L’état d’esprit des exilés d’Accra avant le procès de Gbagbo

TOURE MOUSSA ZEGUEN2

Félix D. Bony source L’inter

A la vérité, depuis leur départ du pays, chacun essaie de survivre à sa manière, dans son exil. Mais, il reste soudé autour d’un idéal commun. Celui de la poursuite de ce qu’ils désignent eux-mêmes par ‘’le combat pour la libération et la vraie démocratie en Côte d’Ivoire’’. Les partisans de Laurent Gbagbo au Ghana, croient dur comme fer que ce combat aboutira un jour et marquera leur grand retour. Mais, pour eux, la première étape de cette lutte politique commence par une victoire. Celle de ‘’la vérité sur le mensonge’’ à travers le procès de l’ex-président détenu à la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas.

A quelques jours de ce procès prévu pour le 19 février, c’est dans cet état d’esprit qu’attendent avec impatience, les ‘’patriotes’’ en exil dans la capitale ghanéenne. De passage à Accra, certains leaders de la galaxie patriotique et des personnalités proches de l’ex-chef de l’Etat, nous ont confié comment ils se préparent pour le procès, qui débute mardi prochain.

A défaut de pouvoir se rendre à la Haye, où leurs camarades en Europe annoncent une grande mobilisation, les pro-Gbagbo en exil au Ghana n’ont qu’une seule arme : celle de la prière et du recueillement pour accompagner leur mentor à son audience. Un proche de l’ancien président de la République annonce des séances de retrouvailles pour prier avec ses camarades exilés et envisager des journées de jeûne, pour ceux qui le peuvent, afin de soutenir ce grand moment qui sera marqué par un grand oral de Laurent Gbagbo face à la procureure de la Cour Pénale internationale, Fatou Bensouda.

En effet, à l’issue de cette audience prévue pour durer 3 jours, les juges donneront le premier verdict qui consistera soit à confirmer les charges retenues, depuis l’ex-procureur Louis Moreno Ocampo, contre le président Gbagbo, soit à acquitter tout simplement le prévenu, qui recouvrirait de facto sa liberté pour insuffisance de preuve. Ces derniers mois, la CPI a acquitté beaucoup de ses prisonniers, qui ont bénéficié de leur présomption d’innocence.

A Accra, les partisans du prédécesseur de l’actuel président, Alassane Ouattara, au Palais d’Abidjan, espèrent un verdit similaire pour leur mentor. Ils sont formels que leur champion sera acquitté la semaine prochaine et ne s’embarrassent point pour le démontrer. «Le président Laurent Gbagbo a tous les arguments en sa faveur pour être acquitté. Il n’avait pas engagé de guerre contre Alassane Ouattara. Il a dit qu’il avait gagné les élections, à l’issue de la proclamation du Conseil Constitutionnel, qui s’est fondé sur des irrégularités relevées par les observateurs, parmi lesquels les émissaires de l’Union Africaine, au nord. Son adversaire, déclaré vainqueurs dans son propre QG par la Commission électorale indépendante (CEI), aussi, réclamait la même victoire. Lui, il a préconisé un recomptage des voix, pendant qu’on lui menait la guerre à Abobo, à travers un commando dit invisible, qui tuait policiers et éléments des ex-forces de défense et de sécurité (FDS). C’est dans cette ambiance, alors que l’UA avait commis un émissaire pour trouver une issue pacifique à cette crise, qu’on a bombardé sa résidence pour l’en extraire et donner le pouvoir à son adversaire. Où est-il qu’on l’accuse d’avoir commis des crimes?».

Pour cette haute personnalité proche de Laurent Gbagbo, qui nous a fait ces confidences au téléphone alors que nous tentions de le joindre dans la capitale ghanéenne, sauf si la CPI est une justice aux ordres de certains régimes, un coup de l’histoire s’annonce dans quelques jours, certainement le jeudi 21 février prochain, jour de la délibération et de l’annonce probable du verdit du procès  »Procureur contre Laurent Gbagbo ». Dans cette perspective, les exilés d’Accra voient pour bientôt la fin de leur chemin de croix.

Espérant que l’ancien chef de l’Etat regagnera son pays pour qu’eux aussi puissent retrouver sans crainte leur terre natale. «Qu’allons-nous faire en Côte d’Ivoire alors que celui pour qui nous sommes ici est lui-même détenu à la Haye ? C’est impensable! Mais, si aujourd’hui Laurent Gbagbo est libéré, on nous verra tous à Abidjan. Nous rentrerons tous chez-nous, parce qu’il n’y aura plus de raison de rester ici en exil. Personne ne se plait ici en exil. La preuve, vous constatez qu’ici, personne ne travaille. Nous visons tous d’aide et de soutien de certains amis, qui ne nous laissent pas dans la faim. Si Gbagbo rentre, nous tous on rentre et nous allons reprendre nos vies là où nous les avons laissées », soutiennent dans leur ensemble, la plupart des partisans de l’ex-chef de l’Etat qui, visiblement, gardent un moral de fer, malgré l’oisiveté qui devrait les ronger au pays de Kwame Nkrumah.

Félix D.BONY

Envoyé spécial

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