Le ferment qui fertilise la semence de la vraie réconciliation est l’Etat de droit…Réponse à Michel Amani N’guessan

Libre Opinion

L’adage est formel: lorsqu’on n’a rien de substantiel à braire, le silence est d’or. L’ex-ministre de la défense sous Laurent GBAGBO, en l’occurrence Michel Amani N’GUESSAN gagnerait à faire sien cet enseignement qui l’élèvera en contenance et en dignité que de se fendre en fariboles et mensonges cousus de fil blanc dignes de gueux contraints à faire l’âne pour recevoir du foin.

Vu le désastre sans nom engendré par l’idéologie infecte structurée autour du triptyque mensonge-haine-violence que le régime frontiste, votre régime a imposée au peuple de Côte d’Ivoire la décennie écoulée, nous croyons que vous n’êtes pas la personne indiquée pour parler d’insécurité ; pis en toisant le régime en place. Il y a des meurtrissures morales dont on se remet difficilement malgré la distance parcourue dans le créneau spatio-temporel, a fortiori lorsque les faits les ayant sécrétées relèvent d’un passé très récent. L’insécurité dont vous parlez, Monsieur le Ministre, avec tant d’aisance en indexant le gouvernement conduit avec beaucoup de dextérité par Monsieur le Président de la République et son premier Ministre est l’un des effets néfastes de l’amateurisme et de la gestion chaotique du pouvoir de celui qui s’est autoproclamé ‘’prophète’’ du peuple ivoirien, son Excellence KOUDOU 1er , votre mentor. A court d’idées génératrices de paix, de stabilité et de développement, vous vous êtes illustrés à travers un nationalisme insensé, qui plus est, délirant d’inspiration hitlérienne ponctué d’un usage quotidien quasi-obsessionnel de méthodes guerrières, violentes et scélérates jamais vues, de mémoire d’ivoiriens. A cela, il faut ajouter cette diabolique politique d’instrumentalisation d’une jeunesse volontairement maintenue dans les rets du chômage comme fer de lance de pratiques immorales à laquelle ont été distribuées à tout va des armes effrayantes utilisées avec une simplicité animale sans aucune once de remords, de pitié. On a encore vivaces à l’esprit, les atrocités commises dans la commune de Yopougon par de jeunes miliciens pro-gbagbo lors de la crise postélectorale avec le fameux article 125 (Pétrole 100 F CFA et 25F CFA pour l’achat de la boîte allumettes) symbolisant les affres de l’autodafé réservés aux infidèles, aux impurs, aux cafards, aux sous-hommes c’est-à-dire ceux qui ont le toupet de fouler aux pieds les préceptes du ‘’prophète’’ KOUDOU 1 er. Partant, cette insécurité généralisée que le premier Ministre Guillaume SORO et son équipe essaient de ramener, à travers des efforts qui sont à saluer par tous, à des proportions acceptables est l’une des ondes de choc de la gangrène que vous et votre guide suprême avez fondée, entretenue en vous servant de l’argent du contribuable ivoirien. S’étonner ou s’offusquer donc de cette insécurité galopante que vous avez d’ailleurs éminemment contribué à installer, comme vous avez semblé le faire lors de cette interview accordée au quotidien Soir Info, participe tout simplement de la mauvaise foi. Mais, quand on sait qu’au FPI le manque de probité est célébré et érigé en norme existentielle, nous croyons que cela va de soi, entre dans l’ordre normal des choses, examiné bien entendu à l’aune de la liturgie servant de socle à la chapelle frontiste.
Dans cette interview que nous assimilons à bon droit à une crise de delirium tremens comme c’est le cas chez les alcooliques invétérés, vous traitez d’épiphénomène le geste du Président de la République à l’endroit de l’ex pouvoir, marqué par la relaxation de vingt détenus pro-Gbagbo incarcérés subséquemment à la chute de son régime illégitime. Loin de nous toute intention d’invectiver, nous croyons que pour des êtres sensés, doués de conscience et donc responsables des actes quotidiens qu’ils posent, il aurait été séant comme l’indiquent les repères normatifs et intégratifs de nos sociétés d’hommes, d’apprécier à sa juste valeur cet élan de grande libéralité manifesté par le chef d’Etat dans la droite ligne du processus de réconciliation enclenché il y a de cela quelques mois, visant à rassembler tous les fils et filles de la Côte d’Ivoire autour de valeurs communes que sont le pardon, le respect mutuel, l’entente et la solidarité pour le rayonnement de ce pays. Cela mérite d’autant plus de gratitude que les fautes commises par les inculpés sont gravissimes parce qu’ils sont tous, sans exception, comptables des atrocités et de la forfaiture perpétrées, peut-être à un degré moindre, par l’ex chef de l’Etat. Ils l’ont tous soutenu dans ses manœuvres despotiques, certains avec du zèle, d’autres avec moins d’ardeur. Au-delà de l’aspect juridique, sachez que derrières ces libérations gît en toile de fond cet acte de magnanimité, de tolérance, de dépassement dont a su faire preuve Monsieur le Président car, appréhendé sous l’angle d’un juridisme scrupuleux, aucun de vos compagnons, n’aurait bénéficié de cette grâce sur laquelle vous crachez avec tant d’arrogance, d’irrévérence et de haine. C’est une périssologie de le dire, puisque, tout comme le manque de probité, l’arrogance et l’ingratitude font également partie des valeurs qui fondent l’idéologie frontiste.

Monsieur le Ministre, vous vous êtes aussi prononcé sur l’arrestation du commandant Séka Séka, aide de camp de l’ex première Dame et chef des escadrons de la mort que vous qualifiez d’acte haineux et ramant à contre-courant du processus de réconciliation en marche. Cher ex Ministre, comme l’affirmait Monsieur le Président de la République, réconciliation et Etat de droit ne sont des entités antinomiques. Nous partageons parfaitement ce point de vue savamment pensé. La vraie réconciliation s’abreuve nécessairement à la source de la justice car réconciliation ne signifie pas licence, permissivité. C’est plutôt en réparant les torts et en veillant au strict respect des droits d’autrui qu’on arrive à une société harmonieuse, pacifique. Plusieurs thèses émanant de philosophes, de sociologues et même d’historiens, de vrais, pas d’historiens d’opérette de votre trempe, vous et votre démiurge, le démontrent assez éloquemment : d’un naturel doux, clément, ce sont les frustrations subies par l’individu humain en société qui génèrent en lui des pulsions violentes. Il en ressort que l’être humain a des attitudes empreintes de mansuétude, de candeur lorsque les conditions sociopolitiques sont pacifiques, quand l’Etat de droit est en marche sans ségrégation. Dire autrement, lorsque le droit est appliqué dans la stricte légalité rationnelle, les fautes morales et illégales des citoyens sont sanctionnées tel que le prévoit la loi, l’ordre, la discipline, la civilité et surtout la paix qui constituent la dimension affirmative du progrès sont fatalement instaurées au sein de la société. Le commandant Séka Séka, est-il encore besoin de le rappeler, est un vulgaire et indécrottable assassin qui a endeuillé plusieurs familles. Son nom revient de façon itérative dans presque tous les crimes crapuleux orchestrés sous la refondation : Camara H, Téhé Emile, le général Guéi et son épouse, disparition de Guy André Kieffer. Mettre un tel sinistre individu sous l’éteignoir, le retirer de la société au profit d’un univers carcéral ne ferait qu’apaiser les cœurs et donner un véritable coup de fouet à cette réconciliation si essentielle pour un devenir heureux de notre chère nation. En quoi écrouer un tel monstre pourrait être un impédimenta à l’aplanissement des différends artificiellement créés entre les fils de ce pays, à cette opération de prise ensemble dans un moule commun d’individus naguère opposés par des mobiles et intérêts vident de toute teneur ? Séka Séka, Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes humains, économiques iront en prison comme le prévoit la loi. Le processus est irréversible. L’Etat de droit doit exister et il existera quel que soit le prix à payer. Il ne saurait être sacrifié sur l’autel de la réconciliation. Il y va de l’ordre et de la sécurité dans ce pays. Pour éviter des actions vengeresses, des règlements de comptes extrajudiciaires, le droit doit être dit en tout lieu et en toute circonstance, sans le maquiller de nos impressions personnelles.

Vous asserter aussi que la politique de gratuité arrêtée par le chef de l’Etat et appliquée dans les hôpitaux pour soulager des populations minées par la misère et la maladie relève plus de la fantasmagorie que de la réalité. Les faits l’attestent : les médicaments sont bel et bien convoyés dans les CHU, CHR et centres de santé sur toute l’étendue du territoire national et destinés à être distribués gratuitement. Si des difficultés sont effectivement constatées sur le terrain, cela est le fait de médecins, d’infirmiers, de sages-femmes, d’aides-soignants recrutés sous la refondation sur la base de critères autres que ceux de la compétence, du mérite, de la probité et confortés dans leurs dérives morales par un pouvoir d’un laxisme rageur que celui de Gbagbo résolument engagé dans la célébration d’antivaleurs. Ces agents véreux qui malheureusement sont légion dans nos services et administrations, continuent leurs basses besognes, comme s’ils exécutaient un mot d’ordre de sabotage, malgré les injonctions du gouvernement. Mais ces brebis galeuses dont le dessein manifeste est de saper ce programme d’aide et d’assistance à l’endroit des populations ivoiriennes seront, dans un avenir très proche, extirpés du système, dans leur entièreté. Madame le Ministre de la santé et de la lutte contre le SIDA, le professeur N’dri Yoman que nous félicitons ici pour la détermination affichée dans l’accomplissement de la mission à elle confiée par le chef de l’Etat, s’y attèle déjà et les résultats sur le terrain sont fort probants. Loin donc d’être un rêve irréalisable, nous vous invitons, Monsieur le Ministre, à vous rendre dans les hôpitaux pour constater de visu l’effectivité de cette politique de gratuité mise en place par le Président de la République, accueillie avec beaucoup de satisfaction et de reconnaissance par le peuple de Côte d’Ivoire. De cette façon, Monsieur Ouattara démontre que la politique ne rime pas nécessairement avec démagogie, immoralité, perversion comme l’ont montré, toute honte bue, certains politiciens. Elle a pour finalité de réaliser des valeurs dans l’optique de combler les attentes matérielles et morales de l’homme. Engager à hue et à dia des promesses tout en sachant qu’on ne les honorera pas est la marque déposée de politiciens amateurs ayant du mal à suivre l’évolution du monde de l’acabit de votre mentor qui en a fait une norme de vie. Ses exploits dans cette voie immonde foisonnent, sont même innombrables. On n’en finira pas si on se hasarde à les égrener. Alors, cher ex Ministre, un peu de pondération et de bon sens lorsque vous éructez vos insanités au sujet de ce Monsieur pétri de talents que vous admirez in petto qui se nomme Alassane Dramane Ouattara.

Vous utilisez quelque part, pour terminer, le concept de dictature que vous prédiquez au Président Ouattara. Nous vous invitons à revoir la perception que vous avez de concept car il sied mieux à votre démiurge KOUDOU 1 er. Lui qui, pour confisquer le pouvoir, a lâchement assassiné enfants, femmes, vieillards, infirmes, albinos ; braqué tel un vulgaire malfrat, la BICICI, la SGBCI, la BCEAO ; ruiné les caisses de l’Etat par des détournements répétés de deniers publics importants ; mis le pays à feu et à sang, appuyé par sa garde prétorienne épaulée par des mercenaires et miliciens grassement rémunérés. Y a-t-il plus tyran qu’un tel homme qui s’est illustré par de telles inhumanités défiant la raison humaine ? Contrairement à ce psychopathe qui mériterait d’être interné pour des soins intensifs, Monsieur le Président de la République a exigé que vous soyez tous protégés de la vindicte populaire dès la chute de votre simulacre de pouvoir. Ce qui fut fait. Qui plus est, vous et votre démiurge ainsi que son épouse avez été logés, nourris et blanchis (Laurent Gbagbo à Korhogo ; son épouse à Odienné ; leurs ouailles que vous êtes, dans des hôtels huppés d’Abidjan ; les plus récalcitrants à Boundiali, Bouna et Katiola) au compte des contribuables que nous sommes. Attaché aux valeurs de la tolérance, de l’amour et du dialogue à lui enseignés par son père et précepteur SEM Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, vous êtes conviés à embarquer dans le navire de la réconciliation, à donner votre avis sur les questions politiques, les élections législatives, un poste de vice-président vous est proposé à la CEI, des portefeuilles ministériels vous sont également proposés, vous obtenez l’élargissement de vingt de vos camarades détenus… Vous osez malgré tout traiter une âme aussi clémente et indulgente de despote ? Celui qui vous a servi la vie, la protection, la sécurité là où vous aurez, sans contrition, servi l’hécatombe comme le disait Monsieur le premier Ministre lors d’une rencontre avec la population de Bouaké ? Quelle est donc cette curieuse conception de la vie consistant à opposer à son bienfaiteur la désinvolture, l’arrogance, la violence physique et verbale ? D’ailleurs, qu’espérons-nous de constructif d’une formation politique où la déraison, l’incontinence règnent en maîtres absolus ? Heureusement que ceux qui ont encore de la jugeote, de l’humanité en eux se sont désamarrer politiquement de cette maison paillarde au profit d’autres formations politiques plus responsables, idéologiquement structurées, défendant les nobles valeurs de la démocratie, du libéralisme, de la sécurité et du bonheur pour chaque citoyen.

Permettez-moi de conclure, cher ex Ministre, en vous disant que ce processus de réconciliation voulu et mis en marche par le chef de l’Etat est irréversible. Nous sommes en démocratie, il se fera avec ceux qui voudront y participer. Personne ne vous oblige à vous y plier. Mais lorsqu’on a été l’une des clés de voûte d’un pouvoir aussi sanguinaire que celui de Gbagbo, l’humilité et la sagesse commandent qu’on fasse amende honorable à la fin de se faire pardonner ses fautes morales. C’est tout le sens qui est donné à ce rendez-vous de la repentance et du pardon. Toutefois, étant donné qu’au FPI, on a que des saints qui n’ont jamais rien fait de mal à personne, continuez donc dans cette voie semée de précipices qu’est celle de l’orgueil, de l’infatuation que rien ne justifie d’ailleurs ! Les chiens aboient, la caravane passe.

DIARRA CHEICKH OUMAR
Professeur certifié de philosophie
Lycée moderne 1 Bondoukou
Doctorant en sciences politiques
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com

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