Afro-presse « Deux poids deux mesures pour la Côte d’Ivoire »

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dw.de (Allemagne)

Il est encore question du Mali dans la presse allemande. Mais les journaux s’intéressent aussi au dossier Laurent Gbagbo. L’audience de confirmation des charges contre l’ancien président ivoirien a débuté à la CPI.

Cela suscite de nombreuses réactions dans la presse, des réactions qui vont largement dans le même sens pour dénoncer une justice du deux poids deux mesures. Comme l’écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, une chose est certaine: dans le conflit ivoirien, les deux camps ont du sang sur les mains. Or dans le cas de la Côte d’Ivoire, le parti pris des procureurs de la CPI est de nature à renforcer le sentiment, largement répandu en Afrique, qui veut que la CPI ne soit pas indépendante mais politiquement téléguidée. Même les Nations unies, qui ont pris une part active à la chute de Laurent Gbagbo, ont clairement dénoncé les graves atteintes aux droits de l’homme commises par les ex-rebelles. Or aucun de leurs dirigeants n’a été jusqu’à ce jour inquiété. Les Ivoiriens aimeraient bien regarder vers l’avant, mais il n’y a pour cela que deux possibilitès: soit une amnistie pour tous, soit des procès contre tous ceux qui ont été impliqués dans la barbarie.

Après un massacre dans l’ouest de la Côte d’Ivoire en mai 2011

La Süddeutsche Zeitung relate quelques-uns des crimes que Human Rights Watch reproche à Guillaume Soro et à ses anciens rebelles. Et le journal déplore expressément que Soro, aujourd’hui président de l’assemblée nationale ivoirienne, échappe à la CPI. Ce n’est pas Soro, écrit le journal, qui comparait devant les juges de la CPI mais uniquement son ancien adversaire: le vaincu, le perdant de la lutte de pouvoir. Si l’accusation de crimes contre l’humanité est confirmée contre Laurent Gbagbo, le procès qui s’ouvrira alors à La Haye mettra en lumière le dilemme de la jeune justice internationale, entre idéaux et realpolitik. Au yeux de la Berliner Zeitung, le président Alassane Ouattara a bien fait de livrer Laurent Gbagbo à la CPI. S’il avait fait juger son ancien adversaire politique en Côte d’Ivoire, on aurait vite parlé d’une justice de vainqueur. Car pendant les quatre mois de guerre civile en 2010/2011, les partisans de Ouattara ont massacré eux aussi des centaines de civils. Il serait donc souhaitable, poursuit le journal, que la CPI enquête sur les crimes présumés des deux camps. Mais il n’est pas non plus à exclure que la CPI, pour préserver son image d’impartialité, renonce à un procès contre Gbagbo. Cela équivaudrait à une amnistie pour tous.

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