Arrestations des cadres LMP, assassinat de ses proches en 2002, dialogue avec l’opposition, Impunité…Les révélations de Ouattara

Le Patriote

A l’issue de la visite d’Etat qu’il a entreprise dans l’ouest du pays et qui l’a conduit à Man, Toulépleu, Bloléquin, Bangolo, Guiglo et Duékoué, le président de la République s’est entretenu hier avec la presse dans son ensemble à Man. Au cours de ce déjeuner de presse, il a répondu sans faux-fuyant à toutes les préoccupations des journalistes. Nous vous proposons l’intégralité de ces échanges.

Monsieur le président est ce que vous avez été surpris par la grande mobilisation des populations parce qu’avant le début de cette visite, d’aucuns disaient que les populations n’étaient pas favorables à votre arrivée?

Je n’ai pas été surpris parce que je suis déjà venu ici et j’ai fait toutes les capitales départementales pendant la campagne. Je suis allé partout, à Kouibly, Danané, Zouan Hounien, Biankouma, Gouesseso et partout où je suis passé, il y a eu une grande mobilisation. On disait d’ailleurs à ce moment qu’une mobilisation ne voulait pas dire que tous ces gens allaient voter pour moi, mais ils sont allés voter. Aujourd’hui, je suis donc heureux de cette mobilisation et je pense que c’est important d’aller vers les populations. Je ferai d’autres visites à l’intérieur du pays et je le ferai par la route pour être au contact avec les populations. Je n’ai pas de crainte particulière en matière de sécurité. Après l’Ouest, je ne sais pas quand nous allons faire la prochaine visite, mais je vais consulter le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre pour essayer de voir quelle région nous allons visiter au troisième trimestre 2012 entre juillet et septembre.

Vous avez beaucoup insisté sur l’implication des cadres. A quel niveau vous souhaitez cette implication quand on sait que pour certains de vos partisans, c’est leur tour. Est-ce que la porte n’est pas fermée aux autres cadres à qui vous tendez la main en disant qu’il n’y aura pas de discrimination?

Quand je parle de l’implication des cadres, c’est de tous les cadres que je parle, qu’ils soient du Rhdp ou des autres partis politiques. Vous savez, les cadres ont beaucoup d’influence dans les villages, dans les régions. Il est clair que sur ce plan, je ne voudrais pas indexer qui que ce soit. Nous savons par exemple à Toulepleu, Bloléquin et à Guiglo, qui a fait la mobilisation des miliciens et des mercenaires. Pour cette raison beaucoup de ces cadres sont en exil. Il en est de même dans d’autres régions. Je fais appel à tous les cadres qui sont en exil. Certains se sont laissés entrainés et je suis sûr qu’à leur retour, ils n’auront aucun problème. De nombreux cadres sont d’ailleurs revenus. Quand aux cadres du Rhhdp, les deux ministres d’état sont là, je les exhorte à ouvrir les recrutements et les promotions à tous les cadres, sans exception. Mais vous savez ; dans l’administration par exemple que lorsqu’un ministre est nommé, c’est sûr qu’il se fait entourer de personnes de confiance dans son cabinet. On ne peut pas reprocher aux ministres de copter des personnes qu’ils connaissent bien. Mais au niveau de l’administration, ils devront faire en sorte que la diversité puisse prévaloir.

Vous avez indiqué dans vos meetings que la Nation prendra en charge les victimes de la crise, comment cela se passera?

En matière de solidarité, c’est un souci important. J’ai demandé au président de la Commission dialogue vérité et réconciliation de procéder au recensement et ce travail est en cours. C’est à partir de là que nous allons déterminer les montants alloués en fonction du nombre de personnes et en fonction de la gravité des faits. Il nous faut un fonds spécial pour cela, mais tout ceci va aller très vite une fois que le travail préparatoire d’installation des représentations de la Cdvr dans les différents districts aura été fait. C’est dans l’intérêt de tous. Certains ont perdu leurs maris, d’autres ont eu leurs enfants assassinés, d’autres encore n’ont plus aucune source de revenus. On ne peut pas tout de même les abandonner. Je suis confiant que nous allons démarrer très rapidement.

Vous avez aussi parlé de la révision de la loi sur le foncier rural, quelle est votre vision sur cette question extrêmement sensible?

La loi de 1998 sur le foncier rural a été votée mais n’a jamais été appliquée en réalité. Quand le Rdr avait le ministère de l’Agriculture, nous avions constaté qu’il n’y avait que deux ou trois personnes qui ont bénéficié de cette loi. Il faut donc voir pourquoi cette loi n’a pas été appliquée, simplifier peut-être les procédures. Mais il faut que les questions concernant la terre soient réglées. Je n’ai pas d’à priori là-dessus, mais je souhaite seulement que le gouvernement reprenne ce dossier en main et soit plus concert dans ses propositions pour que nous allions vite. Certains déplacés de la mission catholique de Duékoué ont dit par exemple que c’est parce que leurs terres sont prises qu’ils ne peuvent pas retourner dans leurs villages. Ce sont des questions qu’il faut trancher et voir à qui appartient ces terres. La loi de 1998 a indiqué que la terre appartient à l’Etat de Côte d’Ivoire qui le rétrocède aux Ivoiriens et à ceux qu’il aura choisis. Il nous faut donc faire un inventaire. Vous savez aussi bien pour le régime libéral que le capitalisme, la terre est le premier élément de la propriété. Au 14ème et 15ème siècle, c’est à partir d’un document foncier qu’on pouvait avoir accès aux crédits. Alors, si ces paysans n’ont même pas de papiers, comment peuvent-ils avoir accès aux crédits? Il y a donc des questions fondamentales, pas seulement au plan de l’équité, mais au plan même du développement économique. Ces personnes doivent être en mesure de prouver qu’une terre leur appartient. Sur la révision de la loi foncière, Marcoussis a fait beaucoup de propositions. Toutes ces questions sont contenues dans le document de Marcoussis. Nous nous étions mis d’accord de réviser la loi sur le foncier, sur la nationalité et certaines clauses de la Constitution, mais rien n’a été fait. Il faut être à mon sens conforme aux engagements que nous avons pris. Tous les grands partis étaient représentés à cette réunion de Marcoussis. Mais pourquoi pendant huit ans, les conclusions n’ont pas été appliquées? Mais, je ne veux pas prendre une ordonnance pour l’appliquer, c’est pourquoi je voulais à tout prix que le Fpi participe aux élections législatives. Ils ont refusé de venir au gouvernement, ça, c’est leur droit, mais l’Assemblée nationale est importante pour voter les lois qui concernent tous les Ivoiriens et tous les résidents de Côte d’Ivoire. Maintenant, nous avons une Assemblée nationale légitime et démocratique. Nous allons pouvoir voter toutes ces lois pour lesquelles nous avons pris des engagements à Marcoussis. Je souhaite que cela aille très vite. Nous allons saisir l’Assemblée nationale avec des projets de loi pour régler de façon définitive les questions du foncier et de la nationalité qui ont tant divisé la Côte d’Ivoire.

Monsieur le Président, vous avez décidé d’installer de petites unités de production de courant. Est-ce que cela va augmenter le volume d’investissement dans cette région du pays? Ces unités seront-elles autonomes? Quel sera leur mode de fonctionnement?

Beaucoup reste à faire, c’est vrai. Dans mon programme de gouvernement, j’ai prévu pour le district des montagnes 750 milliards d’investissement mais il y avait déjà à peu près 500 milliards d’investissement au titre des investissements miniers. J’ai reçu un investisseur pas plus tard que la semaine dernière, ils sont près à investir avec les Chinois et des investisseurs privés près de deux milliards et demi de dollars sur le port de San-pédro et la réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou. Donc ce sont des projets qui prendront vie et il y aura une augmentation formidable des investissements dans les deux à trois ans. Et d’ailleurs quand vous regardez les chiffres du programme national de développement, vous verrez que les taux d’investissement qui étaient autour de 12%, 15% en 2011, va quasiment doubler d’ici 2015. C’est bien le volet d’investissement qui va venir. Au plan macro économique, ça pouvait nous créer quelques soucis en matière d’inflation mais fort heureusement, comme une parité fixe sur une monnaie qui est stable, à priori ces investissements permettront d’accroitre de manière considérable l’emploi, la consommation. Donc je réponds par l’affirmative. Les unités de production sont des unités qui seront autonomes. Ça ne veut pas dire le branchement sur le réseau électrique. Nous sommes assez avancés, les services m’avaient même dit que je pouvais annoncer la date de juin 2013, mais je suis prudent. Nous avons 20 milliards de F Cfa, nous savons combien ça va coûter. Il y a des détails techniques à régler. Les villages de plus de 500 personnes seront dotés de ces unités qui permettent de faire des trucs élémentaires, c’est-à-dire un peu de lumière pour les frigos pour qu’on puisse conserver les médicaments, un certains nombre de choses. Il y a aussi les foyers de jeunes. L’objectif pour nous c’est de brancher tous ces villages au-delà de 500 personnes sur le réseau électrique. C’est ce qui va permettre à tous les habitants du village d’avoir de l’électricité. Notre vision c’est donc l’électricité communautaire que ces unités de production permettront d’avoir.

Monsieur, le président il semblerait que des personnes occupent la forêt classée du mont Péko dans la région du Guémon, qu’elles y cultivent et que certains seraient même armés. Que pouvez- vous dire à ce sujet?

Ce n’est pas seulement ici dans le Guemon. Mais c’est partout. Même le long de la frontière vers Tabou. C’est là que beaucoup de personnes détiennent véritablement des armes se sont refugiées. Nous avons un plan qui est en place, surtout les perspectives d’aller plus loin. Je n’en dirai pas plus mais la réalité c’est que ce sont des régions infestées de personnes en armes qui ne peuvent pas créer un dommage majeur à l’Etat en tant que tel, mais elles perturbent le quotidien des populations et ça ce n’est pas acceptable

L’essentiel de votre message a porté sur la réconciliation, des personnes n’ont pas compris l’absence du président de la Commission dialogue-vérité et réconciliation quand d’autres ont cherché à savoir si à travers cette initiative, vous avez cherché à booster le processus de réconciliation?

Non, c’est beaucoup d’imagination. La Commission dialogue-vérité et réconciliation a du travail. Moi je ne suis pas pour les visites d’Etat ou on emmène tout le monde. En fait, c’est le Président qui s’adresse aux populations. Je me souviens que dans le premier projet, le Premier ministre devait m’accompagner, je l’ai appelé pour lui dire que tu as du travail à Abidjan. Donc tu restes à Abidjan. Que certains soient venus m’accueillir à mon arrivée, c’est très bien mais après je leur ai demandé de retourner à la tâche. Donc aucune interprétation. Et il a déjà fait une tournée donc ce’ n’est plus la peine de faire une autre tournée avec le Président.

La présence des dozos inquiète les populations. Que pouvez-vous dire à ce sujet?

Les dozos ne font pas partie de la police, de la gendarmerie et des Forces républicaines. Ce sont des chasseurs traditionnels qui sont venus fort heureusement au secours des populations. Maintenant la guerre est terminée, la crise est passée et j’ai demandé au ministre de l’Intérieur et au ministre de la Défense de me proposer un schéma. Est-ce que c’est le cantonnement des dozos, est ce qu’il faut leur trouver des activités ainsi de suite. Mais certains dozos sont aussi des planteurs, des cultivateurs. Il faut qu’ils puissent avoir leur activité normale maintenant que la crise est derrière nous. Je pense qu’il ne faut stigmatiser personne. Ce que nous voulons dans cette nouvelle Côte d’Ivoire, c’est que nous puissions faire en sorte que chacun puisse mener une activité pour vivre décemment. Nous avons donc un projet pour les dozos effectivement.

Les cades de l’ancien régime n’ont pas pris part à vos meetings. Cela s’apparente un peu à un boycott. Comment interprétez-vous cette situation et comment vous appréhendez le dialogue politique avec l’opposition?

Je crois que ce n’est pas exact ce que vous dites. Moi j’ai vu le président du cConseil général à Toulépleu. J’ai vu l’ancien secrétaire général du gouvernement Tyéoulou. J’ai vu beaucoup de cadres Fpi ou qui ont été des collaborateurs très proches de l’ancien président Gbagbo. Les maires Fpi étaient présents. Ce sont eux qui m’ont accueilli. Donc ce n’est pas vrai. Peut-être que vous avez un certain nombre de cadres en tête qui vous intéressent particulièrement qui n’étaient pas présents mais tous les cadres ne peuvent pas être présents. Le dialogue politique ne fait que commencer. Le Premier ministre a reçu un certains nombre de partis politiques. Moi je suis parti aussitôt. Il n’a même pas eu l’occasion de me faire le compte rendu. A mon retour à Abidjan, je pense qu’il aura l’occasion de le faire.

Vous avez indiqué que tous les responsables de crimes seront punis. Sans les résultats de la commission d’enquête, vous avez arrêté des pro-Gbagbo. Pouvez-vous expliquer cela?

Oui, très simplement parce que nous avons des faits. Nous avons des faits évidents qui ne faisaient l’objet d’aucun doute, des assassinats également. Que ce soit des militaires ou des chefs miliciens, des personnes qui ont distribué des armes, ce n’est pas de l’arbitraire. Maintenant dans certaines régions comme à Duékoué, il y a eu des affrontements entre l’armée républicaine et des miliciens et des mercenaires. Et certaines organisations de droit humanitaire disent qu’il y a eu des tueries qui peuvent être attribuées selon elles à des personnes des Forces républicaines. Nous faisons une enquête et nous aurons les résultats. L’Etat de droit, je vous signale Madame, c’est de tenir compte de la réalité des faits. Si on n’a pas de faits, on ne peut pas arrêter des personnes. Ceux qui ont été arrêtés, c’est parce que nous avons des faits et ces faits sont connus. Des personnes ont lancé des roquettes, des armes lourdes sur des populations civiles à Abobo, à Yopougon. Nous avons attrapé ces gens et leur place c’est d’être jugés et d’aller en prison.

Vous avez lancé un appel à l’endroit des cadres pro-Gbagbo qui sont encore en exil. Jusqu’où êtes-vous prêt à aller en vue de rassurer ceux qui hésitent à rentrer?

Je ne comprends pas bien la question. Jusqu’où aller? Je ne sais pas ce que ça veut dire. Nous avons un Etat de droit. Nous avons mis en place une commission nationale d’enquête qui travaille. Pour la question des revendications, moi je ne suis pas le procureur, je ne suis pas juge. Pourquoi demandez-vous jusqu’où je dois aller pour régler certaines questions qui relèvent de la justice. Je ne ferai rien qui relève de la justice. Maintenant une fois que la justice aura fait son travail, le président de la République peut faire éventuellement des grâces. Donc la justice ira jusqu’à son terme. Et ceux qui seront reconnus comme coupables, seront traités en conséquence. Ceux qui ne le seront pas seront libérer par la justice. Ne compter pas sur moi pour des interférences sur le schéma de l’Etat de droit. Je suis pour la réconciliation mais dans les deux parties. N’oubliez pas les victimes. Il y a des victimes. Il y a des hommes dont les parents, les enfants, les femmes et les enfants ont été assassinés par des personnes connues. Il y a des personnes qui ont été brulées. Le fameux article 125. On dirait qu’on veut passer tout ça par perte et profit. Ce n’est pas possible. La justice doit faire son travail. Les discussions politiques sont les discussions politiques. Le Premier ministre est en train de les mener avec ceux qui veulent le faire. J’en suis heureux. Ceux qui veulent le faire, on n’est pas toujours obligés de continuer à négocier. J’ai un calendrier politique et un autre pour aborder les questions importantes pour la nation y compris les élections régionales. Je suis souhaite que ces pourparler aboutissent le plus rapidement possible. Mais je considère que si ces personnes ont à cœur d’aider la nation et les compatriotes, elles devraient s’engager dans ce processus. Vous savez, on ne peut pas retarder le processus tout en entier parce qu’on veut tenir compte de point de vue de tout le monde. Je veux aller le plus loin possible comme votre formule l’indique, mais pas contre les éléments de justice, pas contre le processus judiciaire.

Vous avez insisté sur la question du dédommagement des victimes lors de votre visite. Est-ce qu’il y a des critères pour cela parce que nous avons tous été plus où moins victimes de la crise postélectorale?

Moi-même je suis victime. En Septembre 2002, ma villa a été détruite, ce n’est pas important. Mon aide de camp a été assassiné, mon standardiste a été assassiné, mon jardinier a été assassiné et les enquêtes n’ont jamais aboutit. Il faut d’abord faire la lumière sur tous ces assassinats. J’avais des cameras volante autour de ma résidence. Nous nous savons qui a brûlé ma résidence. Je n’en ai jamais parlé. Nous avons des preuves. Ces personnes viendront devant la justice et des preuves seront montrées. Ensuite nous avons les assassinats vraiment horribles. Mon aide de camp a été froidement assassiné devant ma résidence. Le lendemain du coup d’Etat avorté de 2002, il y est allé pour s’enquérir de ce qui arrivait. Il a été pris, et nous savons qui l’a tué. Et d’ailleurs cette personne a été prise, je ne voudrais pas donner de nom, elle est en détention, qui a enlevé son pistolet et qui l’a tué froidement. Alors qu’ils étaient des promotionnaires à l’Ecole de gendarmerie. Mon jardinier le pauvre, ils l’ont pris chez lui pendant que j’étais à Paris et on lui demande pourquoi, vous coupez le gazon chez Monsieur Ouattara. On l’a amené sur la route de Bassam et on l’assassiné. Si je dis tout ça, ce n’est pas pour dire que j’ai de la rancœur. Le général Guei, il était chez lui. Après, il a vu que sa vie était menacée. Il est allé à la cathédrale. Ils vont le chercher et vont le tuer. Et vous croyez qu’on doit laisser tout ça impuni. Ah non! Il faut qu’on fasse la lumière. Que ceux qui ont perpétré ces crimes soient présentés devant la justice. De l’autre côté, il y a la commission dialogue, vérité et réconciliation. Je peux vous dire que j’ai eu des entretiens avec certains responsables de l’armée, de la gendarmerie, qui m’ont dit «nous avons fait telle ou telle chose par ce qu’on a menacé de tuer nos enfants, de prendre nos familles en otage’’. Ils viendront dire ce qui les poussé à agir ainsi. La commission appréciera. Elle fera des propositions y compris des montants de dédommagement pour les victimes. On ne peut pas tuer quelqu’un et dire parce qu’on demande pardon on ne va pas en prison. Ce n’est pas acceptable. La vie humaine est sacrée. Je dis et je le répète les crimes odieux et inqualifiables doivent être punis. Mais ce n’est pas moi qui dois les punir mais la justice en faisant son travail. L’impunité, c’est terminé. Il faut qu’on la chasse de notre culture. Pendant trop longtemps, elle a été érigée en mode de gestion. Il faut qu’on en sorte. Ce sera mon combat. Que cela plaise ou pas je vais mener ce combat parce que nous devons sortir de l’impunité. En ce moment nous aurons un Etat de droit. Nous ferons un Etat démocratique parce que les gens sauront que s’ils commettent de crimes, il y a eu contrepartie qui est la prison.

Vous avez rendu visite aux réfugiés de la mission catholique, mais vous n’êtes pas allez au camp de réfugiés de Nahibly. Est-ce un oubli?

Non ça n’a pas été un oubli. Je suis allé voir les 700 réfugiés du camp catholique. J’ai indiqué aux organisations des droits de l’homme que nous devons prendre des mesures sécuritaires pour que tous les ivoiriens refugiés retournent chez eux. Toutes les personnes doivent retourner chez elles dans un certain délai. La constitution protège les ivoiriens contre l’exile. C’est en vertu du droit constitutionnel que je demande aux uns et aux autres de rentrer chez eux. Pour ceux des Ivoiriens qui sont refugiés par peur ici et là, ils doivent être escortés et aidés pour retourner chez eux à la maison. Dans mon entendement dans quelques semaines, on ne doit plus avoir de refugiés ivoiriens sur le territoire ivoirien.

Monsieur le Président, j’aimerais que vous précisiez les points sur lesquels vous allez agir concernant la loi de 98 sur le foncier rural. Qu’est ce qui pose véritablement problème et que vous allez changer?

Je n’en suis pas là encore. Le gouvernement travaille et nous avons une méthode de travail. Les ministres de l’Agriculture et de l’Intérieur vont pouvoir faire un certain nombre de réglages en fonction de l’expérience que nous avons vécue. Le Premier ministre va présider un comité interministériel qui nous fera des propositions. Nous considérons seulement qu’elle n’a pas été efficace et efficiente puisqu’il y a eu seulement deux cas qui ont été réglés en ma connaissance. Maintenant, ce que le gouvernement voudra bien faire, c’est de s’assurer que l’équité et l’encouragement à la propriété soient garantis. Nous ne voulons pas que cette loi donne le sentiment qu’elle ne règle pas les problèmes. C’est un élément important. Nous avons déjà débattu de cela à Marcoussis. On ira à l’Assemblée et elle va débattre pour nous sortir une loi amendée et efficace. C’est ce que je souhaite.

Monsieur le président, en attendant que la loi sur le foncier soit réexaminée par les députés, il nous revient que chaque jour des personnes, en grand nombre, investissent toutes les forêts à l’Ouest. Est-ce qu’il y a quelques mesures urgentes qui sont prises par le gouvernement avant l’adoption de la loi sur le foncier?

Bien entendu, le ministre des Eaux et Forêts, le ministre de l’Intérieur et le ministre de l’Agriculture suivent cela de très près. Parce qu’il y a d’abord les droits de la propriété mais également les questions d’environnement. On ne peut pas accepter que nos forêts qui sont quand même des poumons d’oxygène pour la nation puissent être dévastées de cette manière. Par conséquent, en attendant donc la loi modifiée, des mesures sont prises. Ce qui est difficile avec ce que nous avons trouvé sur place, c’est le manque de moyens. Vous savez, il faut des moyens pour aller dans cette forêt et malheureusement, nous n’avons trouvé pratiquement pas de possibilité de pénétrer cette forêt. C’est la surveillance qui va être le rôle du ministère des Eaux et Forêts. Nous travaillons à tout cela et je suis confiant que dans deux ou trois ans, nous aurons eu la possibilité de bien cerner ces questions et de leur apporter des solutions. Je crois que nous avons consacré à peu près une heure de temps. Je voudrais vous remercier pour cette opportunité d’échanger avec vous. Cette première visite, de mon point de vue, a été une bonne visite. Nous avions besoin de témoigner à nos frères, sœurs et parents d’ici dans l’Ouest notre compassion, de les encourager à la réconciliation et au pardon. Et que, la Côte d’Ivoire est une et indivisible et tout sera mis en œuvre pour que les proches des victimes soient dédommagés. Mais au delà, c’est le développement économique et social de la région qui permettra d’aller plus loin dans la vraie réconciliation.
Je vous remercie.
Le Patriote

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