Côte d’Ivoire – Pourquoi le prix du poisson thon grimpe

Le poisson thon, très prisé en Côte d’Ivoire, est de plus en plus cher. Tant et si bien que les fastfoods abidjanais dénommés « Garbadromes » qui se singularisent par des mets à base de cette protéine s’en détournent progressivement. Les tenanciers de ces espaces proposent aux clients de « garba » (couscous de manioc accompagné de poisson thon soufflé à l’huile végétale), d’autres espèces de poissons. Les consommateurs quant à eux sont obligés de racler le fonds de leurs poches pour s’offrir des morceaux de thon qui, il y a quelques années, ne coûtaient pratiquement rien. La cherté de ce poisson est-elle liée à des difficultés d’approvisionnement ? « Non », a répondu Diarra Mamadou, président du syndicat des acheteurs de poissons congelés et frais, au cours d’une conversation au Port de pêche, le 1er juin 2012. Selon lui, il y a suffisamment de poissons congelés, de thon, notamment au Port d’Abidjan. Des tonnes de poissons en provenance de la Mauritanie, du Sénégal et du Maroc, principalement inondent le port d’Abidjan. Sont-ce alors les impôts et autres taxes douanières et portuaires qui vous pèsent et vous obligent à vendre cher ? A cette question, le président de ce syndicat fraichement porté sur les fonts baptismaux a encore répondu par la négative. Diarra Mamadou a accusé des « clandestins » d’être à l’origine de la flambée du prix du thon. « Il y a au Port de pêche des personnes qui n’ont pas d’agréments ni de documents leur permettant d’exercer se sont infiltrées dans la filière. Ce sont elles qui font aux armateurs et aux usiniers des propositions exorbitantes. Leur objectif étant de rafler toute la production pour ensuite faire de la spéculation, au détriment des autres acheteurs de poissons », a-t-il dénoncé. Des opérateurs économiques qui travaillent en toute illégalité au vu et au su de tous. « Puisqu’ils ne paient pas d’impôts, ils ont les moyens d’acheter les cargaisons au double du prix que nous proposons. Après quoi, ils répercutent les coûts sur les consommateurs», a-t-il expliqué. C’est donc une forme de monopole qui s’est installée dans le secteur et qui permet à des personnes d’y faire la pluie et le beau temps. « Nous sommes solidaires de la souffrance des Ivoiriens. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de trouver une solution pour que chaque Ivoirien ait un morceau de poisson à manger par jour », a-t-il interpellé. Aussi, Diarra Mamadou a-t-il proposé que les prix soient homologués. « L’Etat peut décider d’homologuer les prix de vente du poisson, bien entendu après une étude qui prendra en compte un niveau raisonnable de rentabilité de notre activité. Cela pourra par ailleurs servir de moyen de lutte contre la fraude dans notre secteur », est-il convaincu. Ce leader syndical n’a pas manqué l’occasion d’inciter les Ivoiriens à s’intéresser à la commercialisation du poisson frais ou congelé. « C’est un secteur porteur qui nourrit son homme. Il suffit d’un peu de courage et d’abnégation pour s’en sortir. J’invite donc les jeunes, les femmes et les chômeurs à se lancer dans ce business. Nous sommes prêts à les encadrer », a rassuré le président du syndicat des acheteurs de poissons congelés et frais.

Jonas BAIKEH
Soir Info

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