Belgique: Brussels Airlines dans une situation « intenable »

De Tijd et l’Echo indiquaient mercredi que le comité ministériel restreint du gouvernement Di Rupo s’est penché mardi sur la situation pénible que connaît Brussels Airlines. Etienne Davignon, le président du conseil d’administration de la compagnie aérienne, s’est adressé au gouvernement et a indiqué que la situation devenait petit à petit « intenable ». Les premières réactions syndicales n’ont pas tardé.

« Nous avons attiré l’attention du gouvernement sur une situation particulière », qui voit les compagnies aériennes payer leurs cotisations et impôts dans le pays où elles ont leur siège et non dans le pays où elles sont actives, a expliqué mercredi à la presse le président du conseil d’administration de Brussels Airlines, le vicomte Etienne Davignon.

C’est ainsi que Ryanair peut payer son personnel à des conditions irlandaises plus favorables. Une des possibilités examinées est donc la création d’un régime fiscal de faveur pour le personnel navigant.

Le président de la compagnie belge a évoqué la situation « pénible » traversée par Brussels Airlines mais a nié que la compagnie puisse être au bord de la faillite. « Ce n’est pas une question de survie », a assuré M. Davignon, affirmant que les projets de la compagnie n’étaient pour l’heure pas remis en question.

Brussels Airlines a essuyé une perte de 80 millions d’euros en 2011. La guerre civile en Côte d’Ivoire, pays que la compagnie relie cinq fois par semaine, et une modification unilatérale par le Sénégal d’un accord aérien avec la Belgique ont coûté quelque 40 millions d’euros, tandis que 40 autres millions sont imputables à la hausse du prix du kérosène.

Reprise complète par la Lufthansa?

Selon Marijke Persoone (syndicat chrétien LBC), un des patrons de Lufthansa, propriétaire à 45% de Brussels Airlines, a expliqué mardi au personnel les projets d’avenir. Il a indiqué que la compagnie allemande travaille à une reprise complète de Brussels Airlines, mais qu’il faut qu’il soit clair que Brussels Airlines peut faire mieux financièrement parlant. Étienne Davignon serait donc en train de faire du lobbying et des efforts sont attendus de la part du personnel.

Quelque 3000 personnes travaillent chez Brussels Airlines.

« Ne pas essorer le personnel jusqu’au dernier centime »

Il faut faire quelque chose pour Brussels Airlines, mais il ne faut pas essorer le personnel jusqu’au dernier centime, déclare Marijke Persoone. Le syndicat souhaite commencer une concertation avec les partenaires sociaux sur l’aéronautique en Belgique via un groupe intercabinet.

« Le personnel travaille très dur, rogner encore sur les temps de repos est mortel », souligne Mme Persoone. « Mais nous aiderons à chercher des façons d’augmenter l’efficacité. » Elle pointe aussi les pratiques des compagnies low-cost. Ryanair, qui se revendique du droit irlandais, s’établit selon elle dans des régions avec beaucoup de chômage pour ensuite faire du chantage aux autorités. « C’est mortifère pour les autres compagnies », commente-t-elle.

« Ne pas appliquer le système de Ryanair à Brussels Airlines »

Nous ne devons pas appliquer à Brussels Airlines le système en vigueur chez Ryanair, mais bien mettre Ryanair au diapason du système de cotisations sociales belge, affirme Olivier Van Camp, du syndicat socialiste Setca, en réaction à l’information selon laquelle Brussels Airlines demande de l’aide au gouvernement. Il ne s’attend pas à ce que Lufthansa reprenne la compagnie cette année.
Olivier Van Camp craint « la faillite de notre système ONSS » si le système de Ryanair est appliqué à Brussels Airlines. Le problème de « concurrence déloyale » de Ryanair est déjà discuté dans un groupe de travail au comité paritaire, selon le syndicaliste.

Le Setca veut collaborer à une solution pour Brussels Airlines « mais pas au détriment des travailleurs ». Le personnel de cabine perçoit déjà le salaire minimum, souligne-t-il.

La Commission européenne élargit son enquête sur Ryanair à Charleroi

La Commission européenne a annoncé mercredi avoir élargi son enquête sur la conformité d’accords financiers conclus entre l’aéroport de Charleroi et la compagnie aérienne à bas prix Ryanair et les avantages accordés à la compagnie irlandaise lors de son installation sur cet aéroport.

« La Commission a élargi la portée de son enquête aux aides d’État potentielles non couvertes par sa première enquête. Cela lui permettra d’évaluer la situation à Charleroi sur un pied d’égalité avec celle qui prévaut dans d’autres aéroports sur lesquels elle mène actuellement une enquête », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

L’exécutif communautaire examinera aussi la conformité d’accords financiers conclus entre les aéroports d’Angoulême (France) et de Dortmund (Allemagne) et les diverses autorités publiques.

Avec Belga

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.