Ouattara rattrapé par son embargo sur l’exportation du cacao

Libre Opinion –

En actionnant ses réseaux internationaux aux fins d’imposer un embargo sur l’exportation du cacao en 2010, Ouattara a réussi la prouesse de perturber gravement et durablement le marché du cacao au détriment de nos parents planteurs. Houphouët serait encore vivant qu’il le lui aurait déconseillé, lui qui avait déjà tenté l’aventure périlleuse en 1988 et en a tiré des leçons en 1989. Excédé par la voracité des spéculateurs, Houphouët décida de bloquer toute la production ivoirienne de cacao de 1988 pour obtenir la remontée des cours mondiaux. A malin, malin et demi. L’année d’après, en 1989, la caisse de stabilisation qui avait servi à désintéresser les paysans lors de la rétention, était asséchée et désespérément vide. L’Etat ivoirien se devait d’écouler toute la production des deux années sur le marché international. Conséquence : le marché international fut inondé et saturé de fèves de cacao, provoquant la tendance baissière des cours, dont les répercussions au plan interne furent l’avalanche des remous sociaux qui secouèrent le pays jusqu’au décès d’Houphouët en 1993.

En fin 2010, les mêmes houphouëtistes, regroupés au sein du RHDP, prétextant du contentieux postélectoral, imposent la rétention du cacao dans les ports ivoiriens au moyen d’un embargo total, sans pitié ni discernement. Mais à la différence d’Houphouët, dont l’action partait d’une saine intention –le bien-être des paysans–, les néo-houphouëtistes du RHDP voulaient plutôt punir les planteurs pour leur soutien au camp présidentiel d’alors.

Parvenus à nouveau au pouvoir en avril 2011, ces économistes du FMI déversent d’un seul coup l’énorme quantité de fèves retenues dans les ports d’Abidjan et de San Pedro –premier port mondial du cacao– sur le marché international au même moment que la production de la petite traite. Les chocolatiers ne demandaient pas mieux. Les cours, qui avaient atteint en mars 2011 un niveau record depuis 33 ans, chutent drastiquement. Profitant des bas prix, les chocolatiers se constituent des stocks inhabituels. Avant que la traite ne commence, le marché est déjà saturé, au point où en octobre 2011, à la suite de la fixation politicienne et démagogique du prix bord champ à 1000 francs le kilogramme, les paysans, qui ont bien perçu la perfidie du gouvernement à leur égard, sachant bien que ce dernier est incapable de garantir ce prix, ne se sont pas laissés impressionner par ce geste irresponsable de la coalition gouvernementale RHDP.
Faut-il s’inquiéter pour nos parents planteurs? Oui, d’autant que les coopératives et les traitants sont dans une situation problématique vis-à-vis des planteurs, qui pourrait les obliger à faire exploser le front social si la perfidie du gouvernement ne cesse. Peuvent-ils croire aux promesses de Ouattara ? Non. Même la Banque mondiale n’y croit plus, selon les informations livrées par La Tribune de l’Economie dans sa parution du 17 octobre 2011. Le représentant de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, monsieur Madani Tall, se désolidarise de la propagande du gouvernement RHDP, qui consiste à faire miroiter une promesse de décaissement de 12 000 milliards des bailleurs de fonds en direction de la Côte d’Ivoire.
Cette prise de position opportune du directeur des opérations de la finance mondiale en Côte d’Ivoire vient balayer le château d’illusions savamment entretenu par Ouattara et ses amis depuis bientôt sept mois. Mais ils oublient que dans l’ordre naturel des choses, le chiffre sept intervient pour fermer une parenthèse et pour laisser éclore un autre processus. La Banque mondiale met donc le gouvernement ivoirien en face de ses responsabilités. Or, un tel gouvernement de vendeurs d’illusions, qui n’a aucun plan B, est formaté exclusivement pour lorgner du côté de l’endettement massif. En dehors de ce schéma, avec son cortège d’appauvrissement des ménages, Ouattara ne sait rien faire.

Après cette mise au point de la Banque Mondiale, sur quoi peut-il encore compter ? Sur absolument rien, d’autant plus qu’il a déjà tué la poule aux œufs d’or, à savoir l’économie cacaoyère. Les chocolatiers, tirant les leçons de l’embargo, ont constitué des stocks et des réserves importants de fèves de cacao dans leurs entrepôts, qu’ils transforment par doses homéopathiques. Un homme averti en vaut deux. Pourtant, des Ivoiriens avaient bien prévenu le RHDP de l’effet boomerang de l’embargo sorti triomphalement de la besace «ADO Solutions».
A l’occasion des prochaines législatives, le vote des populations ivoiriennes doit exprimer clairement leur refus des solutions RHDP, dont nous avons déjà gouté aux fruits amers : embargo sur le cacao et sur les médicaments, guerre, annexion du territoire national par des milices armées étrangères qui tiennent les populations villageoises en otages, violations répétées de la Constitution… Il appartient alors à chacun de prêter une oreille attentive à l’alternative que représente LIDER, en votant massivement pour ses candidats aux législatives, de sorte à avoir un Parlement qui favoriserait le passage d’un régime présidentiel, voire présidentialiste, à un régime parlementaire, terreau des Libertés et de Démocratie vraies. Attendre que Mamadou Koulibaly et les cadres du parti distribuent de l’argent, des gadgets ou de la pacotille avant de voter pour les candidats LIDER, reviendrait à hypothéquer davantage l’avenir de nos enfants, déjà endettés dans le ventre de leurs mères avant leur naissance, selon une étude publiée dans le manifeste de LIDER.

Norton Kouamé
Email : danselewey@yahoo.fr

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