A la Une: la crise ivoirienne devant la justice, la jurisprudence Katinan ?


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Par Norbert Navarro RFI

En ce vendredi 31 août, l’actualité ivoirienne est en effet avant tout judiciaire. Avec deux audiences qui seront suivies de très près aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région.

L’une à Abidjan, où le secrétaire général par intérim du Front populaire ivoirien Laurent Akoun doit être jugé pour troubles à l’ordre public.

L’autre à Accra, au Ghana voisin, où Justin Koné Katinan, porte-parole de l’ex-président Laurent Gbagbo, doit comparaitre devant une juridiction devant se prononcer sur la légalité de son arrestation la semaine dernière à son retour d’Afrique du Sud.

Laurent Akoun : maccarthysme à la djoublé

S’agissant de la comparution de Laurent Akoun, L’Observateur Paalga au Burkina-Faso n’y va pas par quatre chemins.

Selon le journal, cette audience aura « valeur de test » pour la justice ivoirienne. Le quotidien burkinabé se demande en effet si le procès de ce haut dignitaire du FPI qu’est Laurent Akoun sera conduit « en toute impartialité, ou si le tribunal va « plutôt faire dans la justice des vainqueurs ». L’Observateur estime que ce qui est reproché à Laurent Akoun « n’est ni plus ni moins que du délit d’opinion ».

Après avoir rappelé les propos publics reprochés au secrétaire général du FPI, notre confrère ne mâche pas ses mots. « Franchement, si un opposant ne peut pas « djafoule » de cette manière sur un pouvoir sans être inquiété, c’est qu’il y a dérive totalitaire. Du maccarthysme à la « djoublé » », lance, dans son style fleuri, le quotidien. Les amateurs de nouchi et de langage populaire abidjanais apprécieront.

Justin Koné Katinan : jurisprudence régionale

S’agissant à présent de la comparution de Justin Koné Katinan à Accra, il n’y a guère que Nord-Sud qui en fasse sa Une ce matin. Le quotidien ivoirien, que l’on présente communément comme proche du président de l’Assemblée nationale, ancien premier ministre et chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles Guillaume Soro, insiste en manchette sur la « grosse pression sur Dramani », le président ghanéen, afin d’obtenir l’extradition vers la Côte d’Ivoire du porte-parole de Laurent Gbagbo. En fait de « pression », Nord-Sud détaille la présence depuis une semaine à Accra de « nombreux officiels ivoiriens », parmi lesquels le directeur de la Direction de la surveillance du territoire, la doyenne des juges d’instruction ivoiriens ainsi que des membres du cabinet du procureur de la République. De quoi conduire la justice ghanéenne à « revoir sa position, espère Abidjan » souligne le journal, qui évoque une « autre pression, (…) celle des accusations sans ambages des autorités ivoiriennes qui reprochent aux Ghanéens de ne pas collaborer franchement dans ce dossier ».

Angola : David et Goliath

Pour la troisième fois depuis l’indépendance du pays, on vote aujourd’hui en Angola. Et comme le stipule la constitution adoptée par le peuple angolais il y a deux ans, c’est le chef du parti vainqueur de ces élections générales qui deviendra président de la République. Vainqueur attendu, président sortant Jose Eduardo Dos Santos, candidat du parti MPLA, même si l’UNITA, l’ancienne rébellion devenue principal parti d’opposition, n’a pas dit son dernier mot.

En France, le quotidien Le Figaro évoque l’œuvre du président Dos Santos, que le journal qualifie de « bâtisseur », en référence aux travaux publics qui ont notamment transformé le visage de la capitale Luanda. Et présente le scrutin d’aujourd’hui comme la « bataille entre David et Goliath ». Quand au scrutin lui-même, il est surtout marqué, selon le journal, par « l’absence d’observateurs européens (qui) ne va pas faciliter l’acceptation des résultats ».

Sénégal – Gambie : l’impitoyable Yahya

Au Sénégal, l’indignation ne faiblit pas après l’exécution capitale de neuf condamnés à mort en Gambie, dont deux Sénégalais. Ce matin, la version en ligne du journal Sud-Quotidien relate la manifestation organisée hier devant le Haut Commissariat de la Gambie au Sénégal. Le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme Alioune Tine y a lancé un appel à la communauté internationale pour tenter de sauver les trente-huit autres personnes qui attendent dans le couloir de la mort à Banjul. Sud-Quotidien rapporte les slogans écrits sur une banderole déployée : « Halte aux exécutions sommaires ». Et relève ceux scandés par les manifestants : « Yahya, dictateur! », « Yahya au tribunal pénal international! », « Yahya, assassin ! Un paranoïaque ! Un danger pour la sous-région ! ».

Non-alignés : machin

Sommet des non-alignés à Téhéran. Le journal Le Pays au Burkina-Faso se demande « à quoi sert encore ce machin ». Après avoir contesté jusqu’au nom-même de cette instance datant de la guerre froide, le quotidien ouagalais dénonce « l’Anachronisme, l’hypocrisie et le manque de solidarité (qui) caractérisent le mouvement des Non-alignés ». Autant d’entraves qui font du mouvement un machin, pour reprendre le qualificatif utilisé par le général De Gaulle contre l’ONU. « Or, un machin, ça ne sert véritablement pas à grand-chose », tranche, définitif, Le Pays.

 

Titre J-ci.net

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