Kiosque – L’Afrique de Hollande

Après la mort du Président Omar Bongo, même si la question du leadership par rapport à la FrançAfrique demeure jusqu’à présent sans réponse, il est de l’avis de tous que Denis Sassou Nguesso est celui qui incarne le mieux l’âme de ce cercle d’influence. François Hollande n’ignore pas cette réalité.

C’est du reste ce qui explique que le Président congolais ne soit pas jusqu’à présent reçu à l’Élysée. En effet l’homme de la gouvernance normale veut prendre ses distances vis-à-vis de ce nébuleux réseau. D’ailleurs dans son édition N° 629 du 16 Février 2012, La Lettre du Continent nous informait que « les cercles du pouvoir de Brazzaville s’inquiétaient moins des conséquences des printemps arabes que du relâchement du lien avec la France.

En effet, outre l’affaire des « biens mal acquis » qui touche une demi-douzaine de Chefs d’États africains, l’homme fort de la FrançAfrique craint l’ouverture par la justice française du dossier des 353 disparus du Beach de Brazzaville. Un dossier qui traine grâce à la bénédiction de l’Élysée, Chirac d’abord puis Sarkozy. Par ce dossier Hollande tient Sassou.

Il peut exiger et obtenir de lui au-delà de ce qui relève de simples paramétres de la realpolitik. Le Président français peut lui imposer, sans que celui-ci ne sourcille, sa vision de la politique africaine de la France. Une vision conforme à ses convictions afin que pour la postérité son quinquennat soit gravé dans l’histoire des relations franco africaines.

Entre le Président Macky Sall, élu en début de cette année au Sénégal, et le congolais Denis Sassou Nguesso, au pouvoir depuis trente ans, point n’est besoin d’avoir le compas dans l’œil pour voir le côté qui nécessite des corrections afin que l’Afrique, surtout francophone, obtienne un balancier respectueux de l’intérêt collectif.
On peut tromper le peuple une fois. Mais on ne peut pas le tromper toutes les fois. François Hollande a tout pour réussir là où les autres avaient échoué. Mais, il lui faut le courage et la volonté. Fin stratège, durant le voyage qui le conduisit au Brésil pour prendre part au Sommet de Rio+20, Conférence des Nations Unis sur le Développement Durable, Denis Sassou Nguesso s’était improvisé une escale à Paris pour forcer la main à son homologue français. La réponse de celui-ci ne se fit pas attendre. L’Élysée ordonna l’interdiction d’atterrir sur le sol français de l’avion présidentiel congolais.
Dans l’urgence, cette escale se fit à Las Palmas sur le sol espagnol, un véritable camouflet pour le chef de l’État congolais. Lui qui traitait l’actuel locataire de l’Élysée de jeunot en politique. Pour laver cet affront, Denis Sassou Nguesso sortit la grosse artillerie le 24 Juillet 2012, en obtenant les visites à Brazzaville de deux anciens Premiers Ministres de France, Dominique de Villepin et Jean Pierre Raffarin, à l’occasion du lancement du magazine « Forbes Afrique », magazine économique qui sera consacré aux actualités africaines.

Une exclusivité que l’homme de Mpila a dû monnayer gracieusement. Mais le Président congolais joue son va-tout…

Philippe Assompi

Guineeconakry.info

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