La chronique de Bakus: Côte d’ivoire – Journalistes comment éviter le hara-kiri ?

La chronique de Bakus

L’affaire des trois journalistes pro-Gbagbo arrêtés et écroués par la justice du pouvoir Ouattara continue d’assécher les tubes d’encre des rédactions en Côte-d’ivoire et même d’ailleurs. Tous les articles sur la question se ressemblent.

Des journalistes de la presse privée pro-Gbagbo se font persécuter par la justice pro-Ouattara, nous voici chers lecteurs, retombés dans la profondeur abyssale d’un monumental dialogue de sourd entre les tenants du pouvoir et les journalistes dans leur travail d’expert comptable du quotidien. Le journalisme est l’activité qui consiste à collecter, rassembler, vérifier et commenter des faits pour les porter à l’attention du public à travers les média. Voici qui est clair ! Cette définition met à l’honneur les faits, comme pierre angulaire de l’activité journalistique. Sans faits, il n’ya rien à collecter, rassembler, vérifier et donc rien à commenter.

Dans la pratique journalistique courante sous nos tropiques, l’entonnoir se retrouve renversée. Le journaliste est tenu de produire des papiers irréprochables dans des conditions de travail en dessous du lamentable. Les patrons de presse faisant toujours figures de parents pauvres face au défit du métier, la plupart du temps, le journaliste opère comme un forgeron. L’information est fabriquée de façon flagrante dans les rédactions en lieu et place d’une enquête exhaustive. On commente, on insulte, on prend position sans jamais rien collecter, rassembler et vérifier. Pas surprenant qu’à cette pratique moutonnante, la réaction bâtonnière des bergers du pouvoir ne se fait pas attendre. Nous ne la justifions pas. Nous la rejetons au contraire.

Et si la vraie prouesse du journalisme consistait à renoncer à être pro celui-ci ou pro celui-là ? Pourquoi un journaliste doit t-il accrocher sa plume à la veste d’un politique ?

La réponse est à la fois simple et complexe. Dans une Afrique ou les rancœurs politiques sont tenaces et dangereuses, la proximité du pouvoir prime sur la déontologie et la conscience professionnelle. Aussi, la faim ne justifie-t-elle pas la méthode ? C’est connu, on ménage toujours le donneur de pain. Celui-ci peut être au pouvoir, comme dans une opposition nantie à la Gbagbo. Le journalisme militant semble encore avoir devant lui des jours radieux, tant les clans sont bien définis et les positions bien tenues. Gare à celui qui ose ramer à contre-courant des pratiques ambiantes.

Pourtant, l’espoir est permis. Il faut résoudre le problème de la presse en amont. Les organes de régulation de la presse, au lieu d’être les raides gendarmes d’une situation déjà chaotique, peuvent redorer le blason de la presse, en exigeant que tout ceux qui veulent créer des entreprises de presse aient des moyens adéquats pour le faire. C’est à dire, donner les outils professionnels qu’il faut et pouvoir payer des salaires réguliers.

C’est à cette seule condition que les journalistes pourront exercer leur métier avec probité et professionnalisme et sortir du journalisme artisanal. Faute de quoi, le monde de la presse, court vers un inéluctable hara-kiri.

Bakus vous salue.

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