipule sous le couvert d’un «grand label» humanitaire.

Human Rights Watch est pourtant prise en flagrant délit de mensonge clair ou par omission, dès qu’elle se hasarde à ce type de démonstration artificielle. «Avec la montée des tensions post-électorales, les invectives de Laurent Gbagbo redoublent, comparant les supporters d’Alassane Ouattara à des «rats d’égouts» ou à des «oiseaux abattus», et exhortant ses partisans à ériger des barrages routiers et à «dénoncer tout étranger», appel immédiatement suivi d’attaques ciblées d’une violence épouvantable», écrit l’ONG. Contrairement à sa méthodologie d’usage, elle ne référence pas ces prétendus propos en notifiant une source en bas de page. Et pour cause : ces propos sont introuvables. Ils n’ont jamais été tenus. HRW diffame sans la moindre éthique l’adversaire de Ouattara. Donc son adversaire…

Ces propos fabriqués ne sont pas un détail. Ils dévoilent dans toute sa nudité une construction cynique et malhonnête. Tout aussi malhonnête est la référence à la RTI, qui «après le second tour des élections (…) incite à la violence contre ces groupes (les étrangers ndlr), les désignant systématiquement comme des «rebelles» ou des indésirables menaçant la nation». Bien entendu, aucune référence au moindre propos n’est disponible. Quand on sait que c’est au nom de telles contrevérités facilement lancées que notre confrère Hermann Aboa est dans les geôles de Ouattara, on mesure l’irresponsabilité du procédé.

16 décembre 2010 : la vidéo de Soro qui discrédite les propos de HRW

On n’est donc plus surpris des omissions et des ruses de HRW, qui essaie d’accréditer la thèse selon laquelle les pro-Ouattara, qui ont pourtant pris l’initiative de la guerre et ont mis en place une logistique meurtrière avec l’aide de la «communauté internationale», n’ont fait que «réagir», tardivement, à la violence de l’armée ivoirienne. Pour imposer cette idée fausse, HRW feint d’ignorer que le 16 décembre 2010, Guillaume Soro a lancé depuis l’hôtel du Golf une opération militaire assumée comme telle – ce qui est documenté par une vidéo qui a « fuité » et qui a créé le buzz en son temps. «Soldats, militaires, je vais à la RTI pour installer le nouveau DG de cette télévision parce que le président de la République me l’a demandé. Vous devez vous tenir prêts (…) Jeudi, nous allons à la télévision», dit ainsi Soro (voir la vidéo ici). Dont la pensée est clarifiée par un de ses lieutenants, qui s’adresse à sa suite aux hommes en armes. «Rassemblement à la piscine, avec tous vos équipements militaires et de combats. L’amusement est terminé» : c’est l’ordre qu’il donne aux soldats des Forces nouvelles. Cela n’empêche pas HRW d’affirmer que « l’écrasante majorité des manifestants semble avoir eu un comportement pacifique tout au long des événements ; cependant, Human Rights Watch a documenté le meurtre de plusieurs membres des forces de sécurité de Laurent Gbagbo – dont un a été tué par une foule déchaînée après avoir tiré sur plusieurs manifestants depuis le toit d’un bâtiment». Et les autres, dans quelles conditions ont-ils été tués ? HRW se garde de le dire, pour ne pas accréditer la thèse de manifestations de type civilo-militaire. Aucun témoignage direct ne permet d’entrer en empathie avec les militaires tués dans ces circonstances.

Des enquêtes sur les financiers du «commando invisible» nécessaires

Pour établir un lien direct entre Laurent Gbagbo et les exactions supposées de ses forces, HRW utilise en permanence l’insinuation. «Les principaux responsables de ces crimes étaient des unités d’élite étroitement liées à Laurent Gbagbo, dont la Garde républicaine, le CECOS (Centre de commandement des opérations de sécurité, une unité d’intervention rapide), la BAE (Brigade anti-émeute) et la CRS (Compagnie républicaine de sécurité, une unité de police d’élite)», écrivent les chercheurs de l’organisation. Bien entendu, ils restent muets sur les liens particuliers entre Chérif Ousmane et Alassane et Dominique Ouattara, témoins de son mariage en 2007 à Ouagadougou… Cela relèverait, pourtant, du même type de méthodes.

Plus loin, HRW essaie de protéger Alassane Ouattara des crimes contre l’humanité commis – bien avant le mois de mars, contrairement à ce qui est prétendu – par le «commando invisible». « Le Commando invisible, s’il comptait des militants pro-Ouattara, n’affichait aucune chaîne de commande claire avec le gouvernement Ouattara. Celui qui apparaissait être à la tête du Commando invisible, connu sous le nom d’IB Coulibaly, était un ex-commandant supérieur des Forces nouvelles qui s’était violemment opposé à Guillaume Soro sur le contrôle du groupe rebelle en 2003. Cette lutte intestine aboutira à la mort d’IB Coulibaly, tué par les Forces républicaines de Guillaume Soro le 27 avril 2011». L’organisation a-t-elle enquêté sur le financement et les connexions du «commando invisible» pour arriver à une telle conclusion ? Dans un entretien publié par Jeune Afrique dans son édition du 9 au 16 avril 2011, Ibrahim Coulibaly invoque des contacts réguliers avec Alassane et Dominique Ouattara. Seule une enquête judiciaire sérieuse et contradictoire peut permettre d’en savoir plus sur les financiers et les soutiens du Commando invisible. Mais la démarche de déculpabilisation précipitée d’HRW est profondément suspecte.

Entre propos instrumentalisés pour entrer dans le canevas de la haine ethnique et du «logiciel rwandais», réécriture sournoise de l’Histoire visant à attribuer la paternité de l’ivoirité à Laurent Gbagbo et raccourcis simplificateurs, le reste est à l’avenant, et nécessiterait un contre-rapport. Une chose est sûre : après la FIDH qui a tenté d’expliquer les massacres massifs de Duékoué par une sorte de volonté de «prévenir un génocide» puis a renoncé à publier un rapport annoncé, c’est HRW qui vient de se brûler les ailes au chaud soleil ivoirien.

Théophile Kouamouo

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