Alliot Marie « les militaires avaient l’obligation de désobéir »

Le contexte «particulier» d’intervention des militaires en Côte d’Ivoire

L’ancienne ministre de la défense a témoigné, mardi 4 décembre, au procès des militaires poursuivis pour le meurtre de l’Ivoirien Firmin Mahé.

Au procès des militaires, le général Poncet nie toute implication dans la mort de Firmin Mahé
Procès des militaires: le général Poncet nie avoir tué Firmin Mahé

C’est dans une salle comble et parfaitement silencieuse que Michèle Alliot-Marie est venue à la barre. Entendue en tant que témoin dans l’affaire « Mahé », l’ancienne ministre de la défense a d’emblée précisé que les faits jugés ici étaient « inacceptables, totalement contraires au règlement militaire mais aussi à la morale et à l’éthique ».

Les militaires français, protecteurs des populations locales

Elle a toutefois immédiatement rappelé le contexte « particulier » d’intervention de la Force Licorne en Côte d’Ivoire en 2005. « De très nombreuses exactions contre les populations s’y déroulaient », a concédé Michèle Alliot-Marie. Et d’ajouter, se souvenant de ses déplacements sur le terrain : « Les militaires français étaient ressentis comme les garants de la sécurité et de la protection des populations. J’ai vu dans les villages les témoignages qui leur étaient adressés ».

Comme d’autres avant elle, Michèle Alliot-Marie est revenue sur les nombreux viols, rackets et assassinats commis par les « coupeurs de route ». « Certains étaient arrêtés et se retrouvaient dans les villages quelques jours, voire quelques heures après, créant un fort sentiment d’impunité dans la population ». C’est dans ce contexte que les militaires français ont décidé de mettre Firmin Mahé hors d’état de nuire.
Un mandat onusien inadapté

Interrogée sur le cadre juridique d’intervention des militaires en Côte d’Ivoire, Michèle Alliot-Marie a reconnu que le mandat de l’ONU « n’était pas particulièrement adapté » au contexte géopolitique de l’époque. Plusieurs hauts-gradés avaient alors réclamé la nomination d’un administrateur international susceptible de donner des suites judiciaires aux arrestations des «coupeurs de route». Sans succès. « Je suis intervenue à plusieurs reprises auprès du responsable des opérations de maintien de la paix, assure l’ex-ministre. Je n’ai pas obtenu gain de cause ». En creux, et par-delà l’indéniable responsabilité incombant aux militaires, c’est bel et bien la responsabilité du pouvoir politique qui est ici posée.

Désobéir à un ordre manifestement illégal

Interrogée sur le fait de savoir si, en cas d’acquittement, les militaires actuellement jugés pourraient demander à réintégrer l’armée, Michèle Alliot-Marie a longuement hésité avant de répondre : « C’est la justice qui décide d’un acquittement… S’ils étaient reconnus innocents, c’est une demande qui serait acceptable ». Elle a toutefois tenu à rappeler qu’en cas d’ordre manifestement illégal -comme ce fut le cas dans «l’affaire Mahé» – les militaires savaient qu’ils avaient « l’obligation de désobéir ».

MARIE BOËTON
la-croix.com

Titre: J-ci.net

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