En Afghanistan les talibans revendiquent le meurtre des 4 soldats français

Les talibans ont annoncé, samedi 21 janvier, qu’ils avaient recruté le militaire afghan qui a attaqué des soldats français la veille dans la province orientale de Kapisa, faisant 4 morts et 15 blessés, dont 8 graves.

« L’émirat islamique d’Afghanistan a recruté des personnes occupant d’importantes fonctions. Certains ont déjà accompli leurs missions », a déclaré Zabihullah Mijahid, porte-parole du mouvement islamiste, joint par téléphone. Un responsable local de la milice a ajouté que la vidéo diffusée récemment montrant des marines américains engagés en Afghanistan urinant sur des cadavres avait accru la popularité des talibans et a promis d’autres attentats.

Le ministre de la défense, Gérard Longuet, est arrivé samedi matin à Kaboul. photo JOEL SAGET

« LA MISSION DES FORCES FRANÇAISES RESTE LA MÊME »

Le ministre de la défense, Gérard Longuet, est arrivé samedi matin à Kaboul, accompagné du chef d’état-major des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud. Tous deux devront évaluer la dangerosité de la mission des soldats français en Afghanistan. A son retour, M. Longuet fera un rapport à Nicolas Sarkozy, qui décidera d’un retour prématuré, ou non, des troupes en France, initialement prévu « au plus tard en 2014 ».

« Nous devons engager une réflexion pour appuyer un travail qui est une réussite, a souligné le ministre, dans la capitale afghane. Tout l’enjeu de cette visite est d’évaluer l’attitude que nos responsables doivent prendre. » « La mission est exactement la même, faire émerger une force stable », « pour transmettre le relais » aux Afghans.

« PRONOSTIC VITAL ENGAGÉ POUR CERTAINS »

Le ministre a pu monter à bord d’un aéronef sanitaire, stationné sur le même tarmac, chargé du rapatriement de 12 blessés, dont 5 graves, vers la France. « Le pronostic vital est engagé pour un certain nombre d’entre eux. Un soldat est très gravement blessé. Son pronostic vital est engagé à court terme », a observé un médecin militaire français. Ces militaires ont été blessés ou tués par un soldat afghan, dont ils assuraient la formation militaire, alors qu’ils faisaient un jogging à l’intérieur d’une enceinte militaire et qu’ils ne pouvaient se défendre.

Gérard Longuet doit ensuite voir samedi et dimanche notamment le président afghan Hamid Karzaï ainsi que ses ministres de la défense et de l’intérieur, le général John Allen, commandant de l’ISAF, le bras armé de l’OTAN en Afghanistan, et le général Olivier de Bavinchove, chef d’état-major de l’ISAF.

L’attaque de vendredi est le deuxième incident du genre frappant la France en trois semaines. Six hommes ont perdu la vie dans ces circonstances, sur un total de 82 soldats morts au front, depuis le déploiement de la force internationale, fin 2001. La France compte actuellement 3 600 soldats en Afghanistan sur les quelque 130 000 de la force de l’OTAN.

La Maison Blanche a exprimé vendredi ses condoléances après l’attaque mais a refusé de commenter la possibilité d’un retrait anticipé des forces françaises déployées dans ce pays. « Les Français sont dans nos pensées et nos prières », a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, affirmant par ailleurs ne « pas vouloir anticiper quelque discussion ou décision que ce soit que la France pourrait prendre ».

LEMONDE

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La France suspend ses opérations en Afghanistan, et envisage un retrait

LEMONDE

Le bilan de la tuerie perpétrée par un soldat afghan visant des militaires français à l’intérieur d’une de leurs bases en Afghanistan, vendredi 20 janvier, s’élève à quatre tués et à « une quinzaine de blessés, dont huit grièvement », selon le ministère de la défense.

Nicolas Sarkozy, qui a confirmé la mort des soldats lors de ses vœux au corps diplomatique, a annoncé la suspension des opérations de formation et d’aide au combat de l’armée française auprès de l’armée afghane. « Je ne peux pas accepter que des soldats afghans tirent sur des soldats français », a-t-il souligné. La question d’un retour anticipé de l’armée française est posée, a-t-il ajouté.

La France demande à l’armée afghane des « assurances crédibles » sur le recrutement de ses soldats, sans quoi les troupes françaises se retireront d’Afghanistan de manière anticipée, a prévenu le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé. La question sera évoquée lors de la visite du président afghan en France. En attendant, Gérard Longuet, le ministre de la défense, est envoyé en Afghanistan auprès des militaires français. « C’est une tragédie qui s’apparente à un assassinat », a déclaré le ministre, qui a réclamé une « enquête immédiate ».

La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a toutefois déclaré vendredi qu’elle n’avait « aucune raison de penser » que la France allait accélérer le retrait de ses soldats d’Afghanistan. « Nous sommes en contact étroit avec nos collègues français et nous n’avons aucune raison de penser que la France ne va pas continuer à faire partie du délicat processus de transition » en Afghanistan, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

SOLDATS PAS ARMÉS

Gérard Longuet a précisé que les événements s’étaient produits sur la base de Gwam, dans le district de Tagab, dans la province de Kapisa. « C’est dans le cadre d’un entraînement à l’intérieur de la base qu’un tireur a abattu, assassiné quatre de nos soldats dans des conditions qui sont inacceptables, a-t-il poursuivi. Ils n’étaient pas armés, ils ont été proprement assassinés par un soldat afghan. On ne sait pas pour l’instant si c’est un taliban infiltré ou si c’est quelqu’un qui a décidé de son geste pour des décisions que nous ne maîtrisons pas. »

Cérémonie de levée des corps des deux soldats tués le 29 décembre avant leur rapatriement vers la France.

Cérémonie de levée des corps des deux soldats tués le 29 décembre avant leur rapatriement vers la France.AFP/JOEL SAGET

Les soldats ont été attaqués alors qu’ils terminaient une séance d’entraînement sportif dans leur enceinte militaire, où ne se trouvaient que des coopérants afghans et des formateurs français. « Les soldats français étaient en pleine séance de footing quand le soldat de l’armée afghane a tiré », explique le lieutenant-colonel Michel Sabatier, porte-parole de l’armée française en Afghanistan. « Les soldats n’étaient pas protégés. Ils ne pouvaient pas se défendre. Lui a tiré dans le groupe. Puis ils l’ont neutralisé », a confirmé une source sécuritaire afghane, sans donner plus de détails sur l’assaillant.

CONDOLÉANCES DE KARZAÏ À LA FRANCE

« Le président est attristé par cet incident et exprime sa sympathie profonde et ses condoléances au peuple français et aux familles des victimes », a indiqué le président afghan, Hamid Karzaï, dans un communiqué, ajoutant que « la France avait apporté une aide considérable » à l’Afghanistan ces « dix dernières années » et que « les relations entre les deux pays avaient toujours été fondées sur l’honnêteté ».

Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a aussi présenté ses condoléances à la France, estimant qu’il s’agissait d’un « jour très triste » pour les troupes engagées dans le pays.

LES FRANÇAIS CONCENTRENT LEURS EFFORTS EN KAPISA

La mort de ces quatre soldats porte à quatre-vingt-deux le nombre de militaires français tombés en Afghanistan depuis le début du déploiement de la force internationale, fin 2001, les six derniers en moins d’un mois. La France, qui compte actuellement trois mille six cents soldats dans le pays, après le retrait de quatre cents de ses militaires depuis le mois d’octobre, a enregistré en 2011 ses plus lourdes pertes depuis le début du conflit, avec vingt-six soldats tués en opération.

Le 29 décembre, deux légionnaires français avaient été tués par le tir délibéré d’un soldat afghan de l’ANA, l’armée nationale afghane, une attaque sans précédent de la part d’un militaire afghan, selon l’état-major des armées. L’auteur de la fusillade avait été immédiatement tué par les militaires français. Selon l’armée, l’assaillant faisait partie d’un « détachement permanent de l’ANA » posté sur une montagne de la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul. Ils avaient été rejoints par les militaires français à l’occasion d’une opération conjointe d’appui et de soutien.

Après la décision annoncée à la fin novembre par le président Karzaï de transférer aux forces afghanes la responsabilité de la sécurité du district de Surobi (est de Kaboul), les Français concentrent leurs efforts en Kapisa, où ils ont subi la totalité de leurs pertes de 2011. Ils sont fortement impliqués dans la formation de l’armée afghane, qui doit prendre le relais de l’OTAN après le départ de la force internationale, programmée pour 2014.
Six Américains tués dans le crash d’un hélicoptère

Six militaires américains sont morts dans le crash de leur hélicoptère, jeudi 19 janvier, dans la province du Helmand, dans le sud-ouest de l’Afghanistan.

L’hélicoptère, un CH-53 Sea Stallion, s’est écrasé pour une raison indéterminée, mais « les premiers éléments laissent penser qu’il n’a pas été abattu », a déclaré un responsable américain. « La cause de l’accident fait l’objet d’une enquête », ajoute la Force internationale de sécurité et d’assistance, qui souligne que « les premiers éléments indiquent qu’il n’y avait pas d’activités ennemies dans la zone au moment du crash ».

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