Côte d’Ivoire: les pro-Gbagbo s’organisent (Le Figaro)

Par Tanguy Berthemet Le Figaro

Selon un rapport de l’ONU, ils sont entrés contact avec Ansar Dine, un groupe proche d’al-Qaida.

C’est la preuve attendue des risques qui planent sur la Côte d’Ivoire, alors que des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo s’organisent pour déstabiliser les autorités du pays. Selon un rapport du Panel d’experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire, remis le 14 septembre dernier au Conseil de sécurité, et que Le Figaro a pu consulter, des contacts ont été établis entre les partisans en exil de l’ancien chef d’état et des groupes rebelles actifs au Mali.

Les enquêteurs sont ainsi parvenus à établir qu’une réunion s’est tenue mi-août à la frontière de la Mauritanie et du Sénégal entre deux anciens militaires pro-Gbagbo, le lieutenant Diby et M. Fofana, et des représentants de la milice islamiste Ansar Dine. D’après l’ONU, il s’agissait pour ce groupe proche d’al-Qaida «de parler d’une coopération future, en vue de menacer la paix et la sécurité dans la sous-région, en offrant une possible assistance technique grâce à des mercenaires». Il est fait état de SMS, datés du 9 août, qui évoquent notamment un rendez-vous entre «un colonel» et «certain devanciés du jihad et des touareg pour rencontre discré! (sic)» et des projets d’attaques dans Abidjan.

Révélé par Radio France internationale (RFI), le rapport a suscité beaucoup d’interrogations et de craintes. En contact avec les spécialistes du terrorisme, les rebelles maliens pourraient exporter ces «techniques» en Côte d’Ivoire.

Dans leurs recherches de soutiens, les pro-Gbagbo ne se sont pas limités aux rebelles du Mali. Fin juin, ils ont rencontré dans une caserne de Bamako le chef de l’ex-junte, le capitaine Sanogo. Le texte souligne que, comme Ansar Dine, la junte avait alors «intérêt à la déstabilisation de la Côte d’Ivoire» et du chef de l’État, Alassane Ouattara, qui coordonne les projets d’intervention africaine au Mali. Les experts assurent que des «mouvements d’armes ont été constatés entre la Côte d’Ivoire et le Mali».

Ténors de l’ancien régime

Les investigations prouvent surtout que les partisans Gbagbo s’organisent. Le 12 juillet dernier, à Takorady, au Ghana, les trois principales factions gbagbistes se sont unies. Selon le panel, Marcel Gossio, l’ex-directeur du port d’Abidjan, le pasteur de l’ancien président Moïse Koré ou Charles Blé Goudé ont participé à cette réunion. C’est depuis le Ghana, où sont en exil nombre de ténors de l’ancien régime, que tout serait organisé. Le rapport passe au crible les méthodes de financement de ces nostalgiques qui reposent sur le trafic, depuis l’est de la Côte d’Ivoire, de cacao et de noix de cajou grâce à un système «bien plus sophistiqué que la contrebande habituelle». La plate-forme pour le recrutement de mercenaires est, elle, au Liberia. Des camps d’entraînement ont été localisés et des «généraux» identifiés comme Oulaï Anderson, alias le «Tarzan de l’Ouest», ou Isaac Chegbio, surnommé «Bob Marley». Ces groupes sont à l’origine des attaques qui ciblent l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Le danger pour le pays ne s’arrêterait pas là. Le rapport souligne que les insurgés pourraient recevoir de l’aide d’anciens partisans armés d’Ouattara dont certains, ne s’estimant «pas récompensés», sont «loin d’être satisfaits»

Commentaires Facebook