Le Guémon et le Cavally chez Ouattara, les enjeux de la rencontre (vidéo)

Les sujets qui seront à l’ordre du jour

Le président de la République, Alassane Ouattara rencontre, au palais de la présidence, ce lundi 22 octobre 2012, à sa demande, les populations Wê (une appellation donnée par Angèle Gnonsoa aux groupes ethniques Wobè et Guéré) des régions du Cavaly et du Guémon, qui peuplent l’ouest de Côte d’Ivoire. Deux régions qui ont été le théâtre d’affrontements meurtriers et qui restent à ce jour, un «volcan» au bord de l’explosion. Une occasion pour les Wê, de parler à cœur ouvert avec le premier magistrat du pays qui a accordé, au mois d’avril 2012, à leur région, sa première sortie officielle. Face au chef de l’Etat, il ne s’agira pas d’avoir, une attitude plaintive, mais de lui présenter, avec sincérité et franchise, les préoccupations des populations. De ce point de vue, plusieurs questions qui dominent les ressentiments des populations de l’ouest devraient marquer les échanges. Au premier chef, l’occupation, pour le moins anarchique doublée d’expropriation, des plantations et des terres des autochtones. L’application de la loi de 1998 relative au foncier rural devrait être avancée comme solution. Ce d’autant qu’ils sont nom- breux aujourd’hui à l’ouest qui dénoncent « une spoliation systématique des terres». Le désarmement des personnes qui n’ont pas le droit d’en posséder, en particulier, les Dozos, ces chasseurs traditionnels qui ont pris pied à l’ouest, devrait être aussi abordé. Il y a en outre, la grande question de la réconciliation, qui implique, le retour des exilés pro-Gbagbo basés, notamment, au Liberia, au Ghana et ailleurs. L’insécurité transfrontalière, la réhabilitation des habitations détruites et la sempiternelle question des infrastructures, notamment routières, ne devraient pas rester sous le boisseau lors de cette rencontre où plus 1.000 personnes sont attendues.

A. B. DEPEYLA
Soir Info

Le Guémon et le Cavally chez le chef de l’Etat : Les enjeux de la rencontre

Nord-Sud

Sauver l’Ouest, c’est sauver la Côte d’Ivoire. Les gouvernants et les populations de cette partie du pays s’attaquent lundi aux questions épineuses qui plombent la pacification définitive du pays.

Ce lundi, le président de la République s’entretient avec le peuple Wê des régions du Guémon et du Cavally. Mais ce n’est pas une rencontre exclusivement réservée aux autochtones puisque les représentants des communautés allogènes ont leurs mots à dire sur la cohabitation controversée avec leurs hôtes. On aura assez ressassé les prémices de ce rendez-vous pour lequel les futurs hôtes du palais présidentiel se mobilisent sans cesse. Communiqué par-ci, réunion par-là. Sans compter les interventions à n’en point finir des cadres desdites régions dans la presse. Chacun semble vouloir faire ce qui est en son possible pour donner un éclat aux retrouvailles. En un mot, l’engouement est réel et l’impatience perceptible. Dire que ce n’est pas la première fois que le chef de l’Etat sera face à eux. Mais alors, pourquoi tant d’émotion quand on sait que ce sera la seconde fois, depuis l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, que le chef de l’exécutif parle avec le Guémon et le Cavally. Car, déjà fin avril, le chef de l’Etat leur avait dédié sa toute première visite d’Etat d’après crise postélectorale. C’est que le rendez-vous importe beaucoup pour l’avenir du processus de paix et de réconciliation nationale. D’abord pour le pays tout entier, mais surtout pour la région de l’Ouest, devenue une poudrière au fil des crises successives. L’Ouest est le nœud ou, disons, le ventre mou de la paix en Côte d’Ivoire. Il n’y a qu’à considérer la triste histoire des affrontements intercommunautaires, des nombreux crimes commis, des explosions de violence parties parfois de rien du tout et, enfin, -si on devait s’arrêter là- du sentiment de vengeance perceptible qui éloignent les uns des autres. Duékoué, Guiglo, Bloléquin, Bangolo, Taï et Toulepleu n’ont que trop souffert.

Diaspora Wê

La communauté autochtone et celle des allogènes ont été maintes fois aux prises pour des raisons existentielles. A savoir le contrôle de la terre et de la forêt depuis les années 80. Si une loi existe sur le foncier rural depuis belle lurette, force est de réaliser que son application reste problématique. Pour en parler, seules les populations frappées par les conséquences du contrôle des terres peuvent conséquemment suggérer des esquisses de solutions à l’Etat. Il en est de même pour la gestion de la situation sécuritaire. L’Etat a mis en place des dispositions sécuritaires dont une brigade de sécurisation spécialisée qu’on trouve seulement à l’Ouest. Mais rien n’y fait. Car la sécurité reste encore hypothétique dans cette partie du pays. Que faire ? Les hôtes d’Alassane Ouattara ont certainement des propositions plus réalistes à faire dont ils discuteront de la faisabilité sur le terrain. La question récurrente des chasseurs traditionnels du Nord (ou dozo), celles des miliciens, des mercenaires libériens, des Burkinabè devenus propriétaires terriens sont autant de sujets sur lesquels Alassane Ouattara voudra entendre ceux-là même qui les vivent au quotidien. Il est question de trouver, enfin, des voies et moyens d’assainir l’environnement social, de relancer la prospérité de l’ancienne boucle du café et du cacao. Cela passe par une profonde sensibilisation devant absolument porter sur le désarmement, la règlementation de l’accès à la propriété forestière villageoise, l’installation d’allogènes dans le tissu socio-économique. Mais il va falloir parler aussi aux autochtones. A qui une opinion reproche le bradage de la terre, la non reconnaissance de l’autorité suprême, la connexion des jeunes avec des mouvements armés. Sur ce point, c’est à juste titre que les autorités ivoiriennes ont décidé d’entreprendre avec leurs homologues libériens des actions de sensibilisation des sociétés civiles respectives. Le tout étant pour elles de parvenir à couper les liens entre miliciens et politiques.

Bidi Ignace

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