« Le Mali accepte l’envoi d’une force par la Cédéao »

Alors que le nord du Mali est contrôlé depuis six mois par des groupes islamistes, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le gouvernement malien ont trouvé dimanche 23 septembre un accord sur les conditions de déploiement d’une force africaine au Mali.

Quelle est la nature de cet accord?

Début septembre, le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, avait demandé l’aide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour chasser les islamistes du nord du pays. Mais il s’était montré opposé au déploiement de «forces militaires combattantes» à Bamako, réclamé par la Cédéao.

Aujourd’hui, si tous les détails de l’accord conclu dimanche 23 septembre ne sont pas connus, ce point a été tranché. Les autorités maliennes ont accepté que le PC militaire, la base logistique de l’opération et un détachement de force policière et d’experts soient installés dans la périphérie de Bamako. Le site sera choisi par une équipe conjointe Cédéao-Mali.

L’accord a aussi abordé la question du déploiement des forces combattantes: elles seront engagées auprès de l’armée malienne. Elles ne pourront pas opérer seules sur le terrain. En contrepartie, les autorités maliennes ont obtenu la levée du blocage de leurs armes, dont des blindés, immobilisés à Conakry (Guinée) depuis deux mois.

Comment comprendre cet accord?

Le négociateur envoyé à Bamako par la Cédéao, l’Ivoirien Paul Koffi Koffi, estime que «le Mali et la Cédéao sont en phase pour des opérations de troupes sur le territoire malien». Mais le négociateur malien, le colonel-major Yamoussa Camara, est beaucoup plus prudent. Il a expliqué que le dispositif militaire, en périphérie de la capitale malienne, devra être discret, suffisant pour la coordination des actions entre la Cédéao et le Mali.

Pour les putschistes qui ont renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars, la présence d’une force militaire étrangère à Bamako menace leur pouvoir dans la capitale malienne. Pour le négociateur malien, il n’est donc pas question que la Cédéao déploie des unités combattantes dans la capitale. D’autant que la présence de troupes pourrait heurter le sentiment national des Maliens.

Quelle est la suite du calendrier?

Une mission de la Cédéao est attendue dans les prochains jours à Bamako pour formaliser cet accord. Ensuite, la Cédéao transmettra à l’Union africaine (UA) un projet de résolution en vue de son intervention au Mali, qui sera examiné par le Conseil de sécurité des Nations unies, dans la foulée de la conférence sur le Sahel prévue à New York le 26 septembre.

Qui va intervenir?

Depuis des mois, la Cédéao évoque l’envoi d’une force de 3300 soldats au Mali. Mais peu d’États membres ont promis de mobiliser des unités combattantes. Pour l’heure, seuls le Niger et le Burkina Faso ont décidé d’engager des soldats. Lors de son voyage en France en juillet, le président sénégalais Macky Sall avait déclaré ne pas pouvoir engager de soldats au Mali.

«Le pays qui pousse depuis le début de la crise à une intervention militaire de la Cédéao est la Côte d’Ivoire. Son président, Alassane Ouattara, y voit une bonne occasion pour y engager les soldats les plus turbulents de son camp, qui l’empêchent de conduire sa politique de réconciliation», note Roland Marchal, du Centre d’études et de recherches internationales (Ceri).

Parmi les puissances extra-africaines, les États-Unis s’engagent à apporter un soutien logistique et en information. La France, depuis le début de la crise malienne, prend le même engagement. Cependant, des forces spéciales françaises sont déjà déployées au Mali . Par ailleurs, la diplomatie française évoque l’idée d’un engagement des soldats tchadiens dans la reconquête du nord du Mali: des militaires qui ont une longue expérience de la guerre dans le désert.

LAURENT LARCHER

la-croix.com

Titre J-ci.net

 

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