Allassane OUATTARA, le schisme et le paradoxe de paix – Par Serge Nicolas NZI

Par Dr Serge-Nicolas NZI | publié le 28 novembre 2011

I – Constat douloureux 

Nous faisons tous le constat douloureux à la veille d’une nouvelle dévaluation du franc CFA, qui va doubler la dette de la Côte d’Ivoire et ruiner l’effort de travail de plusieurs générations d’ivoiriens. Que les conditions d’émergence de la stabilisation de la paix et de la démocratie en Côte d’Ivoire sont très loin d’être remplies. Il s’agit de les explorer, de les expérimenter dans le mouvement même qui porte les ivoiriens à s’initier à la citoyenneté ; à se délivrer des catégories politiques du bien et du mal. Des élections législatives y sont prévues avant Noël prochain et on pense que cela va ramener la paix sans affronter le problèmes de fond, qui est et demeure, comment faire vivre tous les ivoiriens ensemble dans un pays qui est le leur ? En réalité un ressort s’est cassé dans l’âme de la nation. Le pays porte en lui un dilemme qui est au cœur de son propre schisme avec la république.

Pendant l’occupation française, de l’amnistie du 22 juin 1940 à la libération en août 1944, des français voulaient collaborer pour sauver leur vie et peut être leurs privilèges. Le pays n’ayant plus d’armée, collaborer pour survivre était, disaient-ils la meilleure solution.

De l’autre côté il y avait les patriotes résistants qui disaient, qu’il fallait continuer la lutte par d’autres moyens. Résister ou mourir, car collaborer c’est renoncer à l’existence de la nation. C’est indigne et surtout la fin de tout ce qui a fait la France en tant que pays. Ce fut à la fois un schisme et un dilemme dans le corps social du peuple français.

La chasse aux collabos qui s’était emparée de la France à la libération, les règlements de comptes, les femmes rasées dans les rues, des familles qui avaient dû changer de nom à cause de l’opprobre et de l’indignité qui s’étaient abattues sur eux. Tout cela montre ampleur du dilemme et de la déchirure très net entre le choix dramatique fait par le de gouvernement de Vichy et l’intérêt national.

L’histoire du monde fourmille d’exemples des nations, des religions ou des courants de pensés qui ont fait le choix de se séparer au nom des certitudes des un et des autres. On nous a brandit la division de la Côte d’Ivoire en deux états le nord et le sud, comme la proclamation de la république du sud Soudan le 9 juillet 2011 dernier.

Quand nous insistons pour que la réconciliation nationale se concrétise par des gestes forts de la part des dirigeants politiques dans le cadre d’un dialogue national utile entre le RHDP et la LMP, c’est de cela qu’il s’agit.

C’est parce que nous voyons de loin tous les hyènes et les chacals qui tournent autour de la Côte d’ivoire, y compris les charognards qui sont déjà dans le ciel et n’attendent que ce pays malade s’affaisse pour foncer sur ses restes et participer à la bamboula et au festin géant qu’ils attendent tous. Certains ont déjà préparé le feu, car quand ce malheureux pays sera dépecé, ils boucaneront leurs part du gibier pour mieux consommer cette viande de rêve tant recherchée par les prédateurs qu’ils sont.

II – Pourquoi le pays est-il tombé si bas

Il y a des pays du monde occidental qui ont limité à deux ou à trois le nombre de mandat qu’un homme peut faire à la tête de l’Etat. Ce système permet d’éviter la situation ridicule d’un homme qui fait plus de trente ans au pouvoir. Les exemples à ne pas suivre, sont sous nos yeux, nous montrant les Mobutu, Houphouët, Ahidjo, Bongo, Eyadema et consorts.

C’est pour éviter l’usure du pouvoir et surtout pour que l’alternance soit une réalité de la vie démocratique qu’on limite le nombre de mandats au sommet de l’Etat, on évite ainsi qu’un homme, sa famille politique et son groupe ethnique, s’oppose au changement par esprit de conservation et entraîne le pays dans un schisme sanglant. La guerre du Biafra, la crise du Liberia, la crise en Sierra Leone et la crise ivoirienne ne sont que des luttes pour le pouvoir et sa conservation.

Il n’y a qu’en Afrique où l’homme politique situe sa présence dans une durée sans fin à la tête de l’Etat. C’est même devenue une habitude et un but de vie. Paul Biya, Blaise Compaoré, Idris Deby Itno, Denis Sassou Nguesso etc. Le bien être de leur peuple n’est pas la finalité de l’action politique chez ces gens. Et malheur à celui qui émettra la moindre critique sur une telle pratique.

Les journaux du pouvoir et leurs chiens seront détachés pour lui sauter à la gorge, afin d’en finir avec lui. Car en définitive tuer et faire tuer reste et demeure une habitude instinctive et indicible d’un gouvernement criminel. Tout cela crée l’amertume, la désillusion et un schisme entre gouvernants et gouvernés.

Les schismes sont nombreux dans l’histoire. Un schisme c’est la séparation d’un groupe en deux, comme le royaume d’Israël et celui de Juda, après le règne du roi Salomon. On peut ajouter le divorce entre les catholiques et les protestants. Entre catholiques et orthodoxes. Entre catholique et anglican etc.

La papauté elle-même oublie aujourd’hui qu’à cause de ses propres incohérences, il fut un moment ou l’église catholique avait deux papes. L’un à Avignon en France et l’autre à Rome. Nous évoquons tous ces faits en observant très attentivement tous ceux qui nous donnent des leçons de démocratie, de sérénité, de calme, de résignation et de droit de l’homme.

Nous leur rappelons souvent que les premiers chrétiens étaient pourchassés, ils avaient connus de terribles persécutions au début de la chrétienté et pourtant c’est l’église à son tour dans une intolérance sans nom, qui avait inventé l’inquisition et le bûcher. L’être humain est en confrontation permanente avec sa propre histoire. Nul ne peut affirmer que la droiture et la morale orienteront toujours l’être humain qui est le sujet de l’histoire.

C’est pourquoi nous étalons toujours en toile de fond la confrontation de l’histoire face aux exigences du temps présent. Dans l’islam le schisme entre sunnites et chiites est en réalité un problème de légitimité, quand s’éteint le prophète Muhammad, le messager d’Allah le 8 juin 632 à Médine. Une partie de ses fidèles s’étaient prononcée pour son jeune cousin qui, était aussi son gendre, Ali, qui était un esprit brillant. Mais malheureusement, l’homme avait beaucoup de détracteurs.

Ils réussirent par trois fois à faire désigner comme successeurs des représentants de la partie adverse. Ali réussit à remporter la quatrième élection, mais ses ennemis se révoltèrent aussitôt et il ne put régner paisiblement. Il fut assassiné après moins de 5 ans de règne. Le 24 janvier 661, d’un coup d’épée empoisonnée devant la mosquée de Koufa dans l’Irak d’aujourd’hui.

Puis ses deux fils Hassan et Hussein, furent tués, le dernier à la bataille de Kerbela, le 10 octobre 680. Drame toujours commémoré par une immense ferveur par les musulmans chiites. Beaucoup d’entre eux espèrent qu’un jour prochain, réapparaîtra parmi les hommes un descendant d’Ali, qui prendra le pouvoir pour réparer une injustice et restaurer une légitimité découlant du messager d’Allah. Il s’agit là d’un messianisme puissant que plusieurs siècles n’ont pas du tout terni.

Les partisans de Laurent Gbagbo, sont dans le même état d’esprit dans leur quête d’une justice divine qui rendra la liberté et la légitimité à leur leader. Dans cette même Côte d’Ivoire où tous les protagonistes prétendre détenir la légitimité.

Commençons par Félix Houphouët-Boigny lui-même au nom du SAA, syndicat agricole africain. De la lutte émancipatrice, de l’abolition du travail forcé et de l’indépendance qu’il proclame au nom du peuple ivoirien, le 7 août 1960, à minuit.

Ensuite d’Henri Konan Bédié, qui succède à Houphouët-Boigny le 7 décembre 1993, au nom des dispositions constitutionnelles. Malheureusement il a de nombreux ennemis dans son propre camp. En commençant par sa propre incapacité à voir loin et surtout, par voir ce qui est sur le bout de son nez. En inoculant l’ivoirité dans le corps social de la nation, Henri Konan Bédié, s’est moralement disqualifié pour diriger l’Etat.

Faut-il encore le redire, un pays ne peut pas renier une partie de sa propre population sans se renier lui-même. Il a provoqué sans le savoir un schisme entre la base et le sommet de l’Etat. Jamais dans l’histoire contemporaine de ce pays un homme n’a poussé la cécité aussi loin en politique qu’Henri Konan Bédié.

Nous nous souvenons du mandat d’arrêt international lancé contre le Dr Allassane Ouattara et des tracasseries policières contre les ressortissants du nord du pays. Des organes de presse et de toutes les institutions de l’état mobilisés contre un seul homme par la volonté de l’irresponsabilité fait homme. Quand on le voit aujourd’hui assis aux côtés du Dr Allassane Outtara, on se demande s’il se rappelle du mal qu’il a fait aux ivoiriens et à ses propres partisans.

C’est dans cette Ambiance délétère que son parti le PDCI-RDA, connaîtra son profond dilemme et le schisme qui provoqua la naissance du RDR. Le coup d’État du vendredi 24 décembre 1999, acheva de nous convaincre que la légitimité juridique ne sert à rien dans la direction d’un pays si vous ne savez pas prendre les bonnes décisions et surtout si vous n’êtes pas à l’écoute des aspirations légitimes du peuple que vous dirigez.

La transition militaire chaotique du général Robert Geuï, dit Bob et de sa soldatesque. Ils prétendaient conduire le pays vers la terre promise. Ce fut un immense désastre qui accompagna l’élection de Laurent Gbagbo, à la présidence de la république.

Là encore nous ne sommes pas au bout de nos peines. Car les refondateurs qui prétendaient connaître le peuple, plus que le peuple lui-même, en nous brandissant la légitimité patriotique qui justifiait leur présence à la tête de l’Etat. Hélas dormant à point fermé sur leurs oreilles. Ils n’ont pas vu venir la rébellion. Les ivoiriens médusés découvraient du jour au lendemain qu’il n’ont pas d’armée.

Que le matériel militaire disponible n’était rien d’autre que des vieilleries repeintes de la seconde guerre mondial, fruit de la coopération française. Cette idée stupide qui consiste à croire que c’est avec des armes périmées, déclassées et en rebut chez les autres que tu vas défendre ton pays en cas de guerre, reste le plus grand des aveuglements politiques de notre temps.

Jamais dans l’histoire contemporaine de l’Afrique nous n’avons vu un gouvernement agir avec autant de légèreté et une naïveté qui créée une irresponsabilité aussi grande au sommet de l’Etat. Et ce fut par la faute des refondateurs qui n’ont pas sut protéger les ivoiriens que le désordre s’installa durablement au pays des éléphants.

Nous fumes alors par la faute de ces mêmes refondateurs témoins des ridicules accords de Marcoussis qui avaient fait de Tuo Fozié un ministre de la république de Côte d’Ivoire. À une époque de l’Histoire où on demande au chauffeur de taxi d’avoir une aptitude comptable et mécanique, ainsi qu’un minimum de connaissance des langues pour converser avec le client qui débarque dans un aéroport. A quoi peut servir un ministre illettré dans un pays qui veut écrire sa propre histoire en conduisant son destin et sa propre vie nationale?

Et puis après maintes soubresauts, nous voici aux élections du 28 novembre 2010, avec l’imbroglio électoral et la guerre qui aboutira à la défaite des refondateurs, à la victoire politique, diplomatique et militaire du Dr Allassane Ouattara et surtout à la capture de Laurent Gbagbo, de sa famille dans l’après midi du 11 avril 2011 et à son expédition comme Lumumba dans le Katanga d’où il ne reviendra sûrement pas vivant.

Voilà comment le pays est tombé plus bas que la terre, plongeant le peuple dans un dilemme en fortifiant durablement un schisme dans son corps social à la veille d’une dévaluation monétaire sur injonction de l’ancien colonisateur. Dévaluation que les gouvernants préparent discrètement pour éviter la fuite des capitaux.

III – Au commencement était l’unité nationale, qui fit le lit du parti unique

L’une des premières tâches qui incombaient à nos pays africains après la proclamation de nos indépendances, était de créer l’Etat et de le conduire à la nation. C’est-à-dire dans le cas de la Côte d’Ivoire, Comment faire pour que le lobi de Bouna se sente proche du Kroumen de Tabou, comment faire pour qu’un Ébrié d’Adjamé, un Baoulé de Sakassou, un Agni d’Abengourou se reconnaissent dans un Sénoufo de Korhogo ou un Guéré de Duékoué et vis versa ?

Nous nous sommes rendus compte à la faveur de cette crise ivoirienne, que l’ensemble de ces populations ont vécu plusieurs décennies sous l’occupation coloniale et cinquante ans dans un pays indépendant en s’ignorant mutuellement.

Observez simplement comment l’Attié qui était instituteur à Tengrela, le Baoulé qui était infirmier à Odiénné ou la femme Bété qui était sage-femme à Boundiali, furent maltraités et humiliés. Observez comment le Sénoufo ou le Koyaga de Yopougon furent brûlés vifs par des foules enragées et hystériques.

Et comment leurs biens ont été pillés, et comment ils ont été traités par leur voisins pendant cette guerre et vous conviendrez avec nous que l’unité nationale qu’on nous chantait hier, n’était rien d’autre qu’un slogan creux, vide de sens, sinon des balivernes pour épater la galerie.

Il fallait prendre des dispositions pour unir et rapprocher les ivoiriens autour de leur patrie commune et d’un idéal commun d’appartenance à des valeurs communes, au même pays qui assure l’égalité de tous, par delà les ethnies, les régions et les religions.

Au lieu de cela on a cultivé depuis là haut, le chacun pour soit, la région et l’ethnie comme refuge pour finalement conduire le pays à la catastrophe du 19 septembre 2002. Nous évoquons cette triste réalité avec beaucoup d’amertumes, car connaissant la nature des politicards ivoiriens, nous avons la certitude que cela risque de se répéter si on y prend garde. Le schisme ici est plus que profond.

Et pourtant le peuple a fait des grands sacrifices d’amour propre pour jeter les bases de cette unité nationale. Nous voulons rappeler ici qu’un tel pacte national consensuel avait existé en Côte d’ivoire à la veille du gouvernement de la loi cadre de 1956.

Il résultait d’un dialogue national utile entre les partis politiques de l’époque. Ils avaient ensemble tirés les leçons des événements sanglants de Février 1949 à 1950. Car plus que les divergences idéologiques, c’est le fondement tribal de certains partis politiques qui avait poussé les ivoiriens à tuer d’autres ivoiriens.

On ne le dit pas assez, mais c’est ce pacte national qui avait donné naissance au parti unique ivoirien, né de cette fusion par absorption des six partis politiques de la Côte d’Ivoire en 1956. Il s’agit du PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny, du MSA – mouvement socialiste africain – de Dignan Bailly, du BDE – le bloc démocratique éburnéen – d’Etienne Djaument, Le PPCI – le parti progressiste de Côte d’Ivoire – de Maître Kouamé Binzème, UDICI -L’union des indépendants de Côte d’Ivoire – de Kacou Aoullou qui fusionna avec des ressortissants du nord pour donner naissance à l’ EDICI – l’entente des indépendants de Côte d’Ivoire que présidait Sékou Sanogo.

Le PDCI, ne le dit pas assez, et pourtant cela est tout à fait à son honneur, au congrès du RDA à Bamako les 18, 19, 20 et 21 octobre 1946, le député Houphouët-Boigny, avait insisté auprès des autres partis politiques de son pays pour qu’ils constituent une délégation commune avec le PDCI, le parti Progressiste de Côte d’Ivoire, le Parti de Maître Kouamé Binzème, était représenté, Sékou Sanogo, le président de l’EDICI, en personne était présent dans la délégation ivoirienne à la constitutive du RDA à Bamako.

L’objectif poursuivi était l’unité nationale à travers un grand parti de masse, regroupant tous les partis politiques constitués avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire dans le but de permettre à tous les enfants du pays d’aller ensemble à l’indépendance, afin de mettre toutes leurs énergies au service de la Côte d’Ivoire, et de la construction nationale.

Vaste programme plein de bon sens et de bonnes intentions. Nous constatons avec regret que le parti unique a encouragé le tribalisme, le népotisme et n’a pas réussi la construction de l’unité nationale. Il est liberticide. Mieux les Dignan Bailly, Gris Camille, Tidiane Dem, les Sékou
Sanogo, Issa Bamba, Kouamé Binzème, Kacou Aoullou et autres se sont retrouvés en prison à Yamoussoukro. Il a accentué les disparités régionales en créant des dualités dans le corps social de la Côte d’Ivoire.

L’un des problèmes majeurs de la Côte d’Ivoire, hier comme aujourd’hui, est celui de la répartition du pouvoir au sein de l’Etat. Il existe des disparités entre les populations privilégiées et les populations négligées, entre des populations rurales et les populations urbaines, entre les individus instruits et les illettrés, entre les riches et les pauvres, ainsi qu’entre de nombreux groupes de la société ivoirienne.

Certaines de ces disparités sont la résultante du mauvais usage qui a été fait de l’exercice du pouvoir politique de 1960 à ce jour. Mais les innovations récentes sont venues s’y ajouter ou les ont aggravé. L’un des éléments nouveaux a été l’excessive centralisation du pouvoir joint à l’existence d’une bureaucratie, hautaine, médiocre et inefficace. C’est dans ce domaine que le gouvernement actuel de notre frère le Dr Allassane Ouattara, doit mettre de l’ordre dans la maison, avant de se lancer dans des projets pharaoniques de reconstruction post-conflit.

IV – La Nouvelle coopération avec la France

Le pouvoir politique actuel en Côte d’Ivoire ne doit pas demeurer prisonnier des accords Passés, Dépassés, surpassés et déclassés avec la France, ainsi que des institutions désuètes, qui n’ont peut-être pas mené à la guerre, mais qui ne l’ont certainement pas empêchée.

N’est-il pas d’ailleurs ridicule, sinon risible, de parler encore de constitutionalité ou de légalité dans un pays détruit, violé, violenté, démembré, disloqué, décomposé, dépecé et boucané par tous les prédateurs possibles et imaginable ? Un pays où aucune loi n’est applicable, car votre maison occupée ne vous sera jamais rendue. Votre voiture volée circule devant vous, elle ne vous sera jamais rendue même si vous la retrouvez avec votre voisin au volant?

Des hommes armées peuvent débarquer au domicile d’un ivoirien de l’ethnie Agni, Bété, Dida, Attié ou Guéré, pour l’égorger et emporter tous ses biens en violant sa femme et ses filles au passage, la police ne fera rien pour vous aider. Un pays où aucun commissariat où aucun poste de gendarmerie ne fonctionne. Les véhicules de service ont pour la plupart été emportés dans les pays voisins. Qui ira investir dans un pays de dozos dans lequel le fusil et les armes blanches font la loi ?

Mais le plus grave dans ce genre de pays, On s’en prend farouchement à celui qui dénonce le mal et non au mal lui-même. Les ivoiriens sont encore dans cette maladie qu’on appelle le syndrome du << pour ou contre>>. Il est pour Gbagbo, ou il est Allassaniste, c’est pourquoi il tient un tel langage. Il n’y a presque pas de place pour le libre arbitre dans le schisme ivoirien.

Quand la raison déserte le forum, il ne faut pas s’étonner que la médiocrité l’emporte sur le bon sens. En réalité, c’est en transcendant les problèmes qu’on va les résoudre, et non comme pendant cette dernière décennie, en s’y enfermant pour rechercher des compromis boiteux, inapplicables et insignifiants, parce que dépassés et trouvés trop tard.

Si la France veut vraiment aider les ivoiriens et éviter la libanisation de ce pays, elle a intérêt à clarifier les relations franco-ivoiriennes, pour que les ivoiriens sachent s’ils sont des citoyens d’un pays libre et indépendant ou s’ils sont des ressortissants d’un condominium de la France ? – Quelle est la nature réelle de la présence militaire française en Côte d’Ivoire ?

– Les militaires Français qui sont en Côte d’Ivoire sont-ils payés par le trésor public ivoirien ou par l’Etat français ? – La refonte de l’armée ivoirienne n’est-elle pas une occasion d’un marché juteux de vente d’armes à la Côte d’Ivoire ? Occasion de fourrer aux ivoiriens des vieilleries repeintes qui ne serviront à rien en cas d’agression ?

D’ici nous voyons déjà des conseillers militaires français, rémunérés à prix d’or, ils seront nombreux dans les bureaux, on les verra à la Présidence de la république, mais très peu dans les casernes. Les français, nous les connaissons, ils demandent toujours le climatiseur d’abord, la villa avec piscine et la voiture ensuite avant de commencer quoi que ce soit.

C’est le lieu de dire ici que les ivoiriens dans leur grande majorité ne sont pas opposés à la France. Ils refusent tous, l’immixtion de la France dans les choix politiques, économiques et diplomatiques de leur pays. L’aplatissement de nos malheureux pays africains devant les intérêts étrangers est l’une des causes de notre retard économique et social.

– Car il transforme nos dirigeants politiques en de vulgaires petits intermédiaires de contrats avec des commissions juteuses au passage, qui font de l’Etat nation un prédateur pour sa propre population. Nous pensons sincèrement ce que nous exprimons. Les décombres du Zaïre de Mobutu, sont encore sous nos yeux pour nous le rappeler comme un des exemples concrets à ne plus suivre.

– Dans tous les cas, un président de la république téléguidé de l’étranger n’a jamais fait le bonheur d’un seul africain. C’est une triste réalité de notre temps, qui nous rend méfiant envers ce type d’expérience politique, qui a échoué un peu partout en Afrique.

– En définitif, nous considérons d’une manière générale que la souveraineté d’un pays ne doit s’accommoder d’aucune allégeance quelle qu’elle soit, et que la coexistence des Etats a besoin, pour être durable et profitable à tous, doit être établie sur le respect et la considération réciproque et non sur des rapports entre tuteur et mineur. Elle doit être exempte de toute contrainte et laisser intacte, chez chacun, la capacité de choisir et de refuser.

La situation de monopole des entreprises françaises dans nos pays Africains, leurs tendances à la surfacturation et à l’ingérence dans nos affaires, leur volonté de vouloir décider pour nous sans notre avis et cela avec le soutien des gouvernants français dont les campagnes électorales sont financées par ces entreprises et les régimes fantoches d’Afrique, nous font dire ici :

– Que la vraie coopération franco-africaine doit prendre à bras le corps la lutte contre la pauvreté

– Dépoussiérer les accords de coopération avec la France de ses séquelles coloniales et néo-coloniales héritéa du gaullisme pour que naisse enfin une coopération franco-africaine, accoucheuse de la deuxième indépendance de nos pays africains de l’espace francophone. Voilà ce que la plupart des ivoiriens souhaitent de tout cœur dans la nouvelle relation avec la France.

– L’intelligence commande que la France prenne elle-même les devants d’un tel changement de regards. C’est sa responsabilité, Il faut en effet changer de regards. Changer la nature des regards qui sont tournés vers la Côte d’Ivoire et l’Afrique mais aussi vers les français et la France. Pour évacuer le ressentiment croissant des ivoiriens envers l’ancien colonisateur.

Il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre la France. D’être profrançais ou antifrançais, Gbagboïste ou Allassaniste. Il ne s’agit pas de basses considérations d’amour et de désamour. Les ivoiriens veulent vivre librement chez eux dans un pays qui est le leur et non sous l’irresponsabilité d’un régime à plat ventre devant un pays tiers. C’est cette humiliation qui est fondamentalement inacceptable aujourd’hui.

Des voix s’élèvent déjà un peu partout en Afrique, de Lomé à Douala, de N’djamena à Niamey, de Cotonou à Bamako et de Ouagadougou à Brazzaville, pour dénoncer ce qui est de plus en plus inacceptable aujourd’hui. Même les régimes clientélistes installés à grand frais par la France, savent que cette position de soumission n’est plus tenable dans le temps.

Il faut changer la nature des regards de la classe politique française sur l’Afrique avant qu’il ne soit trop tard, car le temps presse. C’est le fond de notre pensé, que nous exprimons librement, loin et très Loin des chapelles, des arcanes mafieuses et des considérations de basses politiques.

V – Le paradoxe de la paix dans un pays bizarre

On a le sentiment aujourd’hui que les libertés individuelles et collectives sont officieusement suspendues en Côte d’Ivoire. Il y a aussi une évidence aujourd’hui. Les FRCI, les zozos et les dozos, ne seront jamais désarmés. Jusqu’à la fin 2015, ils seront encore et toujours dans les rues pour rançonner, braquer et piller les ivoiriens. Tous ceux qui voulaient la guerre et qui hier encore brandissait leur petite poitrine de coq doivent déchanter.

Aucune gesticulation ne fera disparaître les FRCI et leurs supplétifs de la rue. Ils continueront durablement à troubler la quiétude des ivoiriens car la peur et le meurtre sont aussi des modes de gouvernance. Ils sont là pour instaurer un pouvoir. Ils savent que les armes procurent du pouvoir sur les ivoiriens. Ils ne désarmeront pas. Ils n’ont pas fait tout ce chemin pour venir installer le Dr Allassane Ouattara, et retourner dans leur petit village dans la pauvreté et la crasse.

C’est dans ce sens qu’il faut dire à notre frère le Dr Allassane Ouattara, et à son Gouvernement. Que ce qu’il faut aujourd’hui éviter, c’est que le paradoxe de la guerre ne débouche sur une paix paradoxale et absurde dans un pays où les uns et les autres se regardent avec méfiance. En effet dans les profondeurs de la psychologie collective des ivoiriens, il y a aujourd’hui un syndrome qui conditionne et pousse à la fois à l’espérance ainsi qu’à la peur de l’autre.

Peur du verbe, des calculs politiques, peur de l’action de l’autre, peur de la pensée de l’autre et de ses arrière-pensées. Strate après strate, des émotions réprimées, des sentiments inhibés, des motivations convulsives se solidifient au point de créer des mécanismes psychologiques semblables et dissemblables, si bien que le projet d’avenir commun des ivoiriens que propose le gouvernement ne sera qu’une projection et une réinterprétation des méfiances découlant de la guerre récente.

C’est cela qui nous amène a dire ici qu’il faut absolument éviter aujourd’hui que les paradoxes de la guerre ne dégénèrent en paradoxe de paix et qu’ainsi le dialogue nécessaire à la réconciliation nationale ne ramène à zéro tous les efforts pour transformer la paix fragile en un absurde paradoxe d’une guerre à l’infinie.

Dans la réalité il ne s’agit pas d’un contentieux électoral, ni d’une guerre civile comme disent certains mais d’une projection des antagonismes de la classe politique ivoirienne dans les structures internes du pays qui naturellement conflictuelles, étaient prêtes non seulement à les accueillir, mais aussi à les susciter, à les aiguiser en espérant trouver en elle leur suprême expression.

VI – Propositions de paix pour sortir du meurtre et de l’irréel

Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est a celui qui incarne l’Etat, le président de la république de Côte d’Ivoire de créer par des initiatives audacieuses les conditions de l’apaisement de la paix sociale qui doit permettre aux ivoiriens de recoudre ce qui est déchiré dans leur âme et dans leurs rapports interpersonnels.

La paix que nous appelons de tous nos vœux pour la Côte d’ivoire, est un processus dynamique qui implique un effort dirigé vers l’amélioration des relations entre l’Etat et les ivoiriens pour favoriser l’harmonie, l’état de bien être d’équilibre des ivoiriens, dans un Etat d’égalité, de justice et de respect les uns envers les autres dans un dialogue national rassemblant tous les acteurs de la construction de cette harmonie positive entre ivoiriens.

– la paix dans ce sens n’est pas la simple absence de guerre, c’est aussi un processus dynamique de collaboration entre l’état et les ivoiriens. Collaboration fondée sur la franchise, la liberté, la confiance. Cela suppose que la Côte d’ivoire soit perçue comme un pays libre, indépendant et souverain en pleine conscience de l’égalité de tous ses citoyens.

– Les perturbations des meetings de l’opposition par des hommes armés doivent cesser au risque de nous faire regretter les refondateurs.

– Que le gouvernement actuel protège effectivement les ivoiriens des violences gratuites et s’engage en toutes circonstance à respecter les règles élémentaires d’humanité et de droit de l’homme propice à l’instauration d’une paix juste et durable en Côte d’Ivoire.

– La Côte d’Ivoire souffre du climat de tension engendré par la crise actuelle, qui est à la fois une crise politique, économique, sociale et morale. L’homme ivoirien se sent abandonné au milieu de nulle part dans un terrain vague ou l’Etat ne protège plus la majorité des ivoiriens.

– Cela produit un malaise et un paradoxe dans d’Etat sans loi dans lequel la violence, le vandalisme, le meurtre, la coercition et la loi des armes sont devenus la réalité quotidienne des ivoiriens dans un décore de tribalisme et de fuite en avant sans horizon qui nous éloigne tous de la paix.

A) – C’est sur la base de ce qui précède que nous demandons au Dr Allassane Ouattara de rétablir les libertés individuelles et collectives mises en parenthèses durant la crise post-électoral. Qu’il prenne ensuite l’initiative d’organiser les états généraux de la paix et de la reconstruction de la Côte d’ivoire.

B) – Dans le but de créer les conditions de l’apaisement favorable au dialogue national. Qu’il ordonne la libération du fils et des collaborateurs de Laurent Gbagbo, aujourd’hui en prison dans des conditions de maltraitance qui ont fait le tour du monde. Nous ne souhaitons pas qu’un cas de décès en prison, vienne s’ajouter à l’émotion et à la vive tension politique visible qui caractérise la situation actuelle.

C) – Si Laurent Gbagbo et son épouse ont commis des actes répréhensibles, qu’ils soient jugés par la justice de leur pays avec toutes les garanties de l’Etat de droit pour qu’ils puissent répondre de leurs actes dans le cadre du processus global de restauration de la démocratie en Côte d’Ivoire.

D) – Dans l’esprit de la réconciliation nationale, que le président de la république envoie un geste fort vers toute la nation en prenant sous sa protection, la famille éparpillée de son prédécesseur aujourd’hui en exil dans les pays voisins.

– La surdité qui pousse les hommes de pouvoir à n’écouter que leurs bas instincts, est la pire des maladies qui puisse frapper un homme politique. C’est pourquoi nos parents, les Malinké et les Bambara d’Afrique de l’Ouest, nous enseignent que : << le comportement du vainqueur doit être hautement plus moral que celui du vaincu.>>

– Soundjata Keita, qui avait aussi connu l’exil aux côtés de Sogolon, sa pauvre mère, avait après la bataille de Kirina, en 1235 eu un geste magnanime pour que la Famille du roi Sosso, Soumahoro Kanté, puisse vivre libre et digne dans le Mali dont il était le Massa.

– Nous souhaitons que les Soumahoro qui sont aujourd’hui nombreux autour du Dr Allassane Ouattara, et qui ont une excellente mémoire de leur propre passé s’en souviennent. Car ils savent mieux que quiconque que :<< si le vainqueur n’est pas magnanime, sa victoire deviendra une malédiction pour lui et les siens >>

E) – que le président de la république prenne l’initiative d’une loi d’amnistie générale pour favoriser le retour des réfugiés. Une telle loi avait été proposée au Président Habyarimana au Rwanda en 1990, c’est son refus de toute discussion sur ce sujet qui poussa les réfugiés à s’organiser en forces armées pour conquérir le pouvoir par les armes, avec à la clé le génocide qui hante encore la mémoire collective rwandaise.

F) – Dans l’esprit d’une vraie Réconciliation, il faut rendre les maisons et autre biens des citoyens ivoiriens détenus par les Dozos et autres FRCI. C’est aussi juger et condamner les tortionnaires, les violeurs, les pilleurs, les égorgeurs, les trafiquants, les casseurs de banques et autres cambrioleurs, qui ont par leurs comportements indignes déshonoré l’uniforme militaire, le drapeau national et la réputation de l’armée ivoirienne.

G) – Dans cette perspectives de rénovation, les rapports entre l’Etat et l’armée méritent une redéfinition claire qui intègre la pluralité de la société ivoirienne, qui fait de l’armée et des forces de l’ordre : (gendarmerie, police, garde présidentielle, service civique, et marine nationale) des facteurs d’intégration qui ne peuvent s’épanouir qu’au contact du reste du corps social ivoirien, dans le cadre de l’Etat de droit, reposant sur le respect des valeurs ivoiriennes et fondés sur l’expression de la volonté populaire.

VII- Postulat de Conclusion Générale

La Côte d’Ivoire doit sortir du schisme politique et du paradoxe de la paix précaire pour aller vers une paix définitive. C’est par la réflexion et non par la courtisanerie politico alimentaire qu’on atteindra ce but. Celui qui écrit ces lignes, affirme qu’il gardera sa liberté de penser quelque soit le régime qui dirigera la Côte d’Ivoire.

Il n’y a ni à Paris à Abidjan ou à Rome, une force politique, industrielle ou financière encore moins une multinationale du pétrole, du bâtiment des travaux publics ou des télécommunications qui puisse nous faire dire ce que nous ne pensons pas. Nous sommes loin des petites combines de politicards mafieux.

Nous avons donc les mains libres, pour dire à notre frère le Dr Allassane Ouattara, qu’il doit mettre de l’ordre dans le pays des éléphants en prenant les devants dans la recherche de l’apaisement et du retour au calme pour que le pays soit vivable pour tous les ivoiriens.

Nous avons eu l’occasion dans notre précédente intervention de montrer et de démontrer les vertus du pardon qui avaient permis à d’autres peuples en Afrique comme en Amérique Latine de sortir des flots, le visage en sang peut-être en prenant appui sur eux-mêmes en s’arc-boutant pour saisir collectivement leur destin et leur droit à la vie.

C’est ici donc qu’il faut dire que l’intelligence est une faculté utilisable pour faire la paix comme pour faire la guerre. Ce n’est pas l’intelligence de notre frère le Dr Allassane Ouattara, qui permettra d’aboutir à la paix en Côte d’Ivoire. C’est sa volonté de faire vivre les ivoirien en paix chez eux.

Son intelligence dans ce cas doit lui servir d’appui logistique pour déterminer les conditions et le cadre d’une vraie paix, juste et durable dans le pays qu’il veut gouverner. Tout comme la guerre la paix est une situation politique. Elle ne se laisse donc établir que par l’action politique.

Guerre et paix participent également à la même essence : l’essence du politique. Il ne suffit donc pas de vouloir la paix avec une ardeur morale et intellectuelle pour qu’elle s’établisse. L’analyse des causes et des conséquences de la guerre sanglante que la Côte d’Ivoire a connue, peut certes nous aider à mieux comprendre et à mieux apprécier le prix de la paix.

Voilà pourquoi c’est au politique d’affirmer clairement sa bonne volonté de paix par des initiatives audacieuses en direction de la recherche de cette paix pour tous les ivoiriens et non pour son seul groupe ethno tribal en pleine quiétude, quand les autres se font égorger, braquer et piller tous les matins.

En définitive la paix apparaît essentiellement comme un produit de l’art politique. Y a-t-il art politique plus subtil, plus intelligent, plus pacifique que l’art du dialogue fraternel ? Quelques images sont devant nous montrant Frederik De Klerck et Nelson Mandela Côte à Côte, pour tuer l’apartheid.

Menahem Bégin et Anouar El Sadate, pour donner une espérance commune aux juifs et aux arabes. Henri Kissinger et le Duc Tho, pour mettre fin à la guerre du Vietnam. Pierre Mendes France et Pham van Dong, pour mettre fin à la Guerre d’Indochine. Krim Belkacem et Louis Joxe pour mettre fin à la guerre d’Algérie. Yakubu Gown et Philip Effiong pour mettre fin à la guerre du Biafra.

Tout cela nous montre que la paix ne se maintient qu’à la condition d’être négociée patiemment avec obstination dans des conditions toujours changeantes résultant du développement interne des états et de l’évolution politique du moment. De ce fait la paix est à la fois un idéal, une démarche pédagogique un produit qui se conserve avec humilité sur le tabernacle de la dignité pour tous et non dans le placard de l’arrogance et de la suffisance.

Tout ceux qui poussent les FRCI et leurs dozos à tuer d’autres ivoiriens et tous ceux qui encouragent notre frère le Dr Allassane Ouattara, à rejeter tout dialogue avec les partisans de Laurent Gbagbo, oublient qu’un jour viendra où pour solidifier le vivre ensemble il faudra reprendre langue avec ceux qu’on avait contraint à l’exil et au bannissement.

C’est alors qu’ils comprendront la nécessité de l’humilité et du pardon en politique et iront certainement avec nous vers les sages paroles de l’immense poète et essayiste mexicain Carlos Fuentes :
<< Nous sommes venus au monde pour mieux nous connaître, La terre nous est donnée que pour un temps. Vivons en paix, vivons ensemble. >>

Tel était notre propos et notre modeste contribution sur le schisme ivoirien et le paradoxe de paix dans lequel se trouve le pays des éléphants.

Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano ( Suisse)

Email : nzinicolas@yahoo.fr

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