Bert Koenders, le nouveau chef des Nations unies en Côte d’Ivoire

Par Sabine Cessou

Bert Koenders, 53 ans, ancien ministre de la Coopération des Pays-Bas, a succédé fin août 2011 à Choi Young-jin à la tête de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Premier poste sur le terrain et mission difficile, pour ce passionné de la résolution des conflit

Bert Koenders a-t-il la trempe du diplomate coréen Choi Young-jin, qui s’est taillé une réputation de « samouraï » à Abidjan ? Ancien chef du groupe parlementaire travailliste, ministre de la Coopération au développement des Pays-Bas de 2007 à 2010, il est connu chez lui pour des qualités que l’on prête aux Néerlandais : droiture, pragmatisme, franc-parler. Ministre, il n’avait pas hésité à critiquer le pape, en raison de sa position sur les préservatifs que le souverain pontife ne considérait pas comme une solution face au sida.

Bert Koenders, cependant, n’a jamais occupé de poste sur le terrain, en tant qu’ambassadeur ou diplomate. Il connaît mieux les couloirs du Parlement à La Haye que les capitales africaines. En tant que ministre, il a certes été responsable de l’aide de l’un des plus généreux bailleurs de fonds occidentaux. Les Pays-Bas consacraient 0,8% de leur PNB à l’aide au développement avant que les populistes de droite n’obtiennent qu’elle soit ramenée au minimum, 0,7% du PNB en 2012.

Cependant, le ministre Koenders s’est surtout occupé de coupes claires dans ses budgets. Il a réformé ce qu’il appelle « l’industrie de l’aide », réduisant les subventions et faisant passer de 73 à moins de 30 le nombre des ONG bénéficiaires. Il avait aussi fermé les robinets de l’aide à certains pays, pour cause de corruption ou de fraude électorale, au cas pas cas, sans suivre une ligne claire. Plus un euro, donc, en 2008, pour le Nicaragua, la Moldavie ou la Tanzanie, un pays où un homme d’affaires néerlandais avait essuyé des déboires avec les autorités. Il avait par ailleurs décidé de ne plus donner qu’une aide budgétaire réduite ou très conditionnelle au Sénégal, au Burkina Faso et au Bénin, en raison de leurs lacunes dans la lutte contre la corruption.

Au cœur de la politique ivoirienne

A son nouveau poste, cet ancien fonctionnaire de la Commission européenne (administrateur des équipes de prévision politique à la direction des Affaires étrangères de 1995 à 1997) va devoir se plonger dans les méandres de la politique ivoirienne. Mais aussi dans les coulisses de la machine onusienne, forte de 10 500 casques bleus en Côte d’Ivoire. Des rouages qu’il ne connaît pas de l’intérieur comme Choi Young-jin, diplomate chevronné, qui fut ministre des Affaires étrangères puis représentant permanent de la Corée du Sud auprès des Nations unies, de 2005 à 2007, avant d’être nommé en Côte d’Ivoire.

La tâche qui incombe à Bert Koenders, sécuriser le pays et certifier les législatives de décembre, ne sera pas de tout repos. Car la crise est loin d’être terminée en Côte d’Ivoire. De nouveaux heurts ont éclaté dans l’Ouest, une région qui reste sous tension. Le gouvernement d’Alassane Ouattara redoute la formation d’une rébellion pro-Gbagbo, téléguidée par les caciques de l’ancien régime qui se sont réfugiés au Ghana voisin. Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti du président déchu, s’est retiré le 20 septembre de la Commission électorale indépendante (CEI), ouvrant déjà la voie aux contestations, avant même la tenue des législatives.

Source: RFI

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