Pourfendre sans merci le despotisme comme panacée à la stagnation de l’Afrique…

Libre Opinion

Alea jacta est ! Le peuple Libyen tenu en lisière dans les rets d’une dictature infernale conduite par le Colonel KADHAFI depuis son accession au pouvoir suite à un coup d’Etat en 1969, le jeudi dernier, a définitivement recouvré sa liberté indûment confisquée tout le temps (quarante-deux ans exactement) qu’a duré ce pouvoir tortionnaire, féroce et assoiffé de sang. On ne saurait se réjouir de la mort d’un individu humain, fût-il à la cime de l’abjection morale. C’est dire que nous aurions aimé qu’il lui soit conservé la vie afin qu’il puisse répondre devant les juridictions compétentes de tous les crimes crapuleux qu’il a perpétrés tout le long de son règne comme c’est le cas actuellement pour Charles TAYLOR, Jean-Pierre M’BEMBA, Radovan KARADZIC, le général MLADIC ; comme ce fut le cas pour Slobodan MILOSEVIC, SADDAM Hussein…Mais le sort en a décidé autrement. Tout en nous inclinant avec déférence sur sa dépouille et en implorant le Tout-puissant pour sa mansuétude de sorte que son âme repose en paix, cette mort qui rime avec affranchissement des mailles de la servitude et de l’avilissement, vue l’hystérie générale, les cris et chants d’allégresse qu’elle a engendrés, résonne comme un cri de victoire et un véritable soulagement pour le valeureux peuple Libyen qui sort ainsi d’une quarantaine d’années d’affres de toute nature. Cette révolution du peuple Libyen à l’instar de celles qui l’ont précédée, en l’occurrence celles des peuples Tunisien et Egyptien, a tracé un sillon qu’il faut porter à son apogée en décapitant toutes les dictatures qui perdurent encore avec leurs corollaires d’homicides, de détournements sauvages des deniers publics plongeant nos Etats africains dans des marasmes économiques à répétition. Se servant de la démocratie comme paravent, ces tribuns, populistes devant l’Eternel flattent par le truchement d’envolées verbales démagogiques, leurs populations quasiment composées d’analphabètes, les exploitent et, in fine, usent de la force lorsque le discours dominant ou discours du renard tel que présenté dans le corpus machiavélien confesse ses limites comme l’a démontré la barbarie sans nom cyniquement menée par les forces et mercenaires pro-Kadhafi ayant occasionné des milliers de morts. Les répressions sauvages des marches et manifestions qui se déroulent en ce moment en Syrie par les chiens de guerre du despote Bachar al – Assad ayant succédé à son père Hafez al – Assad en 2000 à la tête de l’Etat Syrien, participe de ce schéma machiavélien visant la conservation pérenne du pouvoir. Mais vivement, qu’on revienne à la raison !

Nous l’avons dit dans une de nos précédentes communications : tout ce qui est humain est engagé dans un processus historique et par conséquent est condamné à périr. C’est dire qu’un pouvoir, quelle que soient sa solidité et sa complexion ne peut résister à l’usure du temps. Se faire craindre par des méthodes expéditives et scélérates comme le professe Machiavel n’est qu’un palladium qui ne dure que l’instant de la brise matinale. Un règne viager, ad vitam aeternam est un privilège exclusivement divin. Qu’on arrête donc de se leurrer ! Imposer le martyre à son peuple au moyen de pratiques sadiques et staliniennes, accaparer toutes les richesses de son pays, exercer un contrôle par indivis sur les secteurs porteurs et fleurons de son économie pour les offrir en cadeaux aux membres de sa famille, de son clan, de sa chapelle politique tout en laissant dans la disette la plus totale une population complètement désemparée et poussée à l’ultime étape du désespoir ne saurait transformer cette réalisation chimérique, cette gageure en réalité. Le pouvoir étatique, appréhendé selon le verdict de son concept occidental a comme tâche à accomplir, la gestion efficiente de la res – publica (la chose publique). Ce pouvoir ne puise sa légitimité que de sa capacité à instaurer la paix, la concorde au sein de la cité, à garantir la sécurité des citoyens et à leur assurer le bien-être, la prospérité abstraction faite de l’ADN, de l’ethnie, de la couleur dermique, de l’appartenance idéologique ou religieuse. Il en ressort que la gestion du pouvoir ne doit aucunement être l’affaire d’un clan, d’une famille, d’une ethnie comme ce fut le cas au Gabon avec la famille Bongo où le fils Ali Bongo Odimba succéda à son père El Hadj Oumar Bongo Odimba à sa mort, après avoir régné sur le Gabon pendant quarante-deux ans (42 ans) ; au Togo avec la famille Eyadema où le fils Faure Gnassingbé Eyadema prit la place de son père après son décès à la tête de l’Etat suite à une crise cardiaque en 2005. Signalons que Gnassingbé Eyadema fut Président du Togo de 1967 subséquemment à un coup d’Etat qui le porta au pouvoir à 2005. Il a donc tenu les rênes du pouvoir pendant trente-huit ans (38 ans). Dans une monarchie constitutionnelle, cela ne poserait aucun problème car relevant de la volonté souveraine du peuple.

Au Maroc, par exemple, Hassan II miné par la maladie meurt le 23 Juillet 1999 et est remplacé par son fils aîné Sidi Mohamed âgé de trente-six ans (36 ans) qui est monté sur le trône sous le nom de Mohamed VI. Mais cette mainmise familiale sur l’appareil de l’Etat, quelquefois en amendant la loi fondamentale afin de supprimer la clause limitant le nombre des mandats présidentiels de manière à se perpétuer à la magistrature suprême, comme c’est le cas au Cameroun avec Paul Biya qui vient d’être élu pour un sixième mandat avec 78% de voix, ne peut être tolérée dans une véritable démocratie. Rappelons que Paul Biya est au pouvoir depuis bientôt trente-ans (30 ans). Malgré toute l’impéritie étalée et ses carences avérées à conduire le peuple camerounais vers un mieux-être social, économique, il se maintient via des parodies d’élection contre et envers tous. Curieusement, les intellectuels camerounais dont Calixthe Béyala qui ont fait de la crise en Côte d’Ivoire leurs choux gras en tirant quelquefois à boulets rouges sur notre Président SEM Alassane Dramane OUATTARA, élu selon les règles de l’art, oint par les urnes et le peuple libre et souverain de Côte d’Ivoire, restent muets comme des carpes. Maintenant que vous avez du grain à moudre intra muros avec cette élection de votre ‘’Biya national’’ qui pue à mille lieues la fraude et la falsification, nous attendons cette verve langagière, toute cette énergie souventes fois inconsidérée déployée pendant la crise postélectorale en Côte d’Ivoire à débiter, éructer les inanités et fariboles qui ont été servies. Lorsque d’infâmes tyrans, qui plus est xénophobes aux mains couvertes de sang sont magnifiés à travers des écrits dithyrambiques comme des militants panafricanistes, indépendantistes, souverainistes par des écrivains de la trempe des Calixthe Béyala, Tierno Monenembo, il y a vraiment de quoi désespérer de nos intellectuels africains qui malheureusement, démontrent par ses sorties putrides qu’ils sont plus soucieux de leurs préoccupations stomacales que de l’intérêt supérieur des peuples d’Afrique. Au plus fort de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, l’écrivaine Camerounaise Calixthe Béyala y a effectué un voyage pour apporter son soutien marchandé à son pseudo-démocrate et militant panafricaniste Laurent GBAGBO. Nous la mettons au défi de nous prouver le contraire : son séjour en Côte d’Ivoire a été entièrement financé avec l’argent que son souverainiste-financeur de campagnes électorales de ceux qu’ils présentent démagogiquement aux yeux du monde comme ses bourreaux et son clan d’illuminés ont volé au contribuable ivoirien c’est-à-dire notre argent. Nous savons également qu’elle est retournée chez elle après s’être vautrée dans la fange de la compromission lors de meetings organisés par la galaxie patriotique pour insulter le Président démocratiquement élu, Monsieur OUATTARA, avec dans sa gibecière, une manne financière mirobolante comme ce fut le cas pour ces vieilles gloires du barreau français que sont Roland Dumas et Jacques Vergès ayant empoché chacun la faramineuse somme de six-cents millions de franc CFA au terme d’un voyage éclair en Côte d’Ivoire.
Ainsi, ce fabuleux sillon tracé par les peuples de l’Afrique du Nord doit inspirer ceux du Sud, du Centre, de l’Est et de l’Ouest ployant encore sous le faix de despotes sanguinaires. Aucun décret divin salvateur ne viendra les libérer des chaînes de ces mécréants, ces créatures lucifériennes affichant une soif inextinguible de sang humain. Car, le devenir d’un peuple est sa propre œuvre. Comme l’affirmait le philosophe français Jean Paul Sartre, théoricien représentatif par excellence de la doctrine existentialiste, l’homme est la somme de ses actes et ne sera que ce qu’il aura projeté d’être, l’avenir étant une page blanche. Qu’il soit perçu comme homme lâche ou homme brave, cela relève de sa seule volonté. Il appartient par ricochet aux peuples encore sous la férule de la dictature infernale que leur imposent certains hommes ‘’politiques’’ n’ayant rien compris aux sciences politiques de l’acabit des Paul Biya, Robert Mugabe, Yaya Djammey, Omar al – Bachir … de se désaliéner en prenant leur responsabilité. Karl Marx, philosophe politique, économiste et révolutionnaire allemand et Jean – Jacques Rousseau, écrivain et philosophe genevois de langue française, y avaient déjà insisté.

Pour Marx, doublement aliéné dans la religion qui l’endort et dans la société qui l’exploite, l’homme doit se désaliéner en prenant en main son propre devenir historique. Il doit alors nécessairement s’affranchir de l’illusion religieuse, combattre les injustices sociales, faire la révolution et instaurer une société sans classes et juste où « l’homme ne sera plus un loup pour l’homme » (Cf. Thomas HOBBES)

Dans le même sillage, Rousseau estime également que dans une société stratifiée, l’opposition des classes sociales les unes aux autres, les conflits d’intérêts, la volonté de domination et d’exploitation des plus faibles par les plus forts, engendrent généralement oppression, luttes, révoltes, voire révolution : « la force a fait les premiers esclaves et leur lâcheté les a perpétués » (Cf. Du contrat social). Or ce droit n’est qu’un droit arbitraire. Sitôt qu’on peut s’affranchir de son joug par l’emploi de la force, on est en droit de le faire : « la maladie, dit Rousseau, vient de Dieu, j’en conviens. Mais est-il interdit d’appeler le médecin ? » (Cf. Op. cité)
Cette brève incursion au cœur de ces philosophies juste pour mettre en exergue la nécessité de la révolte, de la sédition dans certaines situations comme tremplin pour accéder à la liberté, au bonheur. Il est certes vrai qu’il n’y a aucune justification morale au conflit qui n’entraîne que mort, désolation, dégâts matériels. L’exemple libyen illustre bien cet état de fait. Ceci revient à dire qu’il n’y a pas de guerre, de conflit sans confrontation directe, sans bataille, c’est-à-dire sans la décision d’assumer la possibilité pour le combat de s’achever par le sang et la mort. Toutefois, si toutes les sociétés se protègent de la violence, toutes l’utilisent cependant. Cela laisse entendre que la guerre a des pouvoirs positifs insoupçonnés malgré les destructions et les morts qu’elle entraîne. Le degré de civilisation atteint par l’humanité n’est pas suffisant pour supprimer la guerre. De ce fait, elle joue un rôle nécessaire dans le développement des peuples, les poussant vers le progrès : « Les plus grands maux qui accablent les peuples nous sont amenés par la guerre. (…) Au degré de culture auquel est parvenu le genre humain, la guerre est un moyen indispensable pour la perfectionner encore. » (Cf. Emmanuel KANT, Sur les débuts de l’histoire humaine, in Philosophie de l’histoire).
Vouloir la paix à n’importe quel prix, se refuser absolument à recourir à la guerre, à la révolution, de telles attitudes peuvent présenter de graves inconvénients, y compris pour la sauvegarde de la paix elle-même. Voilà pourquoi, dans le Prince, Nicolas Machiavel raille les souverains italiens qui, par refus de se préparer à la guerre, ont rendu cette dernière plus probable encore, faute d’être capables de dissuader l’adversaire potentiel. Il y a peut-être des situations où la violence n’est plus évitable ; renoncer à y recourir, c’est peut-être tout simplement renoncer à sa propre sauvegarde ou sa liberté : « Entre la logique de la révolution et sa philosophie, il y a cette différence que sa logique peut conclure à la guerre, tandis que sa philosophie ne peut aboutir qu’à la paix. » (Cf. Victor HUGO, Les Misérables).
Tout bien considéré, nous disons que tout peuple est l’instigateur de son futur. Soit il choisit de lutter pour se désamarrer de la tutelle dominatrice, aliénante, soit il choisit de se résigner en fondant ses espoirs sur une hypothétique intervention de la Providence. Nos frères occidentaux nous aident déjà assez. Mais donnons-leur, à travers notre détermination sur le terrain, notre engagement à vouloir le changement, l’envie de nous épauler davantage. Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit.
DIARRA CHEICKH OUMAR
Professeur certifié de philosophie
Lycée moderne 1 Bondoukou
Doctorant en sciences politiques
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com

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