Le cirque pyrotechnique de retour – illuminations

Je n’ai rien contre les décorations de Noël, au contraire, quand je suis en France à cette période, je suis la première à m’émouvoir de ce spectacle, particulièrement beau dans l’est de la France, où le climat froid et la neige ont besoin de cette atmosphère chaude, chaleureuse, qui véhicule un peu de fraternité, bon an mal an… Mais qu’est-ce à dire dans une Côte d’ivoire exsangue, défigurée, où chaque famille compte ses morts, ses disparus, ses prisonniers, ses malades, ses exilés, ses chômeurs, ses enfants affamés : pourquoi de nouveau ce cirque en cette fin d’année ? Voila que maintenant, en plus des illuminations, Ouattara, Soro et Bédié vont rivaliser pour avoir chacun le spectacle du feu d’artifice le plus beau, à Abidjan, Ferké et Yamoussoukro, villes emblématiques, alors qu’il n’y a pas d’argent pour payer les salaires, créer des emplois, éviter de nouvelles grèves, remplacer le matériel des écoles, apporter l’électricité aux populations du Zanzan ? De qui se moque-t-on ?

Si mes souvenirs sont exacts, ce sont les artificiers français qui excellent dans la production de ces spectacles pyrotechniques, donc encore quelques marchés juteux à la clé, quand d’autres font carême, un carême d’abstinences, hors du temps liturgique, imposé par des hommes politiques dont l’égo et l’endurcissement n’ont plus de nom… Les feux d’artifices, une nouvelle preuve de la réconciliation en marche dans cette nouvelle Côte d’Ivoire au travail ?

Le Zanzan a eu sa gâterie de Noël avant l’heure, n’a-t-on pas vu Ouattara s’exhiber à Doropo en chemises longues-pagne, qui rappelaient celles du président Gbagbo, ses ministres, ses proches, lors de la campagne présidentielle ? Alors qu’il semblait mépriser auparavant cet accoutrement populaire en n’y voyant que de la démagogie, il y puise son nouveau look, tel un sapin de Noël rayonnant, plein de boules sur fond de sang séché. Jamais une copie, ne remplacera un original, dussent les meilleurs artistes du faux être là pour aider à donner le change : le sang ne s’efface pas, même le meilleur des détergents ne le fera pas disparaître. Au contraire ne voit-on pas la police scientifique traquer les traces de sang grâce à la lumière noire, seule apte à révéler ce sang caché, invisible en le rendant fluorescent ?

Tout ce décorum est simplement abject.

Shlomit Abel

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