Tueries et massacres de Yopougon-Maroc – Un chef milicien pro-Gbagbo arrêté

La gendarmerie vient d’opérer un grand coup. Presqu’une semaine après l’arrestation de Séka Séka, les fins limiers de la maréchaussée viennent de mettre la main sur l’un des grands tueurs de la crise post-électorale à Yopougon. Le lieutenant Mathurin Séri a été arrêté jeudi dernier au Plateau. Ce lieutenant de la police criminelle a été appréhendé grâce à l’action conjuguée de la police nationale et de la gendarmerie. Sur indication de ses victimes qui l’ont formellement identifié, l’officier de police qui se faisait appeler « capitaine Séri » était à la tête d’un groupe de miliciens qui sévissait à Yopougon. Lui et ses hommes ont semé la mort et la désolation dans certains quartiers de cette commune, précisément à Niangon et à Maroc. La bande du lieutenant Séri a à son actif, plusieurs dizaines d’assassinats et de nombreuses maisons pillées. Le lieutenant Séri et ses hommes, le 6 avril 2011, ont enlevé le jeune Youssouf Sawadogo à l’hôtel Méribelle. Le jeune homme a été enlevé au moment où il prenait une douche après avoir assisté à un match de football par le lieutenant Séri et ses hommes venus à bord de deux 4×4. Il a ensuite été traîné par ses bourreaux sur un terrain vague, non loin de l’hôtel où il a été mutilé avant d’être brûlé vif. Malgré les supplications, ses bourreaux qui le connaissaient bien ont d’abord tiré sur lui à bout portant avant de le passer au feu. Les témoins racontent même que ces assassins, s’étant rendu compte avant leur départ qu’il respirait encore, ont réuni des pneus pour le brûler à nouveau. Le jeune Sawadogo n’est pas la seule victime des miliciens dirigés par le « capitaine Séri ». Le 10 avril 2011, à la veille de l’arrestation de Laurent Gbagbo, les miliciens de Séri ont rendu visite à la famille du vieux Traoré Mahama. Ils ont enlevé ses trois fils et son petit-fils qu’ils ont emmené au cimetière de Yopougon. Sur les lieux, Traoré Yaya, 30 ans, Traoré Lacina, 29 ans, Traoré Oumarou, 22 ans et Chérif Hamed, 15 ans ont froidement été abattus avant d’être enterrés dans une fosse commune. La bande, même après la chute de Laurent Gbagbo, est restée active. Dans la nuit du 11 au 12, le lieutenant Séri et ses miliciens ont attaqué et pillé plusieurs domiciles au quartier Maroc et à Niangon-Nord. Plusieurs personnes ont été tuées au cours de ces actes. Ces attaques ciblaient les militants du RHDP et leurs biens. Ces opérations qui ont, en réalité, commencé depuis le dimanche 10 avril 2011, ont été conduites par les hommes du « capitaine Séri » et Bléka Hervé dit « Vetcho ».Sur dénonciation du voisinage, les miliciens et leurs chefs écumaient les rues de Yopougon la nuit venue, parfois en plein jour, pour assassiner, piller et violer. Ils étaient logés à l’hôtel Méambly. Le « capitaine Séri », chef du détachement, était lui domicilié à Niangon-Nord à droite, à l’immeuble « Clinique Sainte Marie ». C’est à partir d’un appartement qu’il occupait dans cet immeuble, qu’il coordonnait tous les plans d’assassinats et de pillages contre les militants supposés proches du RHDP. Depuis jeudi dernier, ce redoutable tueur a été mis aux arrêts. Depuis l’annonce de son arrestation, ses victimes et les parents de ses victimes affluent dans les locaux de la brigade des recherches de la gendarmerie où il est interrogé. Quant à certains de ses complices, ils courent toujours. Mais pas pour longtemps.

Jean-Claude Coulibaly
Le Patriote

Encadré1: Les lieux d’opération des miliciens

Pendant la crise post-électorale, la commune de Yopougon était devenue un no man’s land pour les militants du RHDP. Les miliciens et autres mercenaires y régnaient en maîtres. Certains endroits étaient particulièrement dangereux. Car régulièrement fréquentés par les chiens de guerre de Laurent Gbagbo. L’axe carrefour Anador-Groupe scolaire Akoï était infesté d’hommes en arme et encagoulés prêts à tuer et à brûler vif tous ceux qui passaient là et dont la tête ne leur revenait pas. Du groupe scolaire Akoï au carrefour petit marché de Niangon-Nord en passant par le terrain Sylla, beaucoup de personnes ont été tuées dans cette zone qui était un espace de regroupement de ces tueurs. La voie qui passe devant le groupe scolaire La Bagoué était également une voie où résidait la plupart de ces miliciens. En plus de ces lieux, il faut citer la voie qui passe devant le groupe scolaire BAD Ananeraie qui était aussi un véritable nid de miliciens. Selon certains témoignages, aujourd’hui, encore, il existe de nombreuses fosses communes à ces endroits.

Encadré2 Beaucoup de chefs miliciens sont encore dans la nature

Si le lieutenant Mathurin Séri a été arrêté, ce n’est pas le cas des autres chefs miliciens à Yopougon. Parmi ceux qui ont causé beaucoup de torts aux populations, figurent en bonne place les frères Bléka. L’adjudant Bléka qui est l’aîné, était en poste au 15e Arrondissement d’Abobo et est beaucoup cité par les victimes dans les assassinats et autres exactions qui ont eu lieu à Yopougon. Cet officier de police était lui aussi à la tête d’un groupe de miliciens et de mercenaires qui tuaient et violaient à Yopougon Maroc. L’adjudant Bléka était aidé dans sa sale besogne par son frère cadet, Bléka Hervé dit « Vetcho ». Ce dernier qui dirigeait lui aussi une milice, est un tueur à gage qui a été le véritable bourreau des populations à Yopougon. A côté des frères Bléka, sévissaient un certain Kipré qui est un militaire, un prénommé Paulin de la police criminelle, Armand Yohou, Patrick Gueu, des miliciens endurcis qui tuaient et violaient sans coup férir dans cette commune. Aujourd’hui, ces hommes courent toujours. Et cette liste n’est pas exhaustive. Vivement que ces criminels soient repérés comme le lieutenant Séri et livré à la justice. Car certaines victimes qui continuent encore de côtoyer au quotidien certains miliciens refusent de témoigner par peur de représailles. « Dans nos quartiers, on les entend encore dire que ce n’est pas fini. Et nous savons que ce ne sont pas de paroles en l’air pour avoir déjà connu cela », nous a fait savoir une victime venue témoigner après l’arrestation du lieutenant Séri.

JCC

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