Dimbokro: Les routes sont impraticables

Le Nouveau Réveil

Avec ses 81.158 habitants (selon le recensement de 1998), Dimbokro a été la capitale de la boucle du cacao pendant de longues années. Vaste de 1601Km2, ce département est limité au niveau de la cartographie par Toumodi, Didiévi, Yamoussoukro, Tiébissou, M’batto, Bocanda et Bongouanou. Région cosmopolite, Dimbokro a comme population autochtone les Baoulé qui cohabitent en parfaite harmonie avec leurs frères de la communauté malinké qui représente environ le ¼ de la population générale. Cette communauté est suivie par les Agnis et viennent ensuite les autres groupes ethniques du pays. Au plan administratif, ce département que dirige le préfet Ouéhi Gueu, préfet de la région du N’zi, ne dispose que de trois sous-préfectures. A savoir, la sous-préfecture d’Abigui, la sous-préfecture de Nofou et la sous-préfecture centrale de Dimbokro. Autrefois prospère, la ville de Dimbokro, sinon le département de Dimbokro patauge aujourd’hui dans la boue de la misère avec la fermeture de l’Union textile et industrielle de Côte d’Ivoire (Utexi), la seule usine de l’ex-région du N’zi-Comoé, devenue aujourd’hui les régions de l’Ifou et du N’zi. Dimbokro est situé à 242 kilomètres de la capitale économique par voie routière et de 185 kilomètres d’Abidjan par la voie ferroviaire.

Atouts touristiques notables

Le département de Dimbokro dispose de plusieurs atouts touristiques dont il ne profite pas.

Certains de ces atouts ont été délaissés par les dirigeants de l’ancien régime. Entre autres attraits touristiques, cette ville dispose de la résidence du sous-préfet et sa stèle aux statuettes modelées ayant servi de jet d’eau, la résidence de Koné Samba Ambroise au quartier Dioulakro avant son arrestation, l’actuel dispensaire du médico-scolaire qui fut le premier poste d’exercice du président Félix Houphouët-Boigny, le local du chemin de fer à Nofou, les locaux du dépôt du chemin de fer pour l’approvisionnement en eau des locomotives à vapeur, la prison civile coloniale à Soukouradjan. La stèle commémorative des guerres de 1914, 1918, 1939 et 1945 face à la mairie et le pont centenaire sur le fleuve N’zi en sont des attraits touristiques. L’hôtel Sietho devenu «La renaissance» en 1975, même s’il est fermé, continue d’aiguiser le goût de le découvrir par des touristes, surtout qu’il reste toujours entretenu. Au niveau de l’accueil de potentiels visiteurs, une dizaine de complexes hôteliers est disponible à Dimbokro pour leur hébergement.

Plus de routes praticables

Le département de Dimbokro dispose de 76 villages dont 12 dans la commune. Trois principaux axes routiers, à côté des voies nationales, desservent la plus grande partie de ces villages. D’abord, l’axe Dimbokro-Kouakou Ebinikro qui traverse plus d’une quinzaine de villages. Ensuite l’axe Dimbokro-Essekouadiokro passant par Troumanbo, Adjoumanikro puis l’axe Dimbokro-Tano-Akakro. Enfin l’axe Dimbokro-Bendékro. Après le coup d’Etat de 1999, ces axes sont restés sans réprofilage, sans couverture. Ce qui constitue une entrave réelle et énorme dans la liaison des villages à la ville. Empêchant ainsi les véhicules de touristes, communément appelés voitures personnelles et autres voitures basses de pratiquer ces axes. Kouakou Germain, un habitant de Langba, sur l’axe Dimbokro-Kouakou Ebinikro comme bien d’autres, déplore cette situation : « Nous ne pouvons pas facilement regagner nos villages du fait que les taxis communaux ne peuvent plus emprunter nos routes. Il nous faut forcément attendre les « badjan » (véhicule Renault de 22 places) ou les camions cargo qui ne quittent la ville que le soir. Quand vous rentrez d’Abidjan ou d’une autre ville, vous êtes obligés d’attendre à la gare à Dimbokro jusqu’à ce que les «badjan» ou le camion cargo fassent leur chargement avant de quitter la gare pour qu’on puisse rentrer au village ». Pour ces usagers de ces routes, cette attente engendre bien de dépenses. « Il n’y a pas d’espace aménagé pour attendre le chargement des véhicules. On est obligé de se trouver un maquis, un restaurant ou une buvette où il nous est obligé de prendre forcément un pot en attendant le départ pour nos villages. Ce sont des dépenses imprévues auxquelles nous sommes livrés dans cette gare », regrettent des passagers rencontrés sur place à la gare de Nofou. L’état de ces routes n’est pas fait pour arranger les transporteurs faisant ces lignes. Koua Tano Jean Pierre, un chauffeur de «Badjan» de la ligne Dimbokro-Adjoumanikro, raconte son calvaire : « Pour une distance de 31 kilomètres, je mets en moyenne 1 heure de temps de route. Cela, pour éviter de casser mon véhicule. Avec l’état pareil de nos routes, nous sommes obligés de rouler en 2ème ou en 3ème. Ce qui nous fait consommer énormément de carburant». Malgré cela, Koua Tano Jean Pierre se dit obligé d’aller chaque jour au garage pour vérifier les accessoires de son véhicule. Aussi, pour faire face à cette situation, il a rencontré à plusieurs les jeunes des villages desservis pour l’aider à révertir par endroits l’axe. « Nous, transporteurs, souhaitons ardemment que le gouvernement se penche sur l’état de nos routes à Dimbokro pour faciliter l’exercice de notre métier et satisfaire les besoins des populations », a exprimé Koua Tano. Lesquels propos ont été appuyés par Konan Kouakou Claude et bien d’autres chauffeurs. « La sous-préfecture de Nofou est coupée de la ville de Dimbokro du fait de la route qui est totalement impraticable.

Ce tronçon est presque abandonné par les transporteurs. Alors que la majorité des villages se trouvent sur cet axe qui est le plus court tronçon pour rallier Bouaké et d’autres départements. Quand nos femmes sont à terme de grossesse, nous sommes obligés de les transporter sur des motos pour regagner la ville sinon elles risquent d’accoucher en cours de route. Il y a aussi le fait que l’état de nos routes empêche les producteurs d’écouler leurs produits sur le marché de la vile». C’est en ces termes que M. Bréhima Moukouro a apprécié l’état de l’axe Dimbokro-Nofou. Avant de plaider pour une solution rapide à cette situation le bonheur des populations des villages. « Car l’état de nos routes empêche les producteurs d’écouler leurs produits sur le marché de la ville.»

TANO KOFFI HENRI

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