Nicolas Sarkozy – le « would be » Napoleon que personne n’aime, dans un portrait décapant du New Yorker

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En ces heures européennes capitales, Nicolas Sarkozy ne devrait pas lire le portrait de lui que vient de dresser le prestigieux New Yorker, sous peine de perdre son sang-froid.

Dans un article de 15 pages publié dans sa dernière édition (celle datée du 12 décembre), le magazine new yorkais ne fait guère de cadeau au président français. « Au début, il était le plus populaire des Présidents français depuis l’établissement de la cinquième république », écrit le journaliste Philip Gourevitch, qui est le correspondant du New Yorker à Paris, « aujourd’hui, il est le plus impopulaire ».

Et Gourevicht de souligner que Sarkozy est « souvent décrit comme celui qui aurait aimé être Napoléon (a would be Napoleon) » et que les Français le considèrent à la fois comme « une tragédie et une farce ». « La popularité de Sarkozy s’est effondrée bien avant l’économie. Ce qui rebute les Français n’est pas tellement sa politique que son style. L’antipathie est personnelle », ajoute-il.

Intitulé « sans issue » (No exit), l’article se demande en sous-titre si « Nicolas Sarkozy -et la France- peut survivre à la crise européenne ». Surtout, durant quinze pages, il liste méthodiquement toutes les raisons de l’impopularité du président, de la soirée du Fouquet’s en passant par le yacht de Bolloré ou encore la réception de Kadhafi à Paris en 2007, qualifiée « d’humiliation » par un officiel français. Il s’attarde aussi longuement sur l’affaire de Karachi et des ventes de sous marins au Pakistan en assurant que ce fut un nouveau coup pour l’image du locataire de l’Elysée.

Paragraphe après paragraphe, le New Yorker dresse ainsi le portrait d’un président « singulier » qui n’a pas réussi son pari de changer la France. « Nicolas Sarkozy n’aime pas le vin. Il n’aime pas les fromages qui sentent fort. Il aime les diet Coke et les cigares », commence l’article. Avant d’affirmer un peu plus loin : « C’est facile d’oublier l’excitation qu’a inspirée Sarkozy à un moment ent tant que le symbole d’un renouveau national et d’une transformation. Mais la ferveur avec laquelle on le rejette ne peut être comprise qu’à l’aune de son attrait originel, comme une mesure de la désillusion ».

Le New Yorker fait aussi une description physique sans pitié de Sarkozy, lors de son voyage à Liberty Island en septembre dernier, en marge de sa visite à l’Assemblée générale de l’ONU. « Sarkozy a poussé ses lèvres vers l’avant; il les a tirées en arrière dans un sourire; il a levé les sourcils, en plissant le front, puis il a plissé les yeux et son front s’est relaxé; il a retroussé ses lèvres; il a relevé le menton; il a regardé à gauche; il a regardé à droite; il a remué ses machoires comme s’il essayait de déboucher ses oreilles; il a fait jouer les muscles de ses joues, il a tiré sur les tendons de son cou, il a remué les narines; il a réussi à sourire de nouveau puis s’est arrêté. Tout cela en l’espace d’une minute ou deux ».

L’article, qui repose notamment sur des interviews avec Jacques Attali, Bernard-Henry Levy, Yasmina Reza, mais aussi avec Marine Le Pen, est aussi l’occasion de montrer une France mal à l’aise dans sa relation avec l’Europe et pessimiste sur son avenir. « Nous sommes à un moment où un manque de leadership pourrait condamner le continent à une génération de dur labeur, et tout ce que Sarkozy semble capable de faire est d’être l’enquiquineur en chef de Merkel et de prononcer des discours, » poursuit le New Yorker, avant de s’attarder sur l’effort de « représidentialisation » de Sarkozy pour les élections à venir.

Rédigé par Fabrice Rousselot à 23h29 | Liberation.fr

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