Côte d’Ivoire – Promesse politique…

Connaissez-vous un seul candidat à une élection politique, surtout présidentielle, qui ne fasse de promesses mirobolantes? Bonne chance dans vos investigations et faites nous signe dès que la trouvaille sera effective. Comme le disait l’ancien ministre de l’intérieur français Charles Pasqua : En politique, la promesse ne tient que pour ceux qui y croient. Il ne nous vient pas en idée de soutenir que la promesse ne doit pas être tenue ou qu’elle est une simple stratégie trompeuse pour arriver à ses fins. Non pas du tout. Nous le savions depuis Massa Makan Diabaté cet auteur de talent venu de son Mali natal pour dire à hauteur de voix d’adulte ce qui caractérise l’esprit de l’africain envers ce que doit être le dire d’un chef : Le chef n’est pas tenu de dire ce qu’il va faire mais, il est tenu de faire ce qu’il a dit. Nous sommes donc de cette culture de l’oralité où la parole donnée ne saurait être réduite à un vil stratagème ou à satisfaire une science dite « politique ».

Une vérité politique n’est pas une vérité sociétale, et une vérité scientifique n’est pas une vérité religieuse. Restons donc dans la perspective politique pour comprendre la promesse politique et ses sous-entendus. Lorsque le candidat Ouattara promettait la primature à son puissant allié le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), nous étions dans l’entre deux tours de la présidentielle ivoirienne. Les intrants de l’époque étaient favorables à cette prévision ma foi tout à la fois légitime et logique. Le terrain politique étant en perpétuel chamboulement, la vérité d’un soir ne tient que pour la soirée, demain est un autre jour chargé de ses réalités qui demandent la plus grande attention et la nécessaire célérité pour les mouvoir. C’est cela la stratégie de la contingence qui est elle même la satisfaction des exigences de l’environnement.
Le refus de Gbagbo de sortir honorablement par la grande porte qui lui était offerte, son acharnement à vouloir confisquer la chose publique pour ses intérêts personnels, par de petites malices politiciennes, a fini par imposer un nouveau décor fait de tractions secrètes, de deals occultes qui devaient irrémédiablement mettre les promesses de campagnes en bémol sinon aux calendes grecques. Ne pas tenir compte de la nouvelle donne dans la situation délicate du pays serait le refus de cette pensée du sage Félix Houphouët Boigny : La politique, c’est la saine appréciation des contingences du moment. En effet, faire la politique c’est savoir distinguer l’essentiel de l’aléatoire de l’heure, c’est vite établir les priorités, l’ordre et le temps de leurs exécutions.

Souvenons nous que les FRCI qui sont tant décriées aujourd’hui sont nées de la négation de Gbagbo de voir dans les élections la volonté du peuple ivoirien le rejet de sa politique suicidaire. C’est encore lui la cause qui a fait de SORO Guillaume le premier Premier Ministre du tout nouveau Président démocratiquement élu dans une élection en Côte d’Ivoire avec plus 81% de suffrage exprimé. Le « père » du multipartisme, encore que multipartisme n’est pas démocratie, comme l’ont nommé ses thuriféraires démontre s’il en est que pour certains les élections sont simplement un alibi, un faire valoir pour se cramponner au pouvoir.
Alors, doit-on remuer ciel et terre ou troubler davantage les lendemains d’espoir pour la Côte d’ Ivoire qui se remet petit à petit des affres de la division de ses hommes politiques ? Qu’est ce qui est plus important, le réveil de ce pays naguère locomotive de la sous-région ou la satisfaction d’un parti politique fut il le plus organisé et le plus ancien?

Nous ne nous posons pas ici en apôtre du très décrié, à tort ou à raison, Premier Ministre Mr Kigbafori. Le réalisme nous exige de faire de la lecture politique ou seule la raison est maîtresse. C’est l’échec de la classe politique qui a fait surgir le jeune syndicaliste d’abord et ensuite Secrétaire Général du MPCI parmi tant d’autres de son âge à assumer les premiers rôles . En politique comme en affaire, le flaire et l’efficacité commande le terrain. Devrions-nous refuser de concéder à l’actuel Premier Ministre son courage et son don politique sous le prétexte qu’il a dirigé une rébellion qui devait s’opposer à un pouvoir aussi mortifère que démagogue ?
Certes, des éléments de l’ex rébellion se sont rendus coupables de bévues immondes, de crimes abominables qui méritent que justice soit rendue aux noms des victimes innocentes qui ne peuvent se justifier par la barbarie de l’autre camp.

La promesse du candidat Ouattara était de nommer un Premier Ministre du PDCI après les élections et non un premier ministre de ce parti tout le long de son mandat quinquennal. La constitution octroie au Président le pouvoir discrétionnaire de choisir et ses ministres et son Premier Ministre. Le PDCI sera-t-il satisfait d’un Premier Ministre éphémère à la Edith Cresson ? Sachant que ce poste est du bon vouloir d’un décret, est-t-il si important au nom de ce poste de fragiliser ce gouvernement et ce pouvoir qui est aussi le leur? Après tout, Mr Ouattara aura tenu sa promesse de campagne en nommant et dégommant en un temps record le soupirant PDCI aux fins de paraitre honorer ses engagements de campagne. SARKOZY le fit dans le cas de Rama YADE pour satisfaire un certain électorat. C’est cela la politique politicienne à laquelle nous avions été abonnés depuis.

En fait, si les circonstances le justifient, une promesse politique peu être tenue bien après les délais que prescrivait le discours de campagne. Lors de la dernière campagne Présidentielle américaine, le candidat Barack OBAMA promettait le retrait des troupes américaines de l’Irak dans les 18 mois après sa prise de fonction à la Maison Blanche, ce retrait finalement n’eût lieu que le mois dernier. Politiquement, la promesse a été tenue même si cela parait largement hors délais. Les pressants et les considérations impromptus ont dicté le calendrier d’exécution de sa promesse de campagne. Au nom des engagements nous aurons souhaité que la primature revienne au PDCI, mais au nom de l’intérêt supérieur du pays, lorsque cela se justifie, nous souhaitons que le chef de l’état soit aidé à la tâche par ses partisans d’hier à redorer le blason si terni de ce pays. Peu importe pour l’heure si le Premier Ministre est de Jean ou de Paul, qu’il soit un refondu repenti, du Nord ou du Sud pourvu que cela nous mène à Zion. Que chaque ivoirien œuvre au redressement de la Côte d’Ivoire. Pour qu’il y ait des partis politiques capables de participer pleinement à l’essor du pays, il faut un pays début et offrant l’espoir à ses filles et fils. Le pays revient d’un horizon brumeux et, comme une mère malade chacun de ses enfants se doit de l’offrir le confort nécessaire à son prompt rétablissement. Les enjeux de la politique politicienne pourront reprendre leurs droits une fois la vitesse de croisière atteinte.
A ceux qui pensent que l’échec du Président Ouattara sera un échec personnel et une victoire pour leur égo, qu’ils méditent bien cette pensée infinie de Lucien FEBVRE qui parle à notre conscience et à nos sentiments : Dans le bateau menacé, ne soyez point Panurge qui se salit de mâle peur, ni même le bon Pantagruel qui se contente, tenant le grand mat embarrassé, de lever les yeux au ciel et implorer. Retroussez vos manches comme frère Jean et aidez les matelots à la manœuvre.

HAIDARA Chérif
ivoireScoop.net

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