Côte d’Ivoire – guerre de succession au sommet de l’État

En politique, les cartes se redistribuent constamment et rien ne semble être acquis d’avance. En Afrique, où ce sont les leaders « les élites » qui par leur force individuelle, confèrent aux partis politiques leur valeur, les changements sont beaucoup plus fréquents. Bien évidemment, il ne pouvait en être autrement quand les choses se font au gré des humeurs et autres sentiments d’un individu.

En Côte d’Ivoire, le Président Ouattara en bon technocrate, bon calculateur, a fait sien l’assertion selon laquelle, la valeur d’un chef réside en sa capacité à bien partir. Un chef ne part bien à la retraite que lorsqu’il réussit à se trouver un remplaçant et parvient à l’imposer.

« La Solution » l’a bien compris. Lui qui, pour bien d´observateurs est d’une naïveté politique et d’une méconnaissance sans pareils pour un président du contexte culturel ivoirien, serait en passe de surprendre tout le monde. Du moins, il ne serait pas loin de profiter du manque de vigilance des uns et des autres pour réussir un coup de fin stratège politique.

En effet, selon nos sources, ADO s’est toujours voulu un successeur ayant un profil semblable au sien. Et donc, il considère que pour se retirer tranquillement après son ou ses 2 mandats et continuer à être présent dans le milieu politique, il lui faut un remplaçant de la même école que lui. En clair, pas question de céder son fauteuil à un non technocrate.

Malheureusement, il semble peu servi quand on regarde la réserve de son parti, car en faisant une révision des cadres du parti dont il est issu, le RDR, il s’est rendu compte que le profil recherché est denrée rare.

Dès lors, l’unique alternative qui s’offre à lui est celle de procéder à un recrutement. Il lui faut donc quelqu’un qui ne soit pas encore engagé avec un parti politique et qui présente des qualités indéniables sensées convaincre l’opinion nationale mais bien plus le milieu international. L’idéal pour lui est de trouver un cadre qui a déjà convaincu l’observateur international.

Notre source nous révèle que la venue de Billon dans le gouvernement Duncan obéit à ce souci de recrutement. Et en la matière, ce dernier a un profil qui plaide pour lui. Technocrate averti, le nouveau ministre du Commerce et des PME à un Curriculum Vitae très séduisant. Titulaire d’une maîtrise de droit des affaires de l’Université de Montpellier et d’une maîtrise de gestion obtenue aux États-Unis, il est PDG du groupe SIFCA, premier groupe privé du pays avant d’être nommé conseiller économique et social en 2001, vice-président de la chambre régionale UEMOA depuis 2002 et vice-président pour l’Afrique de l’Ouest de la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones depuis 2004. Au plan économique, il a lancé une campagne à travers l’Europe et les pays émergents. Le 26 mai 2008, il a plaidé dans les locaux du MEDEF à Paris pour le retour des investisseurs français en Côte d’Ivoire. Le parfait choix est-on tenté de s’exclamer.

Avec ce profil, on est sûr que la communauté internationale approuverait ce choix. L’opinion nationale semble être sensible au’x qualités de notre homme. ADO a donc trouvé son remplaçant souhaité, sur conseils de ses amis Européens et Américains.

Le hic dans l’affaire est qu’au RDR, il existe un monsieur, le Ministre d’Etat Hamed Bakayoko, compagnon de lutte de Ouattara qui lui, est convaincu que cette place lui était destinée. Quoi de plus normal qu’il s’offusque et affute ses armes devant la fièvre de sympathie et d’admiration du « bravetchiè » pour Jean Louis Billon. Avouons que le Président a trop vite dévoilé sa carte. L’autre dirait que son péché l’a rattrapé.

Hambak a été alerté par le fait que de plus en plus et de façon publique, papa ADO félicite Jean Louis et le reçoit constamment chez lui pour dîner. « L’enseignement passe mieux autour d’un repas copieux ». Le clou dans toute l’histoire, est qu’au dernier moment, le président aurait voulu imposé que Billon soit le candidat RDR aux élections régionales à Dabakala. Et là, la réaction du ministre d’Etat ne s’est pas fait attendre. Il a rompu le sacerdoce sacré saint en s’opposant ouvertement à la décision du président.

Aux dires de nos sources, la bataille ferait rage en ce moment entre les deux frères ennemis.

Difficile de s’accorder sur le partage de l’héritage entre le « fils biologique et le fils adoptif ».

Qu’adviendra-t-il du gouvernement Duncan 1 face à cette nouvelle querelle de succession ?

Serges Diby

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