Affaire Lida – La lettre de Protestation de Toussaint Alain aux autorités togolaises

Objet: Protestation suite à l’extradition de M. Moïse Lida Kouassi

Monsieur le Premier ministre, et cher frère,

J’ai été scandalisé par l’extradition vers la Côte d’Ivoire de M. Moïse Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense et conseiller spécial du Président Laurent Gbagbo, par votre Gouvernement.

Après le renversement du Président Gbagbo par l’armée française le 11 avril 2011, des personnalités proches de l’ancien pouvoir ont trouvé refuge dans plusieurs pays de la sous-région, dont le vôtre – à l’instar de milliers d’autres ressortissants Ivoiriens.

M. Moïse Lida Kouassi et sa famille, fuyant la violence des forces tribales de M. Alassane Ouattara, ont choisi le Togo comme terre d’asile. M. Lida Kouassi jouissait du statut de réfugié politique, selon les normes du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).

Le mercredi 6 juin 2012, votre Gouvernement a, en exécution d’un mandat d’arrêt international, livré M. Lida Kouassi au régime liberticide de M. Ouattara, qu’il ne menaçait nullement. Cette « coopération » est une grave violation du droit international relatif aux réfugiés.

En effet, la Déclaration universelle des droits de l’homme proclame en son article 14.1 : “Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays”.

D’autre part, l’article 33 de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 stipule qu’“aucun des Etats contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité (…) ou de ses opinions politiques”.

Je voudrais, ici, vous exprimer ma profonde indignation ainsi que ma vive préoccupation face à cette atteinte aux principes sacrés de solidarité, d’assistance et d’hospitalité par votre Gouvernement.

L’arrestation de M. Moïse Lida Kouassi puis son extradition vers Abidjan constituent un fâcheux précédent qui crée l’émoi parmi les exilés Ivoiriens du Togo. Mes compatriotes n’avaient, jusqu’à présent, jamais douté ni de l’humanisme ni de la protection des autorités de votre pays.

Le sort de ces réfugiés installés sur le territoire togolais repose entre vos mains. Je place ma pleine confiance en votre Gouvernement afin qu’il continue à préserver leur intégrité physique et leur liberté.

Comptant sur votre implication personnelle et fraternelle,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’assurance de
ma très haute considération.

Toussaint ALAIN
Ancien Conseiller du Président Gbagbo

Ampliation par courrier électronique à :

HCR Genève (Suisse) et Bureaux en France, Côte d’Ivoire,
Ghana, Liberia [hqnews@unhcr.org, lejeunek@unhcr.org,
hutchful@unhcr.org, kouamec@unhcr.org, spindler@unhcr.org,
momodu@unhcr.org]
– CICR Genève (Suisse)
– ONUCI Division des Droits de l’Homme [ngefa@un.org]
– Organisations de défense des droits de l’Homme
– Médias

Une copie originale de la présente lettre, signée par l’expéditeur, a été adressée par fax ce jour même à Monsieur le Premier ministre de la République Togolaise.

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