Côte d’Ivoire – Le défi de la bonne gouvernance

Partout dans le monde, la notion de bonne gouvernance prend des allures de slogan de campagne électorale ou de projet de société, très souvent vide de contenu et destinée à donner une bonne image du régime à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds internationaux, qui font très souvent semblant d’y croire.
Sous la pression de ces grandes puissances financières internationales, beaucoup d’Etats, surtout du tiers-monde, ont été contraints d’adopter cette notion de bonne gouvernance dans la gestion des affaires de leurs pays. De ce fait, chacun lui donne un sens, selon les convenances du pouvoir en place, tout en continuant ouvertement à piller les deniers publics, au mépris de toute forme de moralité. Et pourtant, certains Etats, notamment africains, s’efforcent avec succès à en faire une réalité palpable de lutte contre la corruption, l’impunité et l’immoralité dans la gestion des affaires de l’Etat. C’est le cas, par exemple, du Ghana et peut-être demain de la Côte d’Ivoire, si ce nouveau pouvoir arrive à vaincre ce mal endogène qui fait de ce pays l’un des plus corrompus au monde. La Côte d’Ivoire sort d’une longue période de gestion du pouvoir calamiteuse qui a désorganisé ses administrations, ses infrastructures économiques et sociales et profondément affaibli ses institutions nationales. L’anarchie, l’absence d’autorité de l’Etat, une gouvernance hasardeuse et catastrophique ainsi que la corruption chronique et le désordre qui en ont résulté, ont gravement détérioré la réputation de l`Etat, affaiblit son image et son pouvoir au niveau national et international. Cette absence d’Etat fort, probe et responsable, reposant sur la solidité de ses institutions républicaines, a donc logiquement conduit à la perversion de son fonctionnement et à sa disqualification vis-à-vis du peuple ivoirien et de la communauté internationale. L`Etat n`étant plus une référence morale et d’éthique, l`administration était, de fait, profondément corrompue au point de ne plus être en mesure de répondre aux exigences du service public, entraînant ainsi le désarroi des usagers et la déconsidération de la parole de l’autorité de l’Etat. Et pourtant, une structure gouvernementale chargée de la bonne gouvernance était en place, ainsi que des organes d’inspection et de contrôle qui amusaient beaucoup les agents de l’Etat qui étaient inspectés ou contrôlés. Certains inspecteurs en mission étaient même parfois refoulés et humiliés publiquement par certaines autorités qui les menaçaient de les faire démettre de leurs fonctions. De fait, parmi les nombreux défis auxquels est confronté le gouvernement Ouattara, la réhabilitation et la crédibilité du service public d’une part ; et d’autre part, la lutte contre la corruption demeurent fondamentales dans la notion de bonne gouvernance qu’il veut instaurer. C’est-à-dire : la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat, notamment de ses actions, programmes d’actions et prises de décisions des services administratifs d’Etat. L’obligation de rendre des comptes des administrations et services publics en rapport avec des objectifs préalablement définis. L’efficience et l’efficacité, afin de permettre aux administrations publiques, notamment les services publics, de satisfaire les principes de neutralité, de continuité, de mutabilité et de laïcité qui régissent le service public, en vue de donner satisfaction à ses usagers. Et en suite, toujours anticiper les besoins et les évolutions de la société afin d’adapter la gestion des affaires de l’Etat à ces données dans cette logique de bonne gouvernance, en étant toujours réceptif et réactif. Enfin, la notion de Bonne Gouvernance et de lutte contre la corruption que veut mettre en place le Président Ouattara, à travers des institutions fortes telles que la Chambres des comptes ou l’Inspection Générale d’Etat, dirigée M. Niamien N’Goran, doit s’appuyer sur le droit et rien que sur le droit, dans le respect de la bonne gouvernance telle qu’elle est définie au niveau des normes internationales (Pnud, International Country Risk Guide, World Bank Institute, Transparency International, etc. ). Les principaux défis qui s’imposent aujourd’hui au Président Ouattara et que doivent relever l’Inspection Générale d’Etat et les Inspections Générales de Ministères sont d’une part, rendre effectives et crédibles les missions d’inspection, de contrôle et de conseils ; et d’autre part, faire en sorte que les usagers du service public ainsi que l’ensemble du peuple ivoirien s’approprient ces outils de bonne gouvernance par leurs saisines. Cela permettra au peuple ivoirien de participer directement à la gestion des affaires de l’Etat, et à la moralité de la vie politique.

Par MACAIRE DAGRY
Chroniqueur Politique à Fraternité Matin
macairedagry@yahoo.fr

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