Tout sur le pillage sauvage / la razzia par les soldats FRCI de la résidence de Simone Gbagbo dans son village à Mossou

Crise postélectorale

La razzia des FRCI. C’est l’expression utilisée par un confrère Italien qui ne trouvait aucun mot dur pour qualifier la barbarie sans nom des soldats de Dramane perpétrée à la résidence de l’ex-première Dame, Simone Ehivet Gbagbo. Un passage qui marquera certainement à vie. Tant il provoque un choc psychologique à chacun des membres des Ehivet. Mais aussi à chacun des habitants de Mossou, cette bourgade située à près d’un kilomètre du centre-ville de Bassam. Selon un témoin de la triste scène, Y. M, l’attaque de la résidence commence quelques jours avant la capture du Président Laurent Gbagbo.

« Ce qui s’est passé la résidence de la Première Dame est inqualifiable. Vous voyez ce qui reste de la maison. Un coffre vide, parce que des gens ont cru pouvoir effacer les traces de celle qui se bat aux côtés de son mari en vue de l’avènement d’une côte d’Ivoire libre et indépendante », nous a, d’entrée de jeu, expliqué notre interlocuteur. Qui continue de nous entretenir sur le film tragique du 11 avril à Bassam. Pour Y. M, avant l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, deux tentatives de pillages de la résidence ont eu lieu. « Heureusement qu’à la première attaque, la réplique déterminante des gendarmes en poste à la résidence de Simone a eu raison des envahisseurs. Ceux-ci se sont constitués en deux groupes au départ dont l’un est passé par le littoral lagunaire auquel est adossée la résidence de la l’ex-première Dame, et l’autre groupe, par la grande route qui relie Bassam à Abidjan pour encercler la résidence privée. » Cette situation, explique-t-il, a suscité la peur partout à Bassam dont les habitants ne dormaient que d’un seul œil. Un autre habitant de la ville dénonce ce qu’il a qualifié d’acte inhumain. « Nous n’avons jamais vécu un tel évènement. Nous avons connu le coup d’Etat de 1999, mais jamais, une résidence des tenants du pouvoir d’alors n’avait été l’objet de tant de convoitise comme c’est malheureusement le cas également à Mama. Tout le monde sait pourtant qu’en son temps, Koukourandoumi est resté intact. Daoukro également. Ni la résidence de Bédié, ni celle de son épouse n’ont en effet, été détruites. Pourquoi c’est à ceux la-mêmes qui ont démontré leur amour pour le pays et pour les Ivoiriens qu’on fait subir un tel sort. »
Un autre membre de la famille de la première Dame raconte que, c’est quelques heures après la capture du Chef de l’état d’alors, Laurent Gbagbo que les mêmes envahisseurs sont revenus, tous excités et plus agressifs que les autres fois, pour commettre ce qu’il est désormais convenu d’appeler la razzia des hommes de Ouattara.
Six mois après ce triste évènement, le Quotidien ‘’Aujourd’hui’’ s’est rendu sur le lieu du sinistre.

Mission chrétienne Saint de Dieu. C’est le nom de la modeste cour familiale des Ehivet, qui nous reçoit, ce samedi 29 octobre 2011. Une maison aux allures christianiques tant l’intérieur affiche le visage d’un lieu de culte. Nous sommes donc reçus dans la vaste cour qui donne face à la grande salle de culte. Quelques minutes de civilités et nous voilà, après un kilomètre de marche, au cœur Mossou, le village des Ehivet où a été construite la résidence de la première Dame, Simone Ehivet Gbagbo. A l’entrée du grand périmètre de la cour résidentielle, le premier sentiment qui s’impose à nous, à la vue du bâtiment, est la pitié et la détresse. Le portail hermétiquement fermé, avec un mur peint en couleur bordeaux affiche maintenant une mine grise. Aux alentours de ce bâtiment, c’est la broussaille dominée par les papayers mâles et le gazon sauvage. Dans la mêlée, des margouillats et des tisserins font la pluie et le beau temps, sous le regard impuissant de la fondation qui apparaît aujourd’hui comme l’ombre d’elle-même. Les lampadaires quasiment inanimés constituent tout-de-même le décor de la cour faciale du bâtiment. Après nous être imprégnés de ce qui restait du paysage extérieur du bâtiment, nous voilà à l’intérieur. A l’entrée, à gauche, c’est la chambre d’attente qui nous accueille. Une salle qui, comme toutes les autres, n’a pas échappé à la furia des impénitents. Dans la chambre de Simone, c’est la désolation. Tout, quasiment, a été volé. Lit, bijoux, chaussures, vêtements,…En tout cas, plus rien n’est resté. Notre guide nous explique la situation, le visage plein de larmes. « Ils sont arrivés un soir et sont rentrés dans la chambre de la première Dame. Ils se sont d’abord attaqués à tout ce qui avait de la valeur, mais n’ont pas pu tout emporter faute de moyens de locomotion. Les autres jours, le reste des objets, meubles et objets de valeurs ont tous été emportés. D’abord, c’est le groupe électrogène planté dans la cour, sans les ustensiles et le mobilier qui sont les premiers à changer de propriétaires sans résistance. Les autres jours, beaucoup plus de précaution ont été prises, parce que c’est des gros camions qui sont venus se servir. Les assaillants voleurs ont donc visité tour à tour, les salles de bain, la buanderie, les chambres à coucher et la salle de réception où ils se sont servis à loisir. En tout état de cause, aucun homme censé ne peut y faire un seul tour sans qu’il en sorte les yeux mouillés de larmes. Une coquette maison qu’elle a eu le malheur de construire, parce qu’elle s’appelle Simone Ehivet Gbagbo. Même les extraits de naissance ont disparu comme par enchantement. Mettez un pied chez la gouvernante et la tristesse est encore plus agressive. Habits d’enfants, tee-shirts et dessous de femmes, ont tous été mis dans les valises à emporter. En tout cas, cette résidence, comme une belle femme violée, a été agressée et mise nue par des inconnus. Aujourd’hui, la maison jadis lumineuse présente un visage défiguré, voire balafré du fait de la barbarie des hommes de Ouattara.

Simplice Zahui
(Envoyé spécial à Bassam.)

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