Santé Dr. BOKA Ernest: « La gratuité des soins a un prix que le gouvernement doit financer »

Fraternité Matin

Source: Fraternité Matin

En marge de la 12ème édition des Epu qui s’est déroulée le week-end dernier à Yamoussoukro, le Dr Ernest Boka, secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’ivoire (Synacass-ci), s’est confié à www.fratmat.info. Il s’est prononcé sur la formation post-universitaire, la gratuité des soins dans les hôpitaux et la sécurité du personnel de santé.

M. le secrétaire général, dites-nous dans quel cadre se situe ce 12ème Enseignement post-universitaire (Epu) ?

Cette 12ème édition de nos Enseignements post-universitaire (Epu) a pour but de mettre au goût du jour, la formation de nos camarades syndiqués dans la prise en charge des malades. Le thème « les urgences » que nous avons choisi cette année, cadre aussi avec la sortie de crise post-électorale où il y a des urgences. Il est donc important de former nos camarades à une bonne prise en charge des malades. Nous le faisons régulièrement parce que le milieu médical évolue très vite. Il faut à tout moment recycler les camarades et leur faire comprendre tout ce qui est nouveau. En effet, l’État qui a la charge de la formation post-universitaire, ne la fait plus. Nous syndicats, ne pouvant rester ainsi, nous nous donnons les moyens pour la faire chaque année. Cela, pour le bonheur de nos populations.

Justement, pourquoi le choix des « urgences » comme thème principal ?

Le choix de ce thème est à propos. Dans un hôpital, c’est la porte d’entrée. Donc pour nous, au cours de cet Epu, il s’est agi de voir comment ces urgences sont-elles organisées ? Comment la prise en charge se fait-elle à ce niveau ? Et aussi, il y a des pathologies d’ordre d’urgence. Comment nos camarades doivent les prendre en charge ? C’est pourquoi, nous avons mis l’accent sur ce thème. Et le ministre l’a approuvé parce qu’elle veut mettre l’accent sur l’accessibilité des populations aux urgences.

Récemment, votre ministre de tutelle, Pr. N’Dri-Yoman a lancé la démarche qualité dans les centres de santé. Quelle sera la démarche du Synacass-ci dans ce marketing sanitaire ?

Il est important de parler de démarche qualité. Mais il y a des étapes. Et à toutes ces étapes, le Synacass-ci s’engage à soutenir cette démarche qualité. Car il faut tout faire pour que dans nos centres de santé, le comportement du personnel et tout ce qui s’y passe aillent dans ce sens. Dans ce cadre là, nous allons sensibiliser nos camarades à s’inscrire dans cette voie. Dans la démarche qualité, il y a aussi l’accueil qui est très important.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le directeur général de la santé, M. Assa Allou a signifié les attentes de la ministre. Quelles sont des résolutions concrètes qui vont permettre l’amélioration des urgences?

Dans la conférence inaugurale, nous avons parlé de la transfusion sanguine, du système d’organisation des urgences, du plan Orsec et de façon globale du système de défense. Il y a déjà un comité qui réfléchit et qui va sortir des résolutions propres et claires. Afin de dire au ministre de la Santé et de la Lutte contre le sida, comment les urgences doivent être organisées, comment la prise en charge doit se faire. Et ce, pour ne pas que les malades perdent assez de temps. Tout ceci pour que la population en venant à l’hôpital n’ait plus d’angoisse. Pour nous, il faut faire en sorte que la prise en charge soit totale pour le bonheur de la population.

Quelle est la position du Synacass-ci par rapport à la gratuité des soins ? Vu que la machine n’est pas encore bien huilée.

Le syndicat a marqué son soutien à cette politique. Le 09 juillet dernier, avec d’autres organisations syndicales de la santé, nous avons produit une déclaration de soutien. Mais dans l’application, il y a des difficultés. C’est pourquoi, nous demandons au gouvernement de financer entièrement la chaîne de prise en charge. La gratuité a un coût.

Ensuite, il va falloir financer les examens paramédicaux (radiographie, échographie, laboratoire, etc.). Il faut également recruter du personnel car l’on assiste de plus en plus à un engorgement des hôpitaux. C’est un surplus de travail. Et avec toute cette charge de travail, il faut motiver le personnel. Ce que nous demandons au gouvernement, c’est de faire en sorte que cette gratuité que nous aimons tous soit une réalité. Pour ne pas que lorsqu’un malade arrive et qu’on lui tend une ordonnance, il ait l’impression que c’est nous qui l’envoyons dans les officines privées.

Que fait le Synacass-ci pour remettre en confiance le personnel soignant qui, depuis quelques temps est l’objet d’agression dans les Chu et Chr ?

La sécurité du personnel soignant ne relève pas du syndicat. Elle est du domaine du gouvernement. C’est pourquoi, nous avons demandé à notre ministre de tutelle et à celui délégué à la Défense de sécuriser le personnel de santé sur son lieu de travail.

Nous ne sommes pas d’accord que sur notre lieu de travail, nous soyons l’objet d’exactions. En outre, nous avons dénoncé dans la communication sur la gratuité des soins, certains propos qui sont pour nous des dérives. Parce que lorsqu’on traite les médecins de voleurs, vous comprenez que lorsqu’un patient arrive et qu’il n’y a pas de médicaments, tout de suite le médecin est accusé. C’est pourquoi, nous avons demandé au ministre de changer sa politique de communication ; et de dire ce qui est réellement de la disponibilité des médicaments pour que la population le sache.

Nous demandons aussi aux patients de respecter les dispositions mises en place. Nous ne pouvons accepter que nous qui prenions en charge la population, fassions l’objet d’exactions. C’est pourquoi, nous disons aux Frci et à la population que c’est nous qui jugeons de l’urgence. Ce n’est pas parce qu’on a des fusils en mains, qu’on pense que le malade qui vient est plus urgent que l’autre.

Interview réalisée par

KOFFI KOUAME

Agence de Yamoussoukro

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