Côte-d’Ivoire – décès tragique du Nonce, mauvais signes des temps ?

Par Louty | Connectionivoirienne.net 10.12.2012

Le weekend qui vient de s’achever a été marqué en Côte-d’Ivoire par le décès accidentel à Man du Nonce apostolique, doyen du corps diplomatique et Ambassadeur du Vatican dans ce pays. Le corps de son chauffeur Compaoré Oussenou, tué dans l’accident était retrouvé le lendemain dimanche 9 novembre à une vingtaine de mètres de l’épave de la 4×4 Toyota Prado « apostolique ». Les enquêtes en cours, avec l’aide des rescapés, le chauffeur de la Mercédès 190 Kouassi Yapo Casimir, ceux dans le véhicule du Nonce, Kaboré Béatrice et le père Cambissi Roberto, sauront aider à mieux éclairer l’opinion sur les conditions de ce drame. Les deux victimes portaient-elles leurs ceintures de sécurité ? Le Nonce était-il assis à l’avant ou à l’arrière du véhicule ? En attendant les résultats des enquêtes, l’onde de choc aura foudroyé la communauté catholique de Côte-d’Ivoire et bien au-delà, dans un pays toujours instable, encore meurtri par une décennie de crises politico-militaires.

Visite du Pape

Le sort aura voulu que le Nonce meurt dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire, une région où le sang des ivoiriens et ivoiriennes aura abondamment coulé. Le même sort aura aussi voulu que le Nonce meurt atrocement, trois petites semaines après avoir « facilité » la récente visite du couple présidentiel ivoirien chez le Pape Benoit XVI au Vatican [16 novembre 2012].

Ambrose Madtha ne verra pas la probable visite du Saint-Père, invité par les officiels ivoiriens à venir inaugurer l’hôpital Saint Joseph Moscati de la Basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro, prévue en 2013. Certaines sources affirment que le nonce accidentellement arraché à l’affection des siens, avait négativement « briefé » le Saint-Père sur l’opportunité de cette visite à Yamoussoukro, arguant que l’actuel pouvoir ivoirien pourrait politiquement en tirer profit, surtout que le pays en question est encore très loin d’être stabilisé.

Une Église catholique complice ?

L’histoire récente retiendra tout de même que Ambrose Madtha en fonction depuis 2008, aura été l’un des médiateurs de premier plan durant les récents soubresauts meurtriers qui ont traversé la Côte-d’Ivoire. L’Église catholique ivoirienne et par ricochet le Vatican étant de plain-pied, au moins comme bases de refuge dans ce qu’il est désormais convenu de considérer comme le plus grand massacre de l’histoire moderne de la Côte-d’Ivoire, celui du quartier Carrefour de Duékoué, à quelques centaines de mètres d’une Mission catholique. A Abidjan, et ailleurs dans le pays, des milliers d’Ivoiriens avaient trouvé refuge dans les paroisses. Jamais de mémoire, le Nonce apostolique parti de façon atroce, n’avait pu dire publiquement sa part de vérité aux peuples meurtris et traumatisés de Côte-d’Ivoire, à la recherche de la vérité.

« Complice » de l’opacité, adepte de la langue de bois diplomatique, Ambrose Madtha part de façon atroce, précisément sur ces terres-là, qui ont vu mourir des milliers d’Ivoiriens avant lui, de façons tout aussi atroces. Ironie du sort, le lendemain de son accident, le Nonce apostolique avait rendez-vous avec un groupe d’ex déplacés Guéré à Duékoué, auxquels l’Ambassadeur du Saint père avait cru bon d’offrir 17 maisons toutes neuves, pour leur retour sur leurs terroirs. Ces populations relogées grâce aux bons soins du Nonce, attendaient lui manifester leur reconnaissance, le dimanche dernier…

La suite tragique est connue !

Rideau !

Par Louty Guégouhin| Connectionivoirienne.net

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