Colonne de blindés arrivée, 150 000 réfugiés et 230 000 déplacés

La colonne d’une quarantaine de blindés français venus de Côte d’Ivoire est arrivée dans la nuit de lundi à mardi à Bamako, où elle a renforcé le dispositif luttant contre les forces jihadistes, a indiqué à l’AFP le conseiller médias du détachement français dans la capitale malienne.

Ces éléments de la force Licorne, basée à Abidjan, ont quitté la capitale de la Côte d’Ivoire lundi matin et ont passé la journée sur la route, avant d’arriver dans la partie militaire de l’aéroport de Bamako vers 03H00 du matin (03H00 GMT) , a précisé le capitaine Pierre Couillot. (AFP)

Colmar. Archives Hervé Kielwasser

Le pouvoir malien sauvé des putschistes par les militaires français

LE MONDE

Alors que le lycée français ferme ses portes, les écoles maliennes rouvrent les leurs. C’est l’effet de la transformation politique induite par l’intervention militaire au Mali engagée par Paris. Elle augmente le risque pour les ressortissants français, mais diminue celui de voir le pouvoir civil malien renversé.

Loin du nord du pays, il y a un homme que l’armée française a contribué à sauver, au moins temporairement : le président par intérim, Dioncounda Traoré. Quelques jours avant que l’armée française ne déploie des troupes au Mali, notamment à Bamako, le renversement des fragiles autorités locales qu’il dirige semblait « pratiquement programmé », selon un proche du président. Selon la même source, des militaires auraient même envisagé d’arrêter ce dernier dans la nuit du 9 au 10 janvier, la veille de la prise de Konna par la coalition islamiste.

Dans les jours précédant le début des affrontements entre djihadistes et armée régulière, qui allaient déclencher les premières frappes aériennes françaises, Bamako était au bord du gouffre.

Les groupes politiques qui soutiennent l’ex-junte du capitaine Sanogo avaient lancé une série de manifestations en faveur de l’organisation d’une concertation nationale dont le but était de remettre en question le pouvoir de M. Traoré. Ils affirmaient aussi leur hostilité à une intervention extérieure, y compris française, au Mali, laissant le soin de reprendre le Nord à la seule armée malienne.

L’AMBIANCE ÉTAIT ÉLECTRIQUE À BAMAKO

Tandis que les groupes armés islamistes se mettaient en ordre de bataille pour organiser leur percée vers le Sud, des manifestations hostiles étaient organisées à Bamako entraînant des violences. Des organisations politiques, un syndicat d’écoliers et d’étudiants (AEEM) avaient appelé à la grève. Dans les rues, on avait dressé des barrages, enflammé des pneus, bloqué le passage de deux ponts. L’ambiance était électrique.

La chute de Konna semblait ouvrir la voie à celle de Mopti et de la base voisine de Sévaré. Un début de réaction en chaîne qui aurait pu emporter le pouvoir civil. « Si Mopti avait été prise, les islamistes se seraient trouvés avec un boulevard ouvert en direction de Bamako », analyse Tiébilé Dramé, président du Parena, et pilier du FDR, une coalition hostile à l’ex-junte du capitaine Sanogo. Il conclut : « C’est le syndrome de Tessalit. »

En mars 2012, la chute de Tessalit, dans le Nord, avait marqué le début de l’effondrement militaire et psychologique du pouvoir civil malien de l’époque, à la veille d’une élection présidentielle à laquelle le président Amadou Toumani Touré (« ATT ») ne devait pas se représenter. Dans la foulée, un coup d’Etat, mené par des sous-officiers, hommes du rang et officiers subalternes, survenait dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 alors que les soldats basés à Bamako refusaient de partir au front. « Nous n’étions plus que dix-sept à la présidence lorsque les putschistes sont arrivés », témoigne un conseiller d’ATT présent ce soir-là.

« OTAGES DES MILITAIRES »

Dans le désordre, un inconnu, le capitaine Amadou Sanogo, allait émerger. Contraint de quitter le pouvoir sous la pression des pays de la région peu après, il continue, depuis, d’exercer une forte influence. A la mi-décembre 2012, des responsables militaires de l’entourage du capitaine avaient débarqué sans ménagement l’ex-premier ministre, Cheikh Modibo Diarra, de son poste de premier ministre, en l’arrêtant chez et en lui faisant annoncer sa démission à la télévision nationale. Certains de ses proches ont ensuite été nommés dans le gouvernement du nouveau premier ministre. « Il ne faut pas se voiler la face : le président et la transition sont les otages des militaires », assure un conseiller du nouveau premier ministre, Diango Sissoko.

Qui commande l’armée ? La question est complexe. Dans certaines unités, remarque une bonne source malienne, « la chaîne de commandement est entièrement perturbée, surtout depuis le putsch : ce sont les sergents qui donnent des ordres aux colonels de notre armée où les officiers supérieurs sont en nombre écrasant ».

Lorsque le Mali est entré en possession d’une importante livraison d’armes, le matériel, notamment des blindés, a été accueilli à Bamako par le capitaine Sanogo, qui s’est installé à la tête du convoi pour le mener jusqu’au camp militaire de Kati, où se trouve sa propre « capitale ». On ignore si cet armement a fait son chemin jusqu’au front où l’armée malienne devrait être engagée à présent.

Jean-Philippe Rémy – Bamako, envoyé spécial

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Près de 150 000 réfugiés et 230 000 déplacés au Mali, selon l’ONU

Le Monde.fr avec AFP et Reuters

Le nombre de réfugiés chassés par le conflit au Mali approche les 150 000 personnes dans les pays voisins, indique mardi 15 janvier le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies et le nombre de personnes déplacées dans le pays est proche de 230 000, a précisé le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Le HCR a recensé 54 100 réfugiés maliens en Mauritanie, 50 000 au Niger, 38 800 au Burkina Faso et 1 500 en Algérie. Par ailleurs le Programme alimentaire mondial, qui distribue de la nourriture au Mali via plusieurs ONG, a souligné qu’il lui manque un financement de 129 millions de dollars (95 millions d’euros) pour répondre aux besoins.

LE SOUTIEN DE L’ONU

« Nous faisons tout à fait confiance à la France », a déclaré Susan Rice, l’ambassadrice américaine à l’ONU, en estimant que l’intervention française avait une « base ferme ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son soutien à l’intervention française au Mali, lundi. « Tous nos partenaires ont reconnu que la France agit en conformité avec la légalité internationale et la charte de l’ONU », a déclaré Gérard Araud, ambassadeur de la France à l’ONU. Il a réaffirmé que la priorité pour la France était « la mise en œuvre rapide de la résolution 2085 de l’ONU », adoptée le 20 décembre.

Cette résolution autorise le déploiement à terme d’une force internationale, essentiellement africaine – baptisée « Mission internationale de soutien au Mali » (Misma) – afin de reconquérir le nord du Mali, aux mains d’islamistes armés, mais elle invite aussi à un processus de réconciliation politique à Bamako et à des négociations avec les groupes rebelles du Nord qui se dissocieraient du terrorisme.

WASHINGTON DOUTE DES FORCES AFRICAINES

« Nous faisons tout à fait confiance à la France », a renchéri l’ambassadrice américaine Susan Rice, qui estime que l’intervention française avait une « base ferme ». Mme Rice s’est félicitée de ce que « les Français aient heureusement traité de manière professionnelle la menace islamiste ». Mais elle a souligné que les Etats-Unis restaient sceptiques quant à la capacité des forces maliennes et de leurs alliés de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest de reconquérir le nord du Mali.

« Les Etats-Unis se sont toujours posé des questions sur la viabilité du concept » de la Misma, a-t-elle reconnu, estimant que l’armée malienne avait été « mise sens dessus dessous » par la dernière offensive des islamistes. Pour Mme Rice, il faut « revoir presque de fond en comble » le schéma de la Misma « étant donné que les circonstances sur le terrain ont beaucoup changé ».

SOUTIEN LOGISTIQUE, RENSEIGNEMENT ET TRANSPORT AÉRIEN

Lundi, des responsables du Pentagone ont déclaré que les Etats-Unis échangeaient des informations avec les forces françaises au Mali. « Il est de notre responsabilité de pourchasser les gens d’Al-Qaida partout où ils se trouvent », a dit le secrétaire à la défense, Leon Panetta, à bord de l’avion qui le conduisait en Europe, où il effectue une tournée d’une semaine à Lisbonne, Madrid, Rome et Londres. « Il est également de notre responsabilité de nous assurer qu’Al-Qaida n’établisse pas au Mali une base pour ses opérations en Afrique du Nord », a-t-il ajouté.

M. Panetta a précisé que face à cette menace islamiste dans la région, Washington envisageait de fournir une assistance à ses partenaires dans trois domaines : soutien logistique limité, renseignement et transport aérien.

L’Organisation de la coopération islamique appelle à un « cessez-le-feu »

Le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé mardi à un « cessez-le-feu immédiat ». Dans un communiqué, Ekmeleddin Ihsanoglu a appelé à un retour aux négociations entre autorités maliennes et islamistes qui étaient parrainées par le Burkina Faso. M. Ihsanoglu s’est dit « profondément préoccupé » par la situation au Mali, exhortant « à la retenue toutes les parties en conflit » et souhaitant une « solution pacifique du conflit ». L’OCI, basée à Jeddah, en Arabie saoudite, regroupe 57 pays.

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