ONU Janvier 2012-janvier 2014: «Un contexte de Guerre froide» au Conseil de sécurité

«C’est comme la Guerre froide », cette réaction d’un diplomate occidental résume l’atmosphère au sein du Conseil de sécurité qui vit l’une de ses crises les plus sérieuses. Le dossier de la Syrie et l’intervention de l’OTAN en Libye ont profondément divisé et bloqué l’action du Conseil avec d’un côté les pays occidentaux favorables à l’intervention de l’OTAN et de l’autre le camp de la Russie, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil, qui vient d’achever son mandat. C’est dans ce contexte et celui de la crise entre les Etats-Unis et l’Iran à propos du Détroit d’Ormuz que le Maroc, élu le 21 octobre 2011, devient à partir du 1 janvier 2012, membre non permanent du Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans, aux côtés du Togo, du Guatemala, d’Azerbaïdjan et du Pakistan qui ont également rejoint l’institution onusienne. Le Conseil de sécurité de l’ONU, qui comprend cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et dix non permanents élus pour deux ans, a déjà été réformé en 1963, l’année où le Maroc était membre non permanent, comme il le fut du reste en 1992-93. Le nombre des membres non permanents a alors été porté de six à dix.

Mais depuis, les voix n’ont cessé de demander, pour plus d’efficacité, une réforme en profondeur. En décembre 2006, dans son discours d’accueil, le SG des Nations unies Ban ki-moon avait lui-même appelé de tous ses vœux cette réforme: «J’ai une grande foi dans l’ONU. Mais nous devons réformer cette organisation sexagénaire pour la rendre plus pertinente et plus efficace». 6 années après, force est de constater que, comme son prédécesseur Kofi Ananan, l’actuel SG n’aura pas réussi à élargir le Conseil de sécurité pour le rendre plus démocratique… Pour réformer la composition du Conseil de sécurité dans un sens qui refléterait mieux les forces des pays émergents, comme le Brésil, l’Inde, le Japon, il faut les deux tiers des 193 Etats membres de l’Assemblée générale et l’accord des cinq permanents. Jusqu’à maintenant, pour cette raison, tous les efforts de réforme ont échoué. Ban ki-moon aura néanmoins réussi à changer «la culture onusienne» en rationalisant une machine qui emploie 60 000 personnes (160 000 avec les casques bleus), dispose d’un budget de près de 10 milliards de dollars, mène des missions de la paix dans 20 pays et enregistre un déficit colossal en milliards de dollars.

Il reste que le concept de «communauté internationale» est aujourd’hui vide de sens en absence de réelles possibilités de régulation internationale. Les nouvelles guerres dites humanitaires fondées sur «l’idée d’ingérence et de responsabilité de protection des peuples» défendue par les pays occidentaux sont une réalité dont il faut tenir compte. Ce que fait le professeur Bertrand Badie dans son ouvrage «Une diplomatie de connivence» où il dénonce «les nouveaux directoires du monde figés dans un fonctionnement d’exclusion, l’absence d’effectivité, l’insuffisance de la régulation mondiale et une diplomatie excluante, profondément oligarchique, reposant sur le principe de connivence qui la condamne en fait à l’immobilisme » ou à la guerre préventive qui légitime l’usage moral de la violence comme en Irak ou en Afghanistan. Ceci au détriment d’outils de négociation et de règlement pacifique, au détriment de l’objectif même de l’organe exécutif des Nations unies, Le Conseil de sécurité qui, il faut le rappeler selon la charte de l’ONU, a « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Par Farida Moha | LE MATIN

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L’Afrique du Sud prend la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU

L’Afrique du Sud préside le Conseil de sécurité des Nations unies depuis le 1er janvier 2012. C’est une présidence tournante. Pretoria occupera cette fonction durant un mois.

Après une année 2011 marquée par les hésitations de Pretoria sur la crise en Côte d’Ivoire et par le revirement sur la crise libyenne, les Sud-Africains promettent de mettre les relations entre les Nations unies et l’Union africaine au cœur de leur agenda.

Ils comptent notamment réfléchir à une meilleure cohérence entre les deux institutions dans le domaine de la prévention et de la résolution des conflits.

L’autre grand rendez-vous diplomatique pour l’Afrique du Sud se déroulera un peu plus tard dans le mois, à Addis Abeba. Lors du prochain sommet de l’UA, les Sud-Africains vont proposer Nkosazana Dlamini Zuma à la présidence de la commission de l’Union africaine pour la paix et la sécurité. Un poste qu’occupe actuellement Jean Ping, candidat à sa réélection.

Actuelle ministre de l’Intérieur, ancien chef de la dipomatie, Nkosazana Dlamini Zuma est une proche de l’ancien président Thabo M’Beki. Elle est réputée pour sa capacité de travail et son caractère entier. Pour essayer d’obtenir son élection, les Sud-Africains n’ont pas ménagé leurs efforts pour convaincre les autres Etats membres.
Source: RFI

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