Selon La Lettre du Continent, rien ne va plus entre Ouattara et Soro

La «feuille confidentielle» parisienne spécialisée sur l’Afrique révèle, dans sa dernière édition, l’ampleur des tensions.

Les observateurs avertis des médias afro-parisiens ont noté, il y a quelques semaines, juste avant les dernières élections législatives, la campagne de presse subtile initiée pour convaincre le monde entier de la solidité et de la qualité du «tandem» entre Alassane Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro. L’idylle proclamée n’aura pas duré longtemps. Désormais, les fuites orchestrées sur les conflits latents entre les deux têtes de l’exécutif sont de plus en plus précises.

Dans sa dernière livraison, La Lettre du Continent raconte par le menu ce qui s’apparente à une «guerre froide» au sommet. «Inquiet par le comportement des anciens comzones, davantage concernés par les berlines de luxe que par l’uniforme, ADO n’hésite pas à contourner son Premier ministre Guillaume Soro – sécurocrate du pays ayant montré sa capacité toute relative à maintenir l’ordre –, au risque d’assombrir la lune de miel entre les deux hommes», écrit le périodique.

Au cœur de la palabre ? Les incidents de décembre à Sikensi et à Vavoua. Premier signe de la défiance ? «Le 23 décembre, sans avertir son premier ministre, également détenteur du portefeuille de la défense, le chef de l’Etat a nommé Koné Zakaria – sans doute l’ex chef de guerre le moins proche de Guillaume Soro – à la tête de la nouvelle police militaire», rapporte La Lettre du Continent. Qui révèle que pour manifester son mécontentement, Ouattara a demandé à Adama Koné, le directeur général du Trésor public, de bloquer un versement d’un milliard de FCFA destiné à la Primature – la dernière tranche du budget de souveraineté pour 2011. «Je ne suis plus convaincu de pouvoir le maintenir», confierait Ouattara à ses proches. Qui pourrait tout de même reconduire temporairement Soro à défaut de l’envoyer au perchoir, vu qu’il n’aura l’âge requis – 40 ans – que dans plusieurs mois. Un perchoir qui pourrait être occupé par Tiémoko Yadé, membre du Bureau politique du Rassemblement des républicains (RDR) ou par Amadou Gon Coulibaly, actuel secrétaire général de la Présidence.

CPI: les noms des comzones que Soro veut livrer… pour se sauver !

Guillaume Soro sacrifiera-t-il certains de ses comzones pour échapper aux «griffes» de la Cour pénale internationale, vers laquelle voudraient le pousser, selon La Lettre du Continent, «des ONG anglo-saxonnes», et où les Etats-Unis voudraient le voir comparaître comme témoin, ce que la France réprouverait pour l’instant ? «Pour rassurer et marquer ses distances envers ses anciens frères d’armes, Soro a réitéré son engagement à collaborer avec la juridiction internationale lors de son déplacement aux Nations-Unies, à New York, mi-décembre, où il assistait à la conférence des pays membres du traité de Rome instituant la CPI. Devant la nouvelle procureure, la Gambienne Fatou Bensouda, il s’est même disposé à ne plus soutenir ses compagnons, et non des moindres: le patron du Groupe de sécurité présidentielle, Chérif Ousmane; le commandant des forces spéciales, Losseni Fofana; ainsi qu’Issiaka Ouattara, alias «Wattao», commandant de la garde républicaine.» Le fait que les noms des futurs sacrifiés du ouattarisme soient ainsi jetés sur la place publique n’est pas pour améliorer l’ambiance déjà délétère entre les «vainqueurs» du 11 avril.

Repris par Philippe Brou
Le Nouveau Courrier

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