Affaire « il faut vite évacuer le colis encombrant Gbagbo à la CPI »: M.Denis Kah Zion, ne seriez vous pas raciste par hasard ?

Cher Monsieur,

Aujourd’hui j’ai lu en Co-Une de votre journal Le Nouveau Réveil N°2926 du 28 octobre le titre suivant : « il faut vite évacuer le colis encombrant GBAGBO à la CPI pour avoir la paix ». Ce titre m’a beaucoup inquiété et je ne pouvais rester indifférent face au drame qui vous frappe. Je suis donc en proie à un sentiment batard qui partage sa substance entre une signification affective et une connotation de compassion pour vous. La jonction que vous faites du nom «colis » et du participe présent « encombrant » pour qualifier et ‘‘décider’’ du sort de celui qui a été, il ya si peu, le 1er magistrat de votre pays.

1. Du mot « Colis » que vous utiliser pour désigner un Président de la République :

Kah Zion

Selon le dictionnaire Larousse, le mot « colis » renvoie à « un paquet de marchandises devant aller d’un point à un autre ». En identifiant le Président Laurent GBAGBO comme un « colis », vous l’assimilez donc à une marchandise qui doit partir du point A Côte d’Ivoire au point B CPI. Je vous laisse donc le loisir de nous dire qui est le vendeur et qui est l’acheteur étant entendu que vous vous positionnez déjà comme le « Coxer » (intermédiaire) dans cette transaction que vous appelez de tous vos vœux. Quant à moi je remarque simplement qu’à vos yeux, le détenu, que dis-je, le séquestré Laurent GBAGBO n’est même plus un être humain mais une vulgaire chose qu’il faut jeter très loin de la Côte d’Ivoire pour « avoir la paix ». Oubliant que cette « solution » maraboutique n’est que le reflet de votre sombre subjectivité qui n’a même pas été interrogée en la matière.

2. De l’utilisation du mot « encombrant » :

En utilisant ici le participe présent « encombrant » comme adjectif qualificatif pour le qualifier, vous croyiez certainement rappeler aux ivoiriens que Laurent GBAGBO est devenu indésirable en Côte d’Ivoire. Non Monsieur, les ivoiriens le savent déjà. Ils savent bien que c’est pour vous et votre confrérie de sorciers fébriles que la présence de GBAGBO à l’intérieur des frontières ivoiriennes est « encombrante » en cela qu’elle ralentit le processus de vampirisation de la Côte d’Ivoire. Toutefois, je reconnais quand même que votre vomissure a le mérite de confirmer l’état d’esprit, la logique vindicative et haineuse qui se dresse derrière « la machine à broyer du GBAGBO » que vous appelez abusivement justice. Sinon entre nous, en quoi est-ce qu’un prisonnier peut être « encombrant » pour une justice qui a décidé librement de le garder en captivité pour le juger ? En quoi est-ce qu’un détenu peut-il « encombrer » une procédure judiciaire à laquelle il est soumis et à travers laquelle des individus frappés d’incompétence matérielle peuvent s’offrir le luxe de l’assujettir à un interrogatoire ? En quoi est-ce qu’un détenu peut-il « encombrer » alors qu’il ne parle pas, n’agit pas ? Qui « encombre »-t-il alors, si ce n’est vous qui êtezs pressés de le voir disparaitre de la Côte d’Ivoire ? Je vous laisse repondre

3. De la signification profonde de vos propos :

S’il vous plait monsieur, vous n’avez pas insulté Laurent GBAGBO ; vous avez simplement révélé à la Côte d’Ivoire que vous êtes victime d’un disfonctionnement dans le système qui était sensé assurer votre éducation. Je soupçonne l’école, la famille et la société de vous avoir trahi. Soit l’enseignant (e) chargé de vous administrer les cours d’Education civique et morale n’a pas eu la pédagogie nécessaire pour vous donner le goût de cette matière afin de vous permettre d’ingurgiter facilement les valeurs morales qu’elle transmettait; au quel cas je lui en veux terriblement ; soit la cellule familiale dont vous êtes issu n’a pas su inculquer à l’innocent gamin que vous fûtes l’universelle et presque congénitale leçon selon laquelle on n’injurie pas un ainé a fortiori une vieille personne. Soit, l’environnement social ou même sociétal dans lequel vous avez grandi vous a probablement inoculé, et à votre insu, l’irrespect et la désinvolture. Toutefois, quand je me souviens de la légendaire rigueur qui caractérisait la conscience professionnelle des enseignants de votre époque, de notre époque où l’école ivoirienne en était encore une, j’ai du mal à croire que l’effort du votre maitre n’a pas été fait dans le sens de votre dressage. Tout comme, ma conscience refuse d’admettre que l’éducation des enfants était une entreprise dépourvue de tout intérêt dans la grande famille KAH de Touleupleu. Dois-je alors m’en prendre au PDCI-RDA, parti qui vous a vu grandir ? Jamais, car ce serait commettre l’abomination de soupçonner le Président Félix Houphouët Boigny de n’avoir pas su éduquer ses militants. Quelle est donc l’origine de ce qui vous arrive ? Pour la première fois de ma vie, je me retrouve à contester les indications que me donne mon intuition en me disant que le problème c’est vous-même et qu’il se pourrait que vous soyez victime de troubles passagers avec des intervalles très brefs de lucidité. Il y a par contre un point sur lequel je crois en ce qu’est en train me dire mon intuition, toujours elle (alors que je ne lui ai rien demandé). Elle dit que ces temps ci, vous êtes dans une dynamique ascendante de charme dont Alassane Ouattara est la cible. Il s’agirait pour vous de persuader le chef d’Etat de votre décision irréversible et non négociable de vous constituer en supporter N°1 de ses projets de lois à l’Assemblée Nationale. Il faut donc que vous soyez absolument l’un des récipiendaires des 255 sièges de l’hémicycle qui sont sur le point d’être distribués en guise de cadeaux de Noël. Et comme la lutte est âpre au sein de la maison, il faut sortir la pirouette la plus flamboyante afin d’attirer le regard du père Noël et forcer son admiration. Pour cela, vous n’avez pas trouvé autre chose que le spectacle des temps nouveaux par lequel on identifie les nouveaux « braves » en Côte d’Ivoire : se tenir debout à la place publique et insulter, trainer, blasphémer, outrager, vilipender Laurent GBAGBO.

CONCLUSION :

Une chose que je voudrais que vous sachiez c’est que si ma lettre est adressée à vous ce n’est pas du tout pour amplifier votre campagne que vous anticipez mais c’est juste parce qu’en tant que DG (donc Directeur de Publication) de Le Nouveau Réveil, je vous tiens comme responsable de ses écrits en application de l’article 21 alinéa 1 de la loi N° 2004-643 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la Presse. Mais dites moi s’il vous plait monsieur, comment avez-vous fait pour traiter le Président LAURENT GBAGBO de « colis encombrant » ? Ne seriez vous pas raciste par hasard ? Je vous pose la question parce qu’il y a des similitudes frappantes entre le sentiment qui chosifie, qui animalise, qui dénie même le droit d’existence à la race noire et celui qui vous a possédé au moment où vous assimilez un être humain en détention à un « colis encombrant qu’il faut vite évacuer ». Répondez-moi franchement mais ne gardez surtout pas une dent contre mon intuition pour le diagnostic de votre état de santé qu’elle m’a transmis. De toutes les façons vous ne la verrez jamais car elle n’est pas corps mais esprit. Quant à moi, sachez que si je vous rencontre un jour et que j’évite de vous saluer, ce ne sera pas par impolitesse mais par peur. Oui j’ai peur du naziste que je viens de découvrir en vous. Ne me remerciez surtout pas de vous vouvoyer ; je le fais par respect de l’ainé que vous êtes malgré tout. Hélas !
Cordialement et poliment ARSENE TOUHO
Juriste, Ecrivain, Diplômé des Sciences Politiques
arsene_touho@yahoo.fr
Fait à OBUASI le 28 Octobre 2011.

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