La justice, l’autre ventre mou du régime Ouattara

Le ministre des affaires étrangères, Kablan Duncan

Le 8 août 2012, Paulette Badjo, présidente de la Commission d’enquête nationale (CNE) de Côte d’Ivoire a rendu son rapport au président de la République, Alassane Ouattara.

On subodorait ce qui existait déjà dans ce rapport, et c’est à peu près ce qui a été effectivement remis au premier magistrat ivoirien : Entre le 30 octobre 2010 et le 15 mai 2011, c’est 3 248 personnes qui ont perdu la vie, dont 1 452 l’ont été par les sicaires de Laurent Gbagbo, 1 009 ont été « exécutés sommairement dont 727 par les FRCI avec 500 autres envoyés ad patres de façon sommaire et 200 tués par les dozos ».

Des centaines de milliers ont subi des préjudices divers notamment corporels et psychologiques et des centaines sont portés disparus. Et soit dit en passant 300 Burkinabè font parties de ces suppliciés postélectorales, soit 10% des victimes.

Bref, le tableau que dresse la CNE est noire et c’est les yeux pratiquement embués et la voix enrouée, que le n°1 ivoirien a reçu ce document promettant une suite logique à ce travail. On ne peut, pour le moment que féliciter la CNE pour cette tâche de bénédiction. Une enquête qui mérite un épilogue à la hauteur des attentes des Ivoiriens, c’est-à-dire la traduction des coupables devant la justice.

Sur ce point, on prend ADO au mot, lui qui a promis et qui a toujours promis de rendre justice quelle que soit la qualité de la personne incriminée.

Elu démocratiquement, le président ivoirien n’a eu de cesse de proclamer que personne ne sera épargnée, dès lors que la preuve est administrée qu’elle est impliquée dans un délit ou crime.

Or de petits rappels des péripéties de cette décennie maudite ivoirienne (2000-2010) montre qu’il n’y avait pas d’un côté des anges et de l’autre des démons. Tous coupables est-on tenté de dire !

La guerre politique, puis la guerre tout court ont révélé le caractère animal qui sommeille en chaque ivoirien Gbagbophiles et Adophiles se sont étripés et l’heure est à la réconciliation, certes, mais à la justice surtout.

Force est pourtant de constater que jusqu’à présent le pouvoir ivoirien donne l’impression, que ce sont les ceux du Gbagboland qui subissent les rigueurs de la loi, qu’elle soit nationale ou supranationale. Il doit y avoir un fléchissement à ce sujet et ADO doit s’y atteler d’urgence.

Les avatars de la Commission sud-africaine qui ont fait florès sur le continent ont fait flop, car justement la paix des cœurs n’a pas été obtenue, on n’a pas su qui sont les coupables, qui doit-on pardonner, et qui doit solder ses comptes en passant par la case prison. On a amusé la galerie dans le «commissionnisme».

La bataille économique est en train d’être gagnée par Alassane Ouattara, reste, celle de la justice, et pour cela il faudra qu’à un moment ou à un autre, « ADOsolutions » endosse ses habits de Zorro pour que les victimes, toutes tendances confondues soient rassérénées. En plus de sécurité, c’est l’autre ventre mou du pouvoir de Ouattara. Sans oublier bien sûr de ne pas scier la branche sur laquelle il est assis. C’est un exercice de trapéziste auxquel, ADO ne pourra pas se soustraire indéfiniment.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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