Les dix « plaies » du président Ouattara

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Texte proposé par PRAO Yao Séraphin, Economiste et analyste politique

Une plaie est une rupture de la barrière cutanée. Outre la lésion d’organes sous-jacents qui peut se produire lors de l’accident, la plaie peut entraîner la pénétration d’agents infectieux dans un organisme. Le principal risque pathogène est alors le Tétanos. Concernant le Président Ouattara, ses plaies sont ses défauts ou du moins les errements de sa gouvernance.

Pourquoi donc résumer les défauts de cette gouvernance en dix plaies ? Pour répondre à cette question, il faut sans doute faire appel aux spiritualistes. Le nombre dix est considéré comme le plus parfait des nombres, parce qu’il contient l’Unité qui a tout fait, et le zéro, symbole de la matière et du Chaos, duquel tout est sorti; il comprend donc dans sa figure le créé et l’incréé, le commencement et la fin, la puissance et la force, la vie et le néant. Dix (10) dénote la plénitude ordinale et un nouveau commencement comme 1 dans une nouvelle série. C’est donc dire qu’avec ces dix plaies, nous devons avoir un nouveau commencement dans notre pays.

La première plaie : le clanisme

Le clanisme bat son plein au sein du régime de Alassane Ouattara. La Fondation Children Of Africa de l’épouse du chef de l’Etat a été déclaré ONG d’utilité publique, pour permettre à madame Dominique Ouattara, de profiter légalement de l’argent publique.
Le 13 mars dernier 2012, Ibrahim Téné Ouattara dit «Photocopie», à cause de sa ressemblance physique avec son aîné, a été nommé ministre des Affaires présidentielles, par le Président Ouattara avant de le sortir du gouvernement. Cette pratique était inconnu jusqu’au Président Ouattara mais bréviaire du clan Ouattara.
Tout récemment, sous nos yeux, M. Aka Sayé Lazare, ex-DG de la RTI a été remplacé par Ahmadou Bakayoko, cousin du ministre Ahmed Bakayoko lui-même ministre de l’intérieur.

La deuxième plaie : le rattrapage ethnique

Interrogé par un journal français sur sa politique de catégorisation des ivoiriens, le Président Ouattara disait ceci : « Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. ….Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S’agissant des hauts cadres de l’armée, j’ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous les postes. Et j’ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu’au niveau de commandant : le n° 1 issu des FN, flanqué d’un n° 2 venu de l’ancienne armée régulière. Tous grades confondus ; il y a 12 % de nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l’armée… Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher. » »
Le rattrapage ethnique se fait vraiment partout. A l’école de gendarmerie, à l’école de police, dans l’armée, dans l’administration, dans le gouvernement, il faut des Nordistes aux postes clés. Si vous lui rappeler qu’en Côte d’Ivoire, il y a plus de 60 ethnies, il vous dira : et alors ?

La troisième plaie : la vengeance

Depuis qu’il est aux affaires, on a le sentiment que le Président Ouattara est venu régler ses comptes. Si hier tu étais un adversaire, aujourd’hui tu es en prison. C’est aussi simple. La haine est partout, dans nos discours, dans nos comportements. Donnez-moi cinq ans pour construire la Côte d’Ivoire et faire la réconciliation. A la fin de l’histoire, le slogan est devenu : donnez-moi cinq ans pour me venger. Les prisons ivoiriennes sont remplies de proches de l’ancien régime et on ne sait trop pourquoi.

La quatrième plaie : la prodigalité

La Côte d’Ivoire va mal, les Ivoiriens le savent. Le pays présente un visage tuméfié et un avenir sombre. La cause est connue : la mauvaise gestion des affaires politiques. Les souffrances des Ivoiriens ne s’arrêteront pas de sitôt, car le président Alassane Ouattara accorde peu de temps à la résolution des problèmes des Ivoiriens. Il préfère passer le plus clair de son temps dans son avion. Les nombreux voyages du Président Ouattara et de ses ministres sont un gouffre à milliards. Alors que le Président Laurent Gbagbo s’était contenté d’utiliser les avions achetés par les présidents qui l’avaient précédé, le Président Ouattara qui a comme hobby favori les voyages ne pouvait pas se contenter de simples GUMMAN GULFSTREAM III et IV. C’est ainsi qu’il s’est offert l’un des 10 super Boeing 727-200 (RE) au monde, spécialement équipé afin de satisfaire les exigences des VIP et des chefs d’État les plus capricieux du Monde. Comme pour imiter le Président Ouattara, son ministre de l’énergie et du pétrole a occupé pendant seize mois, une suite à l’hôtel Pullman d’Abidjan pour le loyer mensuel qui revenait aux contribuables à 90 millions F CFA (135 000 €).

La cinquième plaie : le nombrilisme et le mépris

Le Président Ouattara n’a pas besoin de conseiller car il n’aime pas écouter. C’est ce qu’il pense qui est juste. «Il n’en fait qu’à sa tête», «Il n’écoute pas ce qu’on lui dit», ces réflexions reviennent de plus en plus souvent dans les couloirs du quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) et dans les officines qui travaillent à l’épanouissement des intérêts des multinationales françaises en Côte d’Ivoire. «Il», c’est le Président Ouattara. Il paraît qu’il n’écoute même pas les conseils de son grand-frère Bédié.

Le Président Ouattara a également du mépris pour les ivoiriens. Le premier mai 2012, au lieu de rester au pays pour écouter les déshydratas de son peuple, il a voyagé. Le premier mai 2013, Il a préféré confier les travailleurs à un Premier ministre sans réel pouvoir.

La sixième plaie : l’endettement excessif

Le Président Ouattara admire les solutions très faciles. Au lieu de chercher en Côte d’Ivoire, les ressources pour financer le développement, il préfère recourir à l’épargne extérieure. Le régime Ouattara mène une course effrénée vers un endettement massif sans se préoccuper des conditions dans lesquelles il endette la Côte d’Ivoire. Aussi longtemps qu’il peut emprunter à l’extérieur Alassane Ouattara ne s’en prive pas, du moment où ce n’est pas lui qui va rembourser. Il est admis que la vulnérabilité d’un pays à une crise de surendettement se réduit au fur et à mesure de la diversification de ses bases de production. Or, l’économie ivoirienne n’est pas diversifiée c’est donc dire qu’en comptant uniquement sur le binôme café-cacao, le risque d’un surendettement existe. Cela pose donc la question de l’endettement optimal. Pour lui, il faut une croissance même si elle est à crédit et appauvrissante.

La septième plaie : la non-protection des intérêts des ivoiriens

En compromettant l’avenir des ivoiriens par son endettement excessif, le Président Ouattara ne défend pas les intérêts des ivoiriens. Mieux il vend les terres de nos parents à ses amis occidentaux. Le Président Ouattara ignore les appels d’offre et attribue de gré à gré un marché de 100.000 à 200.000ha (selon les chiffres officiels) de terres localisées au Nord de la Côte d’Ivoire au groupe Dreyfus.

Lorsque la Guinée via une cinquantaine de ses soldats occupe de force, un village ivoirien à la frontière ivoiro-guinéenne, le Président Ouattara ne se presse pas pour régler cette affaire. Ce conflit date dit-on de l’ère des présidents feus Félix Houphouët- Boigny et Sékou Touré. En effet, du temps des deux chefs d’Etats cités, ce conflit avait fait jour. Mais très vite les choses sont rentrées dans l’ordre lorsque le président ivoirien d’alors avait remonté les bretelles à son homologue guinéen en démontrant que le village de Kpabéa était bel et bien de la Côte d’Ivoire. Maintenant en Côte d’Ivoire, notre armée est faite pour mater les ivoiriens et non les provocateurs étrangers.

La huitième plaie : l’incohérence

Il est habituel de lire sur des panneaux : l’Etat travaille pour vous. Lorsqu’un membre du gouvernement est cité dans une affaire, le Président Ouattara monte au créneau pour demander une enquête. Rien que de la poudre aux yeux ! Les enquêtes sur les tueries du camp de Nahibly piétinent, ceux des bousculades du Plateau également. Le drame qui est survenu à l’issue de l’accident du bus de la ligne 19 a été un deuil national. Les enquêtes piétinent encore. Le Président Ouattara ne tient pas parole. Ses ministres accumulent les scandales financiers mais jamais un seul est poursuivi. Il est tout simplement incohérent temporellement.

La neuvième plaie : la justice sélective

Lors de sa campagne électorale, Alassane Ouattara avait promis la fin de l’impunité. La justice sous le Président Ouattara est à géométrie variable : souple pour ses partisans et rude pour les autres. Des anciens FDS croupissent dans les prisons ivoiriennes tandis que des FRCI qui ont commis des crimes graves au regard du droit international, sont en liberté en Côte d’Ivoire. Ils sont nombreux, les ONG occidentales et les médias internationaux, qui ont embouché la trompette de la «justice des vainqueurs», demandant avec insistance au Président Ouattara de faire arrêter ceux des soldats des FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire) qui auraient commis des exactions à Duékoué et ailleurs. La justice n’est pas égale pour tous. Or il a dit que tous ceux qui ont commis des crimes quel que soit le bord auquel ils appartiennent, seraient punis. Malheureusement, la justice en Côte d’Ivoire est sélective : elle frappe ceux qui ne sont pas proches politiquement du Président Ouattara.

La dixième plaie : le déclin de la démocratie

C’est par ordonnance que le Président a créé les FRCI, alors que selon la loi constitutionnelle, la prise des ordonnances est soumise à l’autorisation de l’Assemblée Nationale. C’est également par ordonnance qu’il veut désormais gouverner la Côte d’Ivoire. Finalement le Président Ouattara est devenue « NANAN OUATTARA 1er ». Que dire de l’opposition qui est marginalisée. L’opposition a été écartée de toutes les décisions engageant la nation. Elle a été réprimée dans l’indifférence totale de la communauté internationale qui, pourtant, promettait accompagner la démocratie en Côte d’Ivoire. Or, l’opposition constitue un contre-pouvoir puisqu’elle permet d’éviter que la majorité, une fois parvenue au pouvoir, n’ait la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés. L’opposition participe à l’existence du pluralisme politique, qui est une des bases de la démocratie. Ce pluralisme permet de choisir ses gouvernants. Or, il n’y a de choix véritable que si l’électeur peut se prononcer entre plusieurs possibilités. Ainsi, l’opposition, en proposant un nouveau cours à la politique nationale, permet aux citoyens éventuellement mécontents de disposer d’un recours.

Le Président Ouattara a éloigné l’opposition de toutes les élections en Côte d’Ivoire. Par exemple au cours de l’élection du 21 avril 2013, il n’a pas voulu que l’opposition y participe. Toutes les demandes des partis d’opposition ont été simplement rejetées.

En Côte d’Ivoire, si vous êtes un opposant au régime Ouattara, si vous n’allez pas dans son sens, vous êtes mort car selon le secrétaire général par intérim du RDR « tous ceux qui s’en prennent au président Ouattara finissent au cimetière ». La raison est simple : chaque critique contre le Président est assimilée à une injure à l’encontre du roi « NANAN OUATTARA 1er »

En définitive, nous devons retenir ceci : la plupart des miracles sont des phénomènes naturels déclenchés selon un chronométrage impressionnant. Les Dix Plaies sont une exception notable. Dans le livre saint des chrétiens, la Bible, on apprend que les lois de nature ont été bouleversées pour aider à la libération des Juifs. Certainement qu’en Côte d’Ivoire, les dix plaies du Président Ouattara aiderons les ivoiriens à choisir le futur Président de notre pays. Le mensonge a de longues jambes mais quoi qu’il prenne de l’avance, la vérité le rattrape. Et cette vérité, on le verra dans les urnes en 2015.

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