Nangui Abrogoua: Les commerçants refusent toujours de quitter les trottoirs

Le Patriote

Adjamé-Mairie renoue avec le désordre. Les trottoirs situés au niveau du Boulevard Nangui Abrogoua, sont à nouveau occupés par les commerçants. Ces derniers, on s’en souvient, avaient été déguerpis des lieux par le commandant Koné Zakaria. Les actions menées à l’époque par les Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) avaient été beaucoup appréciées par les usagers de la route. Tous ceux qui se rendaient dans cette commune pour des emplettes n’étaient plus habités par l’angoisse. Mais leur joie sera de courte durée. La circulation à Adjamé relève aujourd’hui d’un véritable casse- tête-chinois. Du boulevard Nangui Abrogoua à la grande mosquée d’Adjamé, la voie est obstruée par les commerçants. Ce désordre n’est pas sans conséquence pour les usagers. « La circulation est redevenue très difficile à Adjamé. On a cru qu’après leur déguerpissement ils ne reviendront plus. Mais le constat est tout autre. », se plaint Blé Olivier, transpirant à grosses goutes à bord de son véhicule de type 4X4. Cet usager dit ne pas comprendre le retour des vendeurs sur les trottoirs et sur la chaussée, au vu et au su de tout le monde. « Je pense qu’il y a une complicité. On chasse des gens d’un endroit et quelques instants après, ils reviennent occuper les mêmes lieux. On se demande bien à quoi cela a servi de les déloger. », s’interroge notre interlocuteur. M. Bilé lui, regrette le manque de suivi. Quant à Dame Sandra Koné, elle habite la commune de Marcory. Elle se rend trois fois par semaine à Adjamé pour des achats. Tout comme M. Bilé, elle dénonce le silence coupable de la municipalité. « Ils ont été chassés et ils sont revenus et la mairie leur fait payer des taxes. Ce qui veut dire qu’elle cautionne l’anarchie dans la commune. », grogne t-elle. Et de déplorer : « Voyez vous, on ne peut même pas circuler tranquillement. C’est une situation difficile. Il est vrai, Adjamé est un quartier commercial mais si venir dans cette commune devient une source d’angoisse à cause du désordre que créent les occupants des trottoirs, c’est vraiment compliqué. », déplore-t-elle. Pour Sandra Koné, il faut impérativement empêcher ces commerçants de se réinstaller. « Il faut engager des mesures d’envergure pour liberer les trottoirs et les chaussées. Il y a des espaces où ils peuvent aller exercer leur commerce. Le trottoir n’est pas un marché. Je suis désolée.», assène-t-elle, toute énervée. Si les usagers déplorent l’occupation des voies publiques, les concernés eux n’ont pas la même lecture. «C’est ici que mes clients connaissent. Si je quitte ici, il sera très difficile pour moi de vendre. », soutient Rosine Konaté, vendeuse de sous corps. Elle explique que son fonds de commerce ne lui permet pas de prendre en location un magasin au forum des marchés. « Les places coûtent chères au Forum. Pour louer une seule place, on nous demande la somme de 500 000 FCFA. Mon fonds de commerce n’est pas solide. », explique-t-elle. Rosine souhaite que la municipalité leur trouve des places qui soient à la portée de leur bourse. Le cas de Mariam Fofana est encore plus pathétique. « Je me débrouille ici pour subvenir aux besoins de mes enfants. Je suis veuve. Je ne sais pas où aller si on me chasse d’ici. », s’inquiète la vendeuse d’habits pour femmes. Qui dit ne pas apprécier les méthodes utilisées pour les déguerpir.

L’impuissance des Frci

« On nous chasse sans nous dire où on doit aller nous installer. Nous avons des charges en tant que responsable de famille. On veut bien quitter mais il faut qu’on nous trouve un endroit accessible pour faire notre petit commerce. J’ai passé plus d’un mois à la maison parce que je ne savais pas où aller », lance pour sa part, Sory Dicko, commerçant de friperie. Les éléments des Frci que nous avons rencontrés avouent leur impuissance face à cette situation. « Nous, on n’y peut rien. Au début, on confisquait les marchandises de tous ceux qui s’installaient de façon anarchique. Mais on nous a accusés de les brutaliser. Nous avons décidé de laisser faire. Nous sommes donc impuissants face à cette situation. », avoue, un élément des Frci. « Il y a quelques mois, les abords des routes étaient dégagés, mais il n’y a pas eu de suivi et les commerçants sont revenus. », regrette son voisin. Une situation difficile dans cette zone désormais difficile d’accès.

Zana Coulibaly

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